Le livre des Téhilim est le premier livre de la série des Kétouvim (Hagiographes), qui constitue le troisième volet du Tanakh (Canon biblique juif). Son importance dans la vie du peuple juif est capitale. Il est composé de 150 psaumes qui décrivent les situations les plus différentes, joyeuses ou tristes, qui peuvent composer la vie d’un être humain.
Centralité des Téhilim
Le livre des Téhilim, bien que faisant partie du Tanakh, n’est pas étudié au même titre que les autres livres du Canon biblique juif. En effet il est composé de psaumes, c'est-à-dire de prières d’une très grande beauté littéraire, qui peuvent s’apparenter à des poèmes.
Le livre des Téhilim, au même titre que le Sidour (livre de prières), ne quitte pas le pupitre du fidèle juif. Son importance est telle que dans les moments de joie comme dans les moments de détresse, il est le compagnon inséparable de l’homme juif.
Le principal auteur des Téhilim est le roi David « Né’im Zmirot Israël » « Le Chantre mélodieux d’Israël ». Il faut savoir que tous les Psaumes ont été rédigés par « Roua’h Hakodech » (inspiration divine), ce qui implique que bien que l’on soit en présence de textes d’une très grande beauté, on ne peut se suffire de cet aspect littéraire pour apprécier les Téhilim à leur juste valeur.
Dans le Midrach Téhilim, il est rapporté que « Tout ce que David a dit, il l’a dit par rapport à sa propre personne et par rapport à l’ensemble du peuple juif, pour toutes les générations ». Cela signifie que les 150 psaumes contiennent l’ensemble des pensées, des sentiments et des demandes de chaque Juif jusqu’à la fin des temps.
Cela explique le phénomène, autrement incompréhensible, du sentiment d’identification que l’on ressent en lisant les Téhilim. Pour peu que l’on comprenne quelque peu l’hébreu, on a le sentiment de s’exprimer avec ses propres mots…
L’auteur des Téhilim
On peut se demander pourquoi le roi David a eu le privilège extraordinaire de rédiger un livre de prières qui accompagne le peuple juif dans toutes les occasions et dont nombre de psaumes sont repris dans toutes les prières quotidiennes (Cha’harit [prière du matin], Min’ha [prière de l’après-midi] et ‘Arvit [prière du soir]) ainsi que lors des prières de Chabbath et des fêtes.
Le roi David a passé une grande partie de sa vie en prière. Les débuts de sa vie furent difficiles, puisque pour des raisons qui se sont révélées fausses par la suite, son père Yichaï, le considérait comme un enfant illégitime. Par conséquent, il fut mis à l’écart très tôt et passait son temps à garder les troupeaux de son père dans des lieux désertiques. Là-bas, jusqu’à l’âge de vingt-huit ans où il fut sacré roi d’Israël par le prophète Chmouel sur injonction divine, il eut tout le loisir de développer une grande proximité avec Hachem et de se répandre devant son Créateur en supplications et en louanges. Ses Téfilot (prières) émanaient d’un cœur pur et sincère, éloigné de tout orgueil et de toute prétention.
On peut noter ici, qu’à l’instar des plus grands personnages du peuple juif, tels que Moché Rabbénou et les trois patriarches, Avraham, Yits’hak et Ya’acov, David était berger. En effet, avant de confier un rôle de première importance à ses élus, Hachem les met à l’épreuve en leur confiant des tâches plus simples qui vont mettre en évidence leurs qualités intrinsèques. Le rôle de berger exige non seulement patience et dévouement, mais essentiellement il révèle les qualités de miséricorde ou bien au contraire de cruauté de celui qui l’exerce. En effet, les animaux sont livrés à la seule pitié du berger et dépendent entièrement de lui, sans pouvoir compter sur une intervention extérieure. Or, ceux qu’Hachem a choisis pour être les bergers d’Israël, doivent être capables avant tout de miséricorde envers le peuple d’Israël.
