Elle aurait presque pu être touchante, cette paisible grand-mère aux cheveux blancs, coiffés en chignon. On la verrait bien tricoter au coin du feu des écharpes pour ses petits-enfants.
Mais les apparences sont trompeuses, et comme dans les terribles contes germaniques, soudain, la paisible vieille dame se transforme en une ogresse sans pitié. Derrière ce visage raffiné, encore expressif malgré les traces du temps, se cache une criminelle, dont le regard, quand on évoque les Juden, les Lager, la Shoah, devient dur comme l’acier.
Ursula Haverbeck, la “vétérane” des négationnistes, la mascotte de l’extrême droite allemande, la Mutter des nostalgiques du IIIème Reich, est morte à 96 ans, il y a trois mois, n’ayant eu de cesse de nier la Shoah.
Même deux ans de prison, à 87 ans, n'ont pas réussi à dissuader cette grand-mère SS de continuer à proférer ses mensonges, ni à nier les meurtres de masse et autres atrocités commises par le régime nazi allemand.
Elle incarne l’être sans conscience par excellence : bornée, dogmatique, n’acceptant aucune faille dans sa théorie, refusant l’évidence des preuves, incapable d’articuler une réflexion nuancée, d’une étroitesse d’esprit et d’un aveuglement phénoménal. Derrière une éducation à l’occidentale, pleine de Danke schön et de Bitte sehr, elle n’écoute que ses instincts, représentant cette brutalité animale qu’Hitler admirait tant.
Tiens ! Elle fut longtemps membre du Parti écologique démocratique allemand… En tout cas, sa présence chez eux n’est pas vraiment un hommage aux Verts, si soucieux du bien-être des bêtes et de la nature…
Des décennies de condamnations
Ses fréquentations sont plus que douteuses. Grande amie de Gudrun Burwitz, fille unique de Himmler, qui, elle aussi, continue à glorifier le passé du bon papa Heinrich, Haverbeck avait épousé un ancien membre des SA et des SS.
À sa mort, en 1999, elle reprend le flambeau et sort de l’anonymat pour défendre "l’honneur bafoué de l’Allemagne". Elle a été condamnée à plusieurs reprises depuis 2004 pour ses commentaires niant l’Holocauste – qu’elle a un jour qualifié de "mensonge le plus tenace de l’histoire".
Son décès est survenu alors qu’elle faisait appel pour une autre peine de prison, prononcée par le tribunal de Hambourg.
Parmi ses déclarations répétées à la télévision et devant les tribunaux, on peut citer son affirmation selon laquelle le camp d’Auschwitz-Birkenau n’était pas un camp d’extermination – malgré les archives du gouvernement de sa Deutschland, qui attestent qu’au moins 1,1 million de Juifs y ont été assassinés.
Elle est même allée jusqu'à se présenter aux élections européennes en 2019 en tant que candidate principale du parti néonazi Die Rechte ("La Droite").
Peine perdue…
Peine perdue d’essayer de parler avec cette arrière-petite-fille d’Amalek. Comme son aïeul, elle travaille à "refroidir la baignoire", c'est-à-dire à nier tout ce qui touche à la Shoah. Frondeuse, elle se jette la première dans des déclarations aberrantes, choquantes et mensongères. Peu importe leur contenu, l’important est de tracer le chemin du doute.
À 96 ans, au bord du tombeau, Haverbeck n’a pas lâché le morceau. Et ne le lâchera jamais.
Une leçon à tirer…
Ce monument d’opacité, d’incapacité à reconnaître ses torts et ceux de son pays, laisse songeur.
Elle nous enseigne une chose : si l’on ne fait pas preuve d’un minimum d’ouverture d’esprit, d’un peu plus de souplesse dans nos opinions, l’âge n’arrangera rien. Au contraire ! Nos pensées et notre vision du monde se figeront, se durciront, jusqu’à n'être capable de voir et d'apprécier que ce qui nous ressemble.
Le trône de D.ieu ne sera rétabli dans sa perfection que lorsque nous aurons définitivement éradiqué la grand-mère butée et bornée qui sommeille en nous.
Au secours !!! Je ne veux pas finir en Mamie Haverbeck.
1 commentaire
Merci d'être revenu Josceline, avec votre style et votre piquant inimitables. Regarder dans votre miroir chaque semaine est un vrai plaisir. ♥