On est bien loin de l’époque ou les refuzniks en Urss faisaient tout pour émigrer en Israël ou chercher à voir leur Yahadout (judaïsme) reconnu, au risque de perdre leur emploi et d’être déporté en Sibérie !
En Israël, il semble qu’une limite vienne d’être franchie. L’écrivain Yoram Kaniuk vient de remporter la bataille qui l’opposait au ministère de l’intérieur. Selon la loi en effet, les citoyens sont inscrits sur les listes nationales avec mention de leur religion et on ne peut la changer sans attester d’une conversion. Or dans le cas de l’écrivain, il demandait de faire remplacer la mention Yéhoudi (juif) par celle de Bli dat (sans religion). Dans un jugement du 2 octobre le tribunal de Tel-Aviv lui a donc donné raison.
Suite à cette victoire, son avocate s’est vue adressée une série d’une cinquantaine de demandes similaires, puis le phénomène a pris de l’ampleur jusqu’à voir naitre le terme de «se faire kaniukiser». Mais dans un jugement rendu public le 31 décembre 2011, la Cour suprême d'Israël a rejeté la possibilité de généraliser ces demandes, les juges considérant que la question est trop générale pour relever de leur seule compétence.
Il est certain que d’un point de vue Hilkhati (loi juive traditionnelle), chercher à ne plus être compté comme juif est particulièrement grave, combien de nos ancêtres ont péri pour le Kiddouch Hachem (la gloire d’Hachem) en refusant de nier leur identité !
Mais, comme l’a rappelle Kaniuk lui-même, il ne fait que s’inscrire dans la tradition des pères de l’Etat juif dont nombreux ont avoué n’avoir que de maigres connaissances en judaïsme, il ferait donc les frais d’une volonté assimilationniste que le sionisme laïque a mené dans ses débuts.