Dans un couple, il arrive fréquemment que l'homme pense différemment de la femme, ou inversement. Ces divergences d'opinion n'impliquent pas forcément un problème de chalom bayit.
Lorsque la Torah nous parle des Avot et des Imahot, nous voyons bien que même dans ces couples, qui sont des exemples pour nous, l'homme et la femme pensaient parfois différemment. Par exemple :
- Sarah pensait qu'il fallait renvoyer Yichmaël, et Avraham pensait qu'il ne fallait pas agir ainsi ;
- Itshak pensait donner les berakhot à Essav, mais Rivka pensait que c'est Yaacov qui devait les recevoir ;
- Rahel voulait énormément avoir des enfants, mais Yaacov s'est un peu emporté sur elle lorsqu'elle lui parlé de cela, et lui a dit : "Suis-je à la place d'Hachem ?!".
Dans un couple, le fait de n'être pas d'accord avec l'autre n'est pas un problème. Le problème, c'est lorsqu'on commence à crier, à se bagarrer... À ne plus respecter.
Ce n'est pas parce qu'on pense différemment qu'on doit forcément divorcer.
Lorsque le désaccord entre l'homme et sa femme porte sur des petits détails, il serait bien dommage de se séparer juste pour cela. Mais même lorsqu'il concerne des choses importantes, il ne signifie pas forcément que l'homme et sa femme "ne sont pas fait l'un pour l'autre".
La Torah a soixante dix facettes, et il y a plusieurs manières de servir Hachem. Certains se rapprochent de Lui à travers la tefila, d'autres par l'étude de la Torah, d'autres par le hessed... Et aucune personne au monde ne peut dire qu'un chemin est meilleur que l'autre.
Si l'homme excelle dans tel domaine dans lequel elle n'est pas forte (ou qu'elle excelle dans un domaine où il n'est pas fort), non seulement ce n'est pas grave, mais en plus cela peut être enrichissant pour eux : car les talents de l'un peuvent combler les carences de l'autre.
Dans la vie, le fait de penser différemment d'une personne (même sur des sujets très important) n'empêche pas forcément de l'aimer et de l'estimer.
De nos jours, les gens ne veulent plus (ou ne savent plus) réfléchir ou discuter. Ils refusent qu'on leur dise non ; qu'on ne soit pas d'accord avec eux.
Dans l'une de ses responsae, Rav Moché Feinstein a écrit (à propos de la question "Est-il permis de faire le kiddoush dans un verre jetable ?") : "Le jour où on fera le kiddoush dans un verre jetable, on aura des problèmes de chalom bayit".
Les problèmes de chalom bayit viennent, en effet, lorsqu'on jette, au lieu de réparer/faire des efforts.
Moché Rabbénou et son frère Aharon étaient extrêmement différents l'un de l'autre. Pourtant, ils s'entendaient très bien (comme l'indiquent les mots de Téhilim "Hiné ma tov ouma naim chévète a'him gam ya'had").
La Torah ne nous demande pas d'être bête. De penser tous pareils.
Dans la Guemara, il y a énormément d'avis différents. Hillel était très bon, et Chamaï très rigoureux. Leurs opinions étaient extrêmement différentes. Mais cela ne les empêchait pas de bien s'entendre, de se respecter, et même de marier leurs enfants ensemble.
Lorsqu'on a l'humilité de reconnaître qu'on n'a pas la science infuse, et qu'on apprend à écouter l'autre et à lui parler, on peut bien s'entendre avec lui, même s'il est très différent de nous.
Retranscrit par Léa Marciano
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