D’après notre tradition, le second Temple de Jérusalem a été détruit en raison de la Sinat ‘Hinam, la haine gratuite. A chaque génération, le peuple juif est appelé à rectifier cet état de fait en pratiquant la Ahavat ‘Hinam, aimer autrui gratuitement, sans porter de jugement.
En tant que parents, nous voulons transmettre ce message d’amour gratuit de manière simple à nos enfants, et mener notre existence conformément à ce principe. Les familles heureuses sont celles qui, pour la plupart, s’aiment de manière inconditionnelle, sans juger. Mais comment ? Un principe important du judaïsme est d’accorder à l’autre le bénéfice du doute. Dans le cadre du mariage et de l’éducation des enfants, c’est essentiel. Cela nous aide à éviter la colère et les accusations inutiles, et améliore nos relations. Cela nous permet d’incarner l’amour gratuit. Et au final, cette conduite engendre une amélioration de la conduite de nos enfants.
Accorder le bénéfice du doute, cela veut dire que nous ne présumons pas toujours que la motivation de la conduite de notre conjoint ou notre enfant est négative. On pourrait penser par exemple : « Mon conjoint n’a pas sorti la poubelle juste pour m’embêter », ou : « Mes enfants se querellent à table parce que ce sont les enfants les plus difficiles et indisciplinés qui soient ! ».
Au lieu de cela, nous pouvons partir du principe que les intentions de notre conjoint et enfant sont positives, et rechercher le bien dans la conduite de notre famille, plutôt que de réagir négativement et d’assumer que nos enfants se conduisent mal ou que notre époux se conduit de manière inconsidérée.
Pourquoi ?
Car lorsque nous attribuons des motifs négatifs à la conduite de nos conjoints et enfants, cela nous met en colère. Et lorsque nous sommes en colère, nous avons tendance à dire des choses que nous ne pensons pas. Lorsque nous sommes en colère, nous ne sommes pas capables d’éduquer avec efficacité.
On est alors plus enclin à dire ce genre de phrases à notre conjoint : « Tu ne penses jamais à sortir la poubelle ! Tu es vraiment égoïste. ».
Ou à vos enfants : « Vous êtes vraiment impoli ! Pourquoi devez-vous toujours vous battre ? Vous ne vous entendez jamais ! Vous ne pouvez pas m’offrir enfin un dîner paisible ? ».
Lorsque nous parlons à notre conjoint et nos enfants de cette manière, nous les plaçons dans une situation où leur seul recours est de nous attaquer ou se défendre. Ils sont dans une position où leur conduite négative risque de s’aggraver.
Pour cultiver nos relations avec notre famille et discipliner nos enfants efficacement, nous devons avoir recours à des phrases indiquant que nous accordons à notre famille le bénéfice du doute:
A notre conjoint :
« J’ai descendu la poubelle, j’imagine que tu étais fatigué et que tu as certainement oublié… »
A nos enfants :
« Vous ne réalisez probablement pas à quel point c’est important pour moi d’avoir un repas paisible. Essayons de trouver un moyen d’éviter au maximum les disputes. Vous avez des idées ? »
Lorsque nous accordons le bénéfice du doute, nous montrons que nous croyons à la bonté interne des membres de notre famille. Nous promouvons des interactions fortes et aimantes. Notre conjoint et même nos enfants ne ressentiront pas le besoin de s’opposer à nous. C’est particulièrement efficace lorsque nous exerçons notre rôle de parent, car nous sommes alors libres de diriger l’enfant gentiment et fermement à se conduire mieux ou à trouver des solutions pour savoir comment améliorer sa conduite.
Accorder le bénéfice du doute est un excellent moyen de pratiquer l’amour gratuit et d’avoir un foyer heureux et serein.
Adina Soclof