Sur les 150 psaumes que compte le livre des Téhilim, pas moins de 73 sont explicitement signés par David… En dehors du Roi David, principal auteur de cet ouvrage hors du commun que sont les Téhilim, neuf autres auteurs sont mentionnés. Il s’agit de Adam Harichon (le premier homme), Avraham Avinou, Moché Rabbénou, Chlomo Hamélekh, Assaf, Héman, Yédoutoun, les trois fils de Korah qui firent Téchouva (repentir) au dernier moment et furent sauvés et enfin 'Ezra Hasofer.
Une question se pose alors : puisque le livre des Téhilim comporte de nombreux auteurs, comment se fait-il qu’il soit attribué exclusivement au Roi David ?
Il existe plusieurs réponses à cette question. Nos Sages nous expliquent dans le cadre d’un Midrach que de nombreux personnages du Tanakh (Bible) étaient aptes à écrire le livre des Psaumes, notamment ceux que l’on vient de mentionner. Cependant Hachem préféra donner ce grand mérite à David car littéralement « Sa voix est agréable », ce que l’on peut comprendre comme le fait que ses paroles de louanges et de prières sont particulièrement appréciées par Hachem.
Il existe aussi une seconde réponse qui peut venir expliciter la première. Le Midrach rapporte qu’Adam Harichon avait perçu par prophétie la venue au monde de l’âme du Roi David. Il avait perçu le fait que David n’était censé vivre dans ce monde que trois heures… Adam Harichon se rendit compte de l’importance de David pour le peuple juif et demanda à Hachem de lui accorder une vie suffisamment longue. Pour ce faire, il décida de lui faire cadeau de soixante-dix années de sa propre vie…
Or il faut savoir que l’âme d’Adam Harichon contenait en elle toutes les âmes du peuple juif ; et comme David avait reçu ses soixante-dix années de vie directement d’Adam Harichon, cela a impliqué le fait que son âme contienne en elle, également, toutes les âmes du peuple juif…
Cela explique le fait impressionnant que chaque Juif, quel que soit son niveau spirituel, se sente immédiatement impliqué, lié et sensibilisé dès qu’il commence à lire, à prier et à supplier Hachem, ou bien à le remercier avec le livre des Téhilim en main…
Au-delà du temps
Le livre des Téhilim contient tous les évènements qui sont arrivés au peuple juif depuis l’origine et tous ceux qui vont se produire jusqu’à la fin des temps. Le Radak (Rabbi David Kim’hi) rapporte dans son livre « Maor Vachémèch » - section Michpatim - que le roi David a prié pour tous les besoins du peuple juif jusqu’à la fin des temps ; il pria pour la guérison des malades, le maintien en bonne santé des gens bien-portants, une Parnassa (moyens de subsistance) abondante et l’annulation de tous les mauvais décrets.
Le nom même de « Téhilim » est le pluriel, quoiqu'irrégulier de « Téhila », qui signifie louange. Tout le livre de Téhilim est en réalité entièrement dédié aux louanges d’Hachem et c’est le livre de prière par excellence du peuple juif. Ainsi il faut savoir que les psaumes étaient récités dans l’enceinte du Beth Hamikdach lors de l’offrande des différents sacrifices. Ainsi par exemple le « Mizmor Chir Léyom Ha Chabbat » (Téhilim, 92), psaume évoquant le jour du Chabbath, était récité lors de l’offrande du Korban Hatamid (sacrifice quotidien) le jour du Chabbath. Le « Mizmor Lé Toda » (Téhilim, 100), psaume de remerciement à Hachem, était récité lorsqu’un simple particulier offrait un Korban Toda (sacrifice de remerciement à Hachem).
Les Cohanim sonnaient de la trompette à trois reprises entre chaque psaume. Les Léviim chantaient les psaumes sur le Doukhan (estrade interne au Beth Hamikdach), notamment le psaume du jour tel que nous le récitons encore aujourd’hui, accompagnés d’instruments de musique particuliers (une quinzaine) et sur une mélodie particulière (il y avait quinze sortes de mélodies), tels qu’ils sont mentionnés dans les psaumes eux-mêmes. Ainsi dans le psaume 34, verset 2, il est dit : « Louez D.ieu avec le Kinor et le Nével » qui sont des instruments de musique utilisés à l’époque du Temple. Dans le psaume 4, il est dit : « Lamenatséa’h Bineguinot » (Néguinot étant le pluriel de Néguina et désignant une certaine mélodie). Dans le psaume 5, il est dit « Lamenatséa’h El Hané’hilot » (Né’hilot étant le pluriel de Né’hila qui désigne un certain type de mélodie). Il y avait donc une tradition musicale très précise que se transmettaient les Léviim, mais à laquelle n’avait pas accès le commun des mortels. Cette tradition a fini par se perdre avec la destruction du Temple.
