Le brillantissime rejeton de la communauté portugaise d’Amsterdam, qui fit tant parler de lui, meurt à 44 ans à La Haye.

Né dans une famille de Marranes, expulsée d’Espagne et ayant trouvé refuge en Hollande, le jeune Baruch reçoit une éducation juive traditionnelle.

On ose à peine imaginer quel érudit en Torah Baruch aurait pu devenir, avec son esprit analytique et aiguisé, sa curiosité et son acharnement au travail.

Mais celui qui allait nier l’existence du libre arbitre fera lui-même le choix gravissime d’une pensée hérétique.

S'il avait réussi à prendre un peu de recul devant le terriblement séduisant Arbre de la Connaissance des Gentils, nous aurions peut-être gagné un autre Gaon de Vilna.

Ses investigations intellectuelles le mèneront à surestimer la sagesse de ses nouveaux maîtres à penser (Descartes, entre autres), pour rejeter celle, millénaire et éternelle, de ses propres Pères.

Plus de Providence, plus de Mitsvot, plus de Transcendance divine : Spinoza abattra sans pitié tous les piliers du judaïsme authentique. 

Il n’y a pas, pour le philosophe, d’intention divine au-dessus de la Création et détachée d’elle ; il choisit de réduire et de confondre le D.ieu d’Israël avec les forces de la nature.

L’image d’Épinal aime à le présenter comme un bel et frêle intellectuel, féru de philosophie, trop ouvert pour son temps, banni par les rabbins sévères et dogmatiques de sa communauté portugaise.

Mais on peut aussi voir les choses sous un autre angle : à quel point nos Maîtres, avec une grande sagacité et un souci constant de transmission fidèle de notre patrimoine, savent repérer un danger et l’éloigner avant qu’il n’entraîne derrière lui un désastre collectif.

Baruch Spinoza meurt à La Haye