L’homme, éternellement à la recherche de conquêtes, désireux de repousser ses limites, a cru trouver dans les cieux ce territoire infini qu’il pourrait annexer, élargissant ainsi son espace vital, son Lebensraum, toujours trop étroit à ses yeux.
Comme s’il n’y avait pas assez de guerres à éteindre, de différends à aplanir, de détresse à réconforter ici-bas, Homo Sapiens voit dans l’exploration spatiale l’apothéose de sa supériorité.
Si l’on regarde la chronologie de la recherche spatiale, étonnamment (ou pas… !), ce sont les Allemands sous le IIIème Reich qui ont envoyé la première fusée capable de dépasser le plafond des 176 km à la verticale, perçant ainsi la limite entre l’atmosphère et le cosmos.
Plus de dix ans après, les Russes envoient leur Spoutnik 2, habité par la chienne Laïka.
En 1958, les États-Unis entrent sérieusement dans la course avec la création de la NASA, et en 1961, ils envoient le chimpanzé Ham. Les Soviétiques, jamais en reste, mettront sur orbite le premier homme, Youri Gagarine, quelques mois plus tard.
Les Américains montent définitivement sur le podium et remportent le trophée de cette course à l’espace le 21 juillet 1969, lorsque Neil Armstrong fera son premier pas sur la Lune lors de la mission Apollo 11.
On retrouvera les éléments du voyage interspatial partout dans la culture de l’époque.
Science-fiction en littérature, pop music, mode, design du mobilier, BD et cinéma s’empareront du thème cosmique.
Même la géopolitique en subira les répercussions, lorsque les deux grands blocs, de l’Est et de l’Ouest, se disputeront leur suprématie sur l’infiniment grand.
Les Trente Glorieuses (surnom des années 1945 à 1975) sont complètement sous le charme du cosmos, alors qu’en parallèle, les anciens lieux de culte de l’Occident, à bout de souffle, se vident progressivement.
Mars Climate Orbiter
En 1998, la NASA lance une sonde spatiale sophistiquée conçue pour étudier l’atmosphère martienne, puisque la Lune, dorénavant conquise, perd son aura magique. Mais ce nouvel engin spatial, pourtant ultra-sophistiqué, est pulvérisé en entrant dans l’atmosphère martienne.
La raison ? Une simple erreur de conversion des unités de mesure. L’équipe de la NASA utilisait le système métrique tandis que les ingénieurs de Lockheed Martin, chargés d’une partie des calculs, travaillaient en unités impériales.
Centimètre contre Inch, si vous préférez.
Ce décalage, qui aurait pu être évité avec une simple vérification, a conduit l’orbiteur à s’approcher trop près de Mars, jusqu’à sa destruction totale.
L’histoire de Mars Climate Orbiter illustre parfaitement le paradoxe humain : d’un côté, une technologie toujours plus avancée, capable d’explorer l’infini ; de l’autre, une faillibilité persistante qui, à elle seule, peut anéantir des années de travail et des centaines de millions de dollars.
Mais au-delà de l’erreur technique, cette catastrophe révèle une vérité plus profonde. Ce fut un problème d’ajustement de langage, d'uniformisation d’unités de mesure, une incompatibilité de codes qui a conduit à ce désastre.
Si, dans le domaine scientifique, on ne peut se permettre d’ignorer la rigueur des unités de mesure, dans l'appréciation des relations humaines et sociétales, ce genre d’erreurs n’est pas moins explosif.
La Bible nous en offre en exemple édifiant : Saül perdra la royauté pour avoir épargné Agag, le descendant d’'Amalek. Le roi d’Israël concevait et parlait un langage de compassion devant le Mal incarné qui devait être éradiqué : cette gravissime faute d'appréciation lui vaudra, à vie, la perte de la couronne.
Une leçon à tirer
La maman d’un otage disait hier à la radio israélienne : « On s’évertue à parler avec nos pires ennemis dans un langage occidental et diplomatique au lieu d’utiliser leur terminologie : celle de la force. »
La Providence a placé le mois passé un nouveau locataire à la Maison-Blanche. Sa conception du Bien et du Mal est claire et les unités de mesure qu'il utilise dans ses discours résonnent à merveille aux oreilles des semeurs de terreur.
Trump ne s’embarrasse jamais d’un vocabulaire verbeux, tronqué, douceâtre, qui couvrirait la brutalité des faiseurs de mal d’un halo d’apitoiement et d’“humanisme”.
On ne peut pas parler le langage de la paix et de la diplomatie devant la barbarie.
Les événements de jeudi dernier et le retour de quatre cercueils, extirpés des entrailles du ‘Hamas, ne laissent aucun doute sur l'abjecte matière dont il est constitué.
Pourtant, certains, dans les sphères des ONG et dans les Hauts Tribunaux de Justice, s’évertuent à chercher un bénéfice du doute à l’innommable et à condamner Israël.
Cette confusion, véhiculée par des discours policés aux angles, donnant l’impression que toutes les conceptions se valent, met en péril notre monde.
L’Occident risque d’exploser, comme cet orbiteur se désintégrant en entrant dans une atmosphère différente, s’il n’aligne pas au plus vite ses appréciations morales à la réalité.
À bon entendeur… !