Prière ou prophétie ?
Il faut savoir que le livre de Téhilim que le Malbim considérait comme « Kodech Hakodachim » (Saint des Saints), contient les deux aspects a priori différents ou même contradictoires que sont la prière et la prophétie. Personne ne peut nier que le livre des Téhilim est avant tout un livre de prières, composé de tous les sentiments que peut ressentir un homme dans sa vie : joie, reconnaissance, bonheur, détresse, inquiétude et la liste n’est pas exhaustive. C’est un livre qui nous enseigne véritablement comment prier et à ce titre, il mériterait une étude approfondie et détaillée. Savoir s’exprimer devant Son Créateur, le remercier pour tous Ses immenses bienfaits, pour la lumière qu’il nous octroie à travers Ses précieux enseignements et Le supplier de pallier nos défauts et de nous pardonner nos fautes…
Mais le livre des Téhilim est également un livre de prophétie car le roi David ainsi que les neuf autres auteurs des Téhilim sont inclus par nos Sages dans les quarante-huit prophètes qu’a comptés le peuple juif.
Par ailleurs, certains psaumes décrivent des évènements qui se sont produits bien après l’époque du roi David. Ainsi en est-il du psaume 137 (‘Al Naharot Bavel) qui décrit l’exil des Juifs en Babylonie, suite à la destruction du Premier Temple. Or le premier Temple a été construit par Chlomo Hamélekh (le roi Salomon), fils du roi David et a duré 410 ans.
Les Psaumes, prière circonstancielle ou intemporelle ?
Un certain nombre de psaumes se rapportent à des circonstances précises de la vie du roi David. Le psaume 3 décrit par exemple sa fuite devant son fils Avchalom qui s’était rebellé contre lui. Dans ce psaume, malgré sa situation très difficile et le danger réel dans lequel il se trouvait, le roi David exprime sa confiance inébranlable en Hachem, ainsi qu’on peut le lire dans le verset 7 : « Je ne craindrai pas la multitude nombreuse des guerriers qui m’entourent ». Le verset 8 continue dans le même esprit : « Viens Hachem à mon secours… et brise mes ennemis. »
Le psaume 57 décrit la fuite de David devant le roi Chaoul qui le persécutait, voyant en lui un rival potentiel. Le verset 2 nous décrit la prière de David : « Aie pitié de moi Hachem, aie pitié car mon âme a confiance en Toi et à l’ombre de Ta providence, je m’abriterai jusqu’à ce que le danger passe »
Le psaume 34 décrit l’épisode dramatique où David s’est trouvé en grand danger face au roi des Philistins, dont il avait tué le fils, Goliath, un certain temps auparavant. Pour échapper au danger et à ses ennemis, David supplia Hachem de lui octroyer momentanément la folie, afin que ses ennemis lâchent prise, persuadés qu’ils n’avaient pas affaire au héros de guerre qui était venu à bout du redoutable Goliath. Le verset 1 dit : « [Psaume] de David lorsqu’il simula la folie devant Avimélekh (roi de Philistie). [le roi de Philistie] le chassa et David eut la vie sauve ».
Une question se pose alors : comment pouvons-nous lire ces psaumes pour notre compte personnel, comme si nous les avions nous-mêmes rédigés, sachant que le roi David les a composés dans des circonstances finalement très personnelles ?
La réponse rejoint ce que nous avons dit précédemment, à savoir que les paroles du roi David sont des paroles de prophétie. Par ailleurs, les Sages nous ont livré un principe selon lequel « Toute prophétie qui est nécessaire pour les générations futures a été écrite », ce qui signifie qu’elle a été incluse dans le Tanakh (Canon biblique juif).
