D’un côté, nous espérons tous que les fils et filles d'Israël enlevés rentrent à la maison en bonne santé. D’un autre côté, “La Yahi”, il n'est pas convenable, il est tellement dommage de perdre une si précieuse opportunité d'être en tête-à-tête avec le Roi des rois en discutant avec quelqu’un d'autre !
La synagogue est une fenêtre vers l’infini et le sublime. Dans cette maison de prières, le Juif le plus simple rencontre, face à face, la Source infinie de toute existence, le Roi des rois, et partage avec Lui de cœur à cœur, d'âme à âme, toutes ses difficultés, ses besoins mais aussi son amour et ses remerciements…
Mais il y a un risque de perdre ce privilège unique. Notre maître Rabbi Yonathan Eibeschutz, l’un des génies de l’Europe du 18ème siècle, écrit dans son Yé’arot Devach (1, 4) : “Lorsque quelqu’un parle à la synagogue, cette parole déplacée s'élève telle une nuée qui bloque le passage de toute prière, pour lui et pour toute la communauté comme il dit dans Eikha (3, 44) : ‘Tu T'es enveloppé de nuages, pour empêcher les prières de passer.’ Les suppliques restent alors bloquées jusqu'à ce que quelqu’un pleure et prie du fond du cœur et libère toutes ces prières en même temps.”
Le dilemme des deux sommités ‘Hassidiques
Je tiens à partager avec vous une histoire réellement surprenante, qui est arrivée à Rav Yossef Its’hak Jacobson, un des plus brillants orateurs juifs aux États-Unis. Elle devient impressionnante lorsqu’on l’entend justement aujourd’hui.
Une organisation lui a un jour demandé de délivrer un message au public sur le sujet du silence à la synagogue. En attendant que le cameraman fasse ses derniers réglages, le Rav ouvrit au hasard un nouveau livre qu’on venait de lui envoyer et qui était posé sur son bureau. Il fut saisi, voici l’histoire qu’il trouva sous ses yeux, juste à cet instant.
Un jour, au 18ème siècle en Ukraine, se sont rencontrés deux grands maîtres : Rabbi Pin’has de Koretz, élève du Ba’al Chem Tov, et Rabbi Ya’akov Yossef d’Ostroh, plus connu sous le nom de Rabbi Eyvi. Ces deux sommités discutent des décisions les plus urgentes à prendre pour protéger le Peuple Juif.
Pour Rabbi Pin’has de Koretz, il y a urgence : certaines familles juives envoient leurs enfants dont des jeunes filles vendre des produits frais chez les seigneurs locaux. Parfois, ces jeunes filles ne reviennent pas car elles sont enlevées ou séduites par les non-juifs.
Pour Rabbi Eyvi, il y a une autre urgence : il faut lutter contre les discussions intempestives à la synagogue qui portent atteinte à nos prières.
Chacun apporte des preuves à sa position mais la question ne parvient pas à être tranchée. En désespoir de cause, ils décident de remettre la décision au Tout-Puissant : on amène un ‘Houmach qu’on ouvre “au hasard”.
D’une pierre, deux coups
Le verset sur lequel se pose le doigt du maître est éloquent, il se trouve dans la Paracha que nous venons de lire ! Après le rapt de Dina par Chékhem et la vengeance de Chim’on et Lévi, ceux ci déclarent : “Allons-nous laisser notre sœur être traitée comme une fille de mauvaise vie ?”
La réponse semble évidente : Rabbi Pin’has a raison, il faut avant tout protéger les filles d'Israël !
Mais Rabbi Eyvi lui demande de lire le Targoum Yonathan Ben ‘Ouziel sur place qui traduit : “La Yahi Lemeheve Mitamar Beknechtion Dé-Israel…” qui se lit ainsi : “Il n’est pas convenable qu’il y ait des discussions dans les synagogues d'Israël” !
Les maîtres en conclurent que, du Ciel, on leur montrait la voie… Les deux décisions étaient justes et indispensables, et c’est la raison pour laquelle elles furent appliquées toutes les deux !
Je ne peux m'empêcher de voir un signe du Ciel dans cette conclusion :
- d’un côté, nous espérons tous que les fils et filles d'Israël enlevés rentrent à la maison en bonne santé.
- d’un autre côté, “La Yahi”, il n'est pas convenable, il est tellement dommage de perdre une si précieuse opportunité d'être en tête-à-tête avec le Roi des rois en discutant avec quelqu’un d'autre.
Notre peuple a aujourd’hui désespérément besoin de prières, combien serait-il inconscient de nous priver de notre arme la plus puissante !
Avec l’aide d’Hachem, ces deux délivrances s’appliqueront ensemble : les synagogues seront remplies uniquement de la voix des prières, et les otages, que nous voyons comme nos enfants à tous, reviendront tous à la maison, au plus vite…