Dans l’essence de chaque Juif réside une volonté pure de faire le bien. Nous tendons toutes vers le don, l’altruisme, le partage et l’entraide. Si la Torah nous encourage à nous tourner vers les autres, elle ne prône pas pour autant la négation de soi, pas plus qu’elle ne souhaite nous voir devenir l’objet d’abus de la part de notre entourage. Alors comment réussir ce qui peut s’apparenter à un exercice d’équilibriste : donner sans pour autant se laisser abuser ?
Un récipient qui déborde
Certains récits tirés des personnages de la Torah ou de la vie des Tsadikim, tels que nous les lisons ci et là, peuvent parfois sembler irréels sur un plan humain tant ils respirent l’abnégation : comment comprendre Tamar, prête à mourir brûlée vive uniquement pour ne pas causer de honte à Yéhouda, son beau-père ? Comment comprendre Ra’hel, prête à renoncer à épouser l’homme qu’elle aime, Ya’acov, pour éviter que sa sœur Léa n’essuie d’affront en public ? Comment comprendre certaines anecdotes rapportées dans la Guémara où l’on voit des Sages accomplir des actes d’une bonté inouïe en faveur d’autrui ? Etc.
La clé permettant de comprendre la source de comportements si élevés sur un plan humain réside dans l’image suivante. Imaginez un récipient vide que l’on remplit de liquide au fur et à mesure. Une fois arrivé tout en haut du récipient, le flux n’est pas stoppé et continue de couler jusqu’à déborder du récipient et se déverse lentement tout autour. Ce récipient, c’est le Juif qui accomplit un acte de bonté en toute conscience. Il a tant œuvré pour emplir son être de bien, il a tant amassé de bonnes qualités, que rayonner à l’extérieur devient pour lui une conséquence naturelle. A l’instar de ce flux qui s’écoule naturellement hors de son récipient.
Si nous-mêmes avons parfois l’impression que les autres abusent de notre gentillesse, que le bien que nous accomplissons en leur faveur n’est jamais apprécié à sa juste valeur, c’est que quelque part le flux n’a pas encore atteint le bord du récipient. Nous ne faisons que ponctionner de ce qui se trouve à l’intérieur ! C’est pourquoi, lorsque nous nous montrons aimables, que ce soit en couple, en famille, en société, ou dans notre vie professionnelle, nous avons parfois l’impression d’être « vidée » !
Se construire pour pouvoir construire
A la lumière de ce que nous venons d’expliquer, nous comprenons qu’il existe deux manières de faire le bien, l’une positive et épanouissante et l’autre négative et usante. La question de savoir comment remplir notre « récipient » se pose donc dans toute son acuité. N’ayez crainte, il ne s’agit pas de vous imposer un dur labeur pendant l’été. Il nous faut seulement prendre conscience des quelques points qui suivent :
1. Personne ne peut nous causer de tort dès lors que nous sommes en paix avec nous-mêmes. Quel que soit l’hostilité à laquelle nous sommes confrontées, nous saurons rester en phase avec les ondes positives qui se trouvent en nous. C’est ce qui explique que certains Tsadikim étaient capables d’essuyer les pires affronts, de surcroît en public, sans réagir ni attaquer en retour ! Ils avaient atteint une telle sérénité intérieure que rien au monde ne pouvait les ébranler.
2. Les gens ne peuvent abuser de nous que dans la mesure où nous-mêmes ne savons pas nous respecter. Se respecter, cela signifie pour chacune connaître sa personnalité, savoir ce qui est bon pour elle et ce qui ne l’est pas, connaître ses propres limites et définir ses propres valeurs. Dès lors que nous aurons éclairci ces zones d’ombre, nous ne laisserons plus les autres profiter de notre vide intérieur pour y imposer leurs propres règles ! Ainsi, la jeune fille qui aura par exemple décidé de devenir Chomérèt Négui’a (de ne plus avoir de contact physique avec un garçon), qui aura réellement intériorisé les valeurs intrinsèques à un tel comportement et aura profondément compris en quoi celui-ci lui est bénéfique, ne sera plus la proie facile de gens qui pourraient souhaiter la faire flancher dans ce domaine, et ce quelle que soit la pression qu’ils pourraient exercer sur elle ! Son « récipient » est plein au point de s’écouler à l’extérieur : toute lutte devient superflue !
3. Si nous sommes conscientes de notre valeur, nous ne chercherons plus l’approbation des autres. S’il nous arrive parfois d’accomplir des actes qui vont à l’encontre de nos valeurs, c’est que, quelque part, nous cherchons à gagner l’estime des autres au prix de nos propres convictions. Sommes-nous vraiment convaincues de ce que nous sommes : les filles uniques du Roi, aimées et chéries par Lui constamment ? Pourquoi dès lors chercher à gagner les bonnes faveurs d’autrui en outrepassant sur notre volonté profonde ?
Pour conclure, Hachem a doté chacune d’entre nous d’un cœur pur, bon et qui aspire au bien. Pour pouvoir rayonner à l’extérieur, il est indispensable de construire au préalable notre personnalité par l’entremise de l’étude de la Torah, en mettant l’accent sur tout ce qui a trait à l’éthique et à la Emouna (foi en D.ieu). Une fois que notre bagage spirituel sera plein, nous tourner vers les autres deviendra une conséquence naturelle que nous assumerons pleinement et avec joie, et non plus une démarche qui exigera de nous de déployer des forces que nous n’avons pas !