Partant de ce principe, il devient patent que chaque Juif, en lisant ces psaumes, peut y retrouver sa propre situation pour peu qu’il fasse l’effort de comprendre les mots inspirés du roi David.
Il faut savoir également que la lecture des psaumes peut amener chaque Juif à se rapprocher d’Hachem de manière très importante et à y puiser encouragement, foi et confiance à chaque moment de la vie. Le Chlah Hakadoch, Rabbi Yicha’ia Halévy Horowits, auteur du livre « Chné Lou’hot Habrit » affirme que tout celui qui désire sincèrement s’attacher à Hachem et réciter Ses louanges, doit réciter avec ferveur le livre des Téhilim.
Lorsqu’un individu désire s’adresser à Hachem, s’il le fait à travers les mots de David Hamélekh (le roi David), ses paroles auront plus d’impact.
David Hamélekh a demandé à Hachem que le mérite de la lecture des Téhilim soit équivalent à celui de l’étude de la Torah. Pour cela, il est nécessaire de réciter les Téhilim avec beaucoup de concentration, de ferveur et en s’efforçant de comprendre ce que l’on dit.
Le roi David, personnage central
Le roi David a succédé au roi Chaoul, qui a été lui le premier roi d’Israël. Le roi Chaoul était issu de la tribu de Binyamin, dont les membres descendaient de Yossef Hatsadik. La royauté de Chaoul a été temporaire et était issue du désir du peuple juif d’être dirigé par un roi. En effet, à cette époque, le peuple juif était dirigé par le prophète Chmouel, d’éminente stature, puisqu’on le comparait à Moché Rabbénou et à Aharon réunis…
Chaoul a été choisi par Hachem pour ses éminentes qualités morales qui le distinguaient du reste du peuple. Il a mis en place les structures étatiques et militaires qui ont servi par la suite tous les rois qui se sont succédé à la tête du royaume. Cependant Chaoul a été écarté de la royauté à la suite de la guerre contre 4Amalek où il avait reçu l’ordre divin d’éliminer physiquement le peuple amalécite, son roi et son bétail. Or le roi Chaoul, cédant à la pression populaire, épargna le bétail et Agag, le roi amalécite.
La conséquence de cette désobéissance fut que le prophète Chmouel informa le roi Chaoul que la royauté allait lui être prochainement retirée et confiée à un autre membre du peuple juif, plus méritant.
C’est ainsi que quelque temps plus tard, le prophète Chmouel reçut l’ordre d’aller oindre un des fils de Ychaï, à Beth-Lé’hem. David fut donc oint par le prophète Chmouel en tant que roi sur tout le peuple d’Israël. Dès lors, le Roua’h Hakodech (l’esprit saint) l’habita. Cependant David n’en éprouva point d’orgueil.
À ce propos, il existe un Midrach qui illustre parfaitement cette idée : « D.ieu dit au peuple juif : « Mes enfants, Je vous aime, car même lorsque Je vous octroie la grandeur, vous vous faites petits devant Moi. J’ai donné la grandeur à David, il a dit : « Je suis un vers de terre et non pas un homme, méprisé par mes pairs et dédaigné par mon peuple » (Téhilim 22,7).
Cette grandeur et cette humilité sont tout à fait caractéristiques de la personnalité exceptionnelle du roi David. En butte à l’hostilité de sa famille dès son plus jeune âge et rejeté par la société, il est sacré roi d’Israël à vingt-huit ans ! Il passe de l’ombre à la lumière en un éclair…
Bien d’autres à sa place auraient été déstabilisés, mais David reste égal à lui-même ; il retourne garder les troupeaux de son père à la demande de sa famille…
Se produit alors un épisode qui va assurer à David la célébrité et démontrer à tous que l’esprit de D.ieu l’habite. Le peuple d’Israël était alors en guerre contre les Philistins, habitants de la Philistie. Les deux armées se faisaient face, lorsqu’un géant du camp des Philistins qui mesurait plus de trois mètres et demi vint défier le camp d’Israël par des paroles provocatrices. Ce géant demanda aux Juifs de désigner un de leurs soldats pour venir se battre avec lui en combat singulier. En fonction de l’issue du combat, le sort des deux peuples serait tranché. En cas de victoire de Goliath, les Juifs seraient soumis aux Philistins et deviendraient leurs esclaves et dans le cas inverse, les Philistins seraient soumis aux Juifs.
