Question d'une internaute : Bonjour, j'ai 45 ans et je viens d'être licenciée de mon travail, après 20 ans de bons et loyaux services... Tout allait bien jusqu'au jour où un nouveau directeur a été nommé et m'a littéralement pourri la vie... Depuis, je suis quasi en dépression. Je me sens trahie et surtout démunie ! Même si j’ai une vie de famille et une vie sociale, j’ai l’impression que ma vie s’est arrêtée ! Je passais tellement de temps au travail que je me sens à présent inutile et surtout, je ne sais pas par où commencer pour retrouver un travail à mon âge. Merci de vos conseils !
La réponse de Mme Nathalie Seyman
De toutes les embûches que l’on peut rencontrer au cours de sa vie professionnelle, le licenciement est l’épreuve la plus douloureuse. L’activité professionnelle est un des éléments de notre identité. Ce que l’on fait dans la vie se confond souvent avec ce que l’on est. C’est pourquoi perdre son travail est vécu comme une perte d’identité, qui génère un vide soudain, une perte de repères, une dégradation de son statut social, une perte de sa sécurité matérielle et de sa confiance en soi. Alors, comment remonter la pente ?
Le licenciement, la douleur du rejet
Un licenciement est toujours vécu comme un échec personnel. La personne licenciée se sent trahie et humiliée. Elle a l’impression d’avoir été traitée comme un objet ou un simple numéro par l’entreprise qui a mis de côté sa valeur professionnelle mais aussi son investissement personnel et affectif au nom de l’intérêt de la direction.
C’est un traumatisme qui peut s'avérer violent pour la personne qui aura besoin d’être entourée et comprise durant cette épreuve. Parfois, même des années après l'évènement, certains refusent encore d'en parler.
Pourquoi est-ce si difficile ? Car finalement, il ne s’agit que d’un emploi et un emploi, ça se retrouve. Mais ce n’est pas seulement de cela dont il s’agit.
Lorsque l’on est licencié, tout d’abord, on ne perd pas simplement un travail, mais en réalité, nous perdons un statut social, un rythme de vie, une organisation, notre place au sein de la société, etc. Bref, c’est tout l'équilibre personnel qui est mis en péril. La question fatidique : “Que fais-tu dans la vie ?”, qui constitue les prémices d’une discussion, prouve que, finalement, ce que l’on fait dans la vie nous présente et nous représente. Cela constitue notre identité.
De plus, et il en est de même pour tous les évènements que l’on ne maîtrise pas, on éprouve un sentiment d’impuissance du fait de ne pas avoir eu cette décision entre les mains mais qu’elle vienne de l’extérieur et ainsi, nous avons l’impression que notre vie nous échappe.
Mais plus encore que tout cela, l’impact psychologique du licenciement est fondamentalement lié à celui du rejet. Le rejet du groupe professionnel. On va se sentir mal jugé, indigne de rester dans le groupe, et donc exclu. Cela nous renvoie à toutes nos angoisses enfantines lorsque nous avions du mal à trouver notre place au sein de la communauté sociale.
Les risques psychologiques sont accrus : dépression, anxiété, troubles du sommeil, fatigue, etc. Mais aussi, les conséquences sur le corps : maux de tête, de ventre, eczéma, asthme, etc. Se sentir exclu est une douleur profonde et une blessure narcissique qui peut mettre du temps à guérir si on se laisse couler et qu’on ne reprend pas notre vie en main.
Surfer sur le creux de la vague
Alors oui, ce ne sont pas des sentiments agréables et positifs, mais il ne tient qu’à vous de les transformer en opportunité. Oui, aujourd’hui vous êtes au creux de la vague, mais tout l'intérêt se trouve dans le fait qu’après le creux, il y a la montée. Il y a plusieurs étapes pour cela :
- Tout d’abord, il faut prendre le temps de digérer cet échec. C’est-à-dire prendre le temps de nous retrouver, de retrouver nos proches, de faire ce qui nous plaît, ce dont nous avons besoin...
- Il faut retrouver la confiance et l’estime de soi-même ! Il ne faut pas faire de cet échec professionnel un échec personnel. Pour cela, il faudra se concentrer sur nos réussites et nos compétences et mettre l’accent dessus, les travailler, les compléter...
- Il est très important de se détacher totalement de son ancien travail : dossiers, souvenirs, etc. Ne regardez plus en arrière, aujourd’hui, l’avenir vous tend les bras.
- Ensuite, il faut parvenir à faire son introspection. Qu’est-ce qui vous a conduit à cet échec ? Auriez-vous pu d’une façon ou d’une autre l’éviter ? Dans la mesure où il s’agit d’une incompatibilité d’humeur, alors vos compétences ne sont pas remises en cause. Dans le travail, il y a une grande part de "facteur humain", il n’y a pas que les qualités professionnelles et les résultats objectifs qui comptent.
- Profitez de cette occasion pour vous évaluer, pour faire le point sur vos désirs, vos ambitions, pour mettre en place vos projets. Et foncez ! Si ce n’est pas à 45 ans que vous réalisez vos rêves, alors vous risquez de ne jamais le faire !
- Si l’on reste coincé dans la phase 1, qu’on ne parvient pas à sortir d’une auto-dévalorisation incessante, que notre peur de rebondir ailleurs et nos doutes font penser que l’on s’approche dangereusement de la dépression, alors il ne faut pas hésiter à aller consulter.
Mes conseils
- Prenez du temps pour vous. Comme je l’ai dit précédemment, profitez de ce temps qui vous est donné pour repartir du bon pied et mettre en place ce que vous n’aviez pas le temps de faire avant, comme prendre des cours pour vous perfectionner, aller à des cours de Torah, partir en vacances en famille. Essayez d’oublier un temps vos soucis et de vous concentrer sur le positif de votre vie.
- Définissez un projet professionnel mais aussi un projet de vie, et redéfinissez vos priorités. Peut-être y a-t-il des choses que vous aviez mises de côté dans votre vie alors que vous n’auriez pas dû ? Rétablissez une nouvelle organisation qui vous conviendra mieux.
- Ne vous endormez pas pour autant et gardez le rythme. Formez-vous, participez aux ateliers, organisez votre journée de telle sorte à ne pas vous ennuyer et casser votre rythme...
- Préparez ce que vous pourriez dire sur votre licenciement à vos futurs recruteurs. Vous devez montrer que vous vivez bien la situation, que vous avez tourné la page. Rassurer, c'est aussi montrer que vous êtes à l'aise avec vous-même et que vous avez tiré le meilleur parti de cette épreuve.
- Sachez réagir si vous sentez que vous vous enfoncez, en consultant un thérapeute. Un traitement médical ou une aide psychothérapeutique vous aidera certainement à retrouver rapidement une bonne confiance en vous.
- Profitez du temps que vous avez pour faire du bien autour de vous, avec du bénévolat par exemple. Donnez de soi apporte énormément, en particulier lorsque l’on traverse des périodes de doute.
Et surtout, n’oubliez pas que Hakol Létova ! Ce qui veut dire : Tout est pour le bien ! Si vous passez par là, ce n’est pas pour rien et c’est qu’Hachem a des projets pour vous que vous ignorez encore, mais qui vous amèneront certainement plus haut. Gardez la Émouna (foi) et le sourire, ne vous mettez aucune barrière et toutes les portes s’ouvriront, avec l’aide d’Hachem !
Béhatsla’ha !
Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.