David qui était venu au front sur l’ordre de son père pour apporter des provisions à ses trois grands frères, entend les provocations du Philistin et souhaite mettre un terme à cette profanation du Nom divin. Il se présente alors à Chaoul et lui affirme qu’il est en mesure de battre cet impie. Devant les doutes de Chaoul (David était après tout un simple berger et n’avait pas encore démontré ses qualités militaires), David lui répondit que D.ieu lui avait fait comprendre de manière allusive qu’il serait capable un jour de réaliser un grand exploit militaire. En effet David s’était battu avec un lion et un ours et avait eu le dessus ! Chose impossible normalement… Il s’agissait bien évidemment d’un miracle.
Le roi Chaoul, impressionné par le courage et la détermination de ce jeune homme, ainsi que par sa foi en D.ieu inébranlable, l’autorise à affronter Goliath.
David s’élance alors sur le champ de bataille, sans armure et sans arme, si ce n’est un bâton, une petite fronde et cinq pierres lisses qu’il glisse dans son sac de berger. En face de lui, Goliath lourdement armé, recouvert d’une armure de bronze des pieds à la tête, le toise et ne peut manquer de l’interpeller : « Suis-je un chien, que tu viennes à ma rencontre avec un bâton ? » Ce à quoi David lui rétorqua : « Tu viens à moi avec l’épée, la lance et le javelot et moi je viens à toi au nom du D.ieu des Armées d’Israël que tu as insulté. »
La suite est connue. David s’élance à la rencontre du Philistin, sort une de ses pierres de son étui et à l’aide de sa fronde, la catapulte sur le casque de Goliath. La pierre pénètre le casque de Goliath et lui transperce le front. Goliath s’écroule la face contre terre, puis David lui tranche la tête avec sa propre épée.
Tous constatent le miracle qu’Hachem a accompli. Seul un homme habité par l’esprit divin pouvait mériter une telle intervention d’Hachem. Le peuple ne s’y trompe pas et les femmes d’Israël acclament le nouvel héros : « Chaoul a vaincu des milliers et David des myriades ».
Cette grande victoire de David lui vaut l’admiration populaire mais va susciter à son égard une grande jalousie du roi Chaoul. Ce dernier va poursuivre et persécuter David dans toute une série d’épisodes dramatiques où David échappe de peu à la mort.
Avant d’être reconnu comme roi d’Israël et de régner effectivement sur son peuple, David devra traverser de nombreuses épreuves. Ce parcours peu commun, où se succèdent avec une grande intensité gloire et adversité, est très caractéristique de la personnalité exceptionnelle du roi David. Les nombreux psaumes qu’il a composés reflètent, dans leur diversité, les sentiments intenses éprouvés par ce grand homme, à la fois prophète, guerrier et poète.
Des Middot (traits de caractère) exceptionnelles
Après quarante ans d’un règne glorieux, à l’âge de soixante-dix ans, le roi David dut faire face à la révolte de son troisième fils Avchalom. Ce dernier manœuvra pour s’attirer la sympathie du peuple et lui faire sous-entendre que la justice royale n’était pas équitable. Il réussit à attirer avec lui deux cents notables d’Israël et les amener à ‘Hévron, où il se fit couronner roi d’Israël. Le roi David, en apprenant cette nouvelle, décida de quitter Jérusalem, capitale du royaume, pour éviter qu’Avchalom ne s’en prenne aux habitants de la ville.
Avchalom s’installa donc dans le palais royal et continua à mener la révolte. La vie de David était en grand danger d’autant plus qu’A’hitofel, proche conseiller du roi David avait trahi et rejoint le camp d’Avchalom. Il poussa Avchalom à éliminer physiquement son père, pour empêcher de fait toute réconciliation entre les deux parties.
Dans sa fuite avec ses fidèles et ses hommes de guerre, le roi David arriva à un endroit nommé Ba’hourim, duquel surgit inopinément Chim’i Ben Guéra, dirigeant du Sanhédrin et membre de la famille de Chaoul. Chim’i Ben Guéra insulta gravement le roi David, lui reprochant de s’être accaparé la royauté au détriment de Chaoul ; ce qui était bien évidemment un mensonge éhonté, puisque la royauté avait été retirée à Chaoul par D.ieu lui-même, suite à sa désobéissance dans le cadre de la guerre contre 'Amalek.
Avichaï Ben Tsrouya, l’un des généraux importants du roi David et l’un de ses hommes les plus fidèles proposa immédiatement au roi d’exécuter Chim’i Ben Guéra. Ce à quoi le roi David répondit : « Il profère des insultes de la sorte car D.ieu lui a dit "maudis David". Épargnez-le et laissez-le proférer des insultes, car c’est D.ieu qui le veut .»
En épargnant la vie de Chim’i Ben Guéra, le roi David a fait preuve de magnanimité et de mansuétude non seulement envers un homme mais encore envers tout le peuple juif. En effet, le roi Chaoul avait laissé la vie sauve à Agag, roi d’Amalek, une nuit entière, outrepassant ainsi l’ordre divin, avant que le prophète Chmouel ne l’exécute le lendemain. De ce fait, Agag put engendrer un fils duquel sera issu, des centaines d’années plus tard, Aman Haagagui (descendant d’Agag), qui tentera d’exterminer la totalité du peuple juif, sous le règne d’A’hachvéroch. Or qui fera face à la menace d’extermination du peuple juif ? Précisément Mordékhaï Hayéhoudi qui était le fils de Yaïr, lui-même fils de Kich, lui-même fils de Chim’i, issu de la tribu de Binyamin. Mordékhaï était donc un descendant de Chim’i Ben Guéra (Méguilat Esther). Cette mansuétude du roi David trouva ainsi grâce aux yeux d’Hachem, puisqu’Hachem organisa le sauvetage du peuple juif par l’intermédiaire de Mordékhaï Hayéhoudi, descendant de Chim’i Ben Guéra.
Conclusion
Le roi David a dit : « Je suis prière » (Téhilim 109,4). Ainsi que l’explique Rabbi Na’hman de Breslev, le roi David incarnait la prière. En effet, depuis son plus jeune âge, David n’avait connu que l’adversité et se tournait constamment vers D.ieu pour pouvoir continuer à exister. Cette attitude qui était la sienne est riche d’enseignements pour nous. Nous apprenons de là qu’il n’est pas concevable de vivre sans être constamment en prières.
Le message principal que nous livre le roi David est d’apprendre à nous tourner vers D.ieu dans toutes les circonstances de la vie et d’arrêter de croire que nous pouvons nous débrouiller seuls, sans faire appel à Hachem. Ce message s’exprime sous différentes formes dans tout le livre des Téhilim, de plus de 150 façons !
Les Téhilim sont divisés en cinq livres. À ce propos, le Midrach Cho’her Tov nous livre l’enseignement suivant : « David a écrit cinq livres de Téhilim qui font pendant aux cinq livres de la Torah (Béréchit, Chémot, Vayikra, Bamidbar, Dévarim). En effet, Moché était le plus grand des prophètes et David le plus grand des rois. »
Ce parallélisme entre ces deux grands personnages s’explique par le fait, pour reprendre les mots du Midrach que « Celui qui étudie la Torah sans crainte du Ciel, n’a aucune valeur. Aussi David est-il venu pour enseigner la crainte du Ciel dans le livre des Téhilim. »
Ainsi, non seulement, le roi David nous enseigne comment prier mais il nous apprend également comment arriver à la crainte du Ciel. En effet, la prière et la crainte du Ciel sont inextricablement liées.
Puissions-nous nous élever en prières devant notre Créateur et épancher notre cœur devant Lui, inspirés et illuminés par le livre des Téhilim !