Elisabeth II, reine d’Angleterre, est morte. Sa mort et son cortège funéraire sont suivis par des dizaines de millions de personnes du monde entier.
Sa disparition fait la une des journaux depuis plusieurs jours déjà.
Pourtant, cette dame qui a régné sur l’Angleterre depuis sept décennies, n’avait aucun pouvoir décisif. Ou très peu... Très rares sont les réformes que l’on peut lui attribuer…
Pourtant un grand nombre de personnes pleurent sa disparition. Un très grand nombre de personnes se sentent touchées, de près ou de loin, par cette disparition.
Mais qu’a-t-elle fait pour toutes ces personnes qui pleurent sa mort ? Que leur a-t-elle donné pour qu’elles ressentent aujourd’hui le manque ?
On ne peut nier le fait que cette dame exprimait parfaitement la noblesse et l’estime de soi. Je ne dis pas cela péjorativement ! Au contraire !
Elle a exprimé de son vivant le Kavod Haadam. C’est-à-dire l’honneur qui revient à l’humain, en tant qu’être sublime. Son comportement noble, ses rares sorties en public, sa gestuelle, ses discours, son habillement exprimaient tous la NOBLESSE.
Noblesse de quoi ? Noblesse de l’humain ! Sa position au royaume n’était que symbole. Symbole d’un royaume sans pouvoir ? Certes ! Mais plutôt symbole d’un royaume qui exprime l’homme dans ce qu’il est naturellement. Créature de D.ieu.
Elle était observée et admirée pour sa noblesse.
En la voyant, on regardait la hauteur de l’humain. Elle inspirait le dépassement de soi. Le dépassement de la vie banale, que nous vivons tous. Je ne parle pas de la richesse et de la fortune. Non ! ce n’est pas cela qui inspire, mais les honneurs qui lui sont faits à elle, en tant que… symbole de l’humain élevé.
Car l’Homme est doté de capacités infinies, en tous genres. Inconsciemment, on ressent ces forces qui nous dépassent. Inconsciemment, on ressent ces pressions intérieures qui nous appellent à nous dépasser, à nous élever vers des hauteurs nouvelles. Mais nous les étouffons. Nous étouffons ces appels, ces opportunités qui nous sont données. Nous nous suffisons du petit homme que nous sommes, car ce petit homme est plus libre d’agir comme bon lui semble. Il n’est pas limité, pas bloqué par son vêtement, pas enfermé dans son château, il est libre.
Oui mais ce choix a un revers ! Celui d’étouffer cette aspiration naturelle à la royauté, à la hauteur de l’Homme, au dépassement du soi.
Le jeans délavé et troué est l’habit en vogue depuis déjà deux décennies. Les créateurs de mode ne se sont pas trompés ! Ce sont des artistes ! Ils comprennent parfaitement l’esprit du moment et savent lui dessiner un habit qui lui correspondra ! Un habit qui exprimera ce à quoi la personne désire ressembler !
Le jeans délavé, le jeans troué, ou les deux à la fois… Cet habit est à l’antipode de la royauté. Cet habit fait le procès à la noblesse ! Sous couvert d’une « pieuse » humilité, il se proclame l’habit de la simplicité.
Non ! Il est l’habit de la liberté ! L’habit qui permet à son porteur de se sentir autorisé à tout, soumis à rien.
Un jour, il y a cinquante ans, un philanthrope est arrivé dans un petit village Béer Ya'acov, il s’est dirigé vers la Yéchiva. Celle-ci traversait une crise financière aiguë. Il s’adressa aux dirigeants en leur exprimant sa volonté de rénover les lieux. À la fin de leur entretien, une belle somme leur fut octroyée. Mais cette somme ne suffisait pas pour refaire l’ensemble de la Yéchiva. Le directeur s’est empressé d’exprimer son souhait de rénover la synagogue qui était en piteux état.
Le Machguia'h (responsable de la morale juive au sein des Yéchivot) s’est opposé à son collègue. "Non !", dit-il, il faut refaire les sanitaires ! Les personnes présentes se sentaient un peu déconcertées par cette prise de position du moins… étonnante. Les sanitaires sont-ils plus importants que la maison de D.ieu ??
Le Rav s’est expliqué : si les sanitaires ne sont pas propres, s’ils sont délabrés, l'homme qui s’y trouvera ne pourra pas se comporter avec noblesse. Au contraire, il s’habituera à penser que son corps n’est que poussière sans valeur. Il pourra se laisser aller à toutes les bassesses du monde. Si au contraire, cet endroit est beau, rénové et propre, il ressentira indéniablement que son corps est noble car invité dans un endroit noble. Il ne se laissera pas aller n’importe où. Au contraire, il sera appelé à se dépasser et à vouloir accéder à de nouveaux horizons. Car il est un homme noble !
Le costume du polytechnicien n’est pas conçu pour développer l’orgueil de celui qui le porte ! Mais pour l’inviter à avoir conscience de ses capacités et ainsi les développer encore et encore.
Le jeans est le vêtement du 21ème siècle. Certes, il ouvre la porte de la liberté, mais il ferme aussi celle de l’aspiration à la grandeur et à la hauteur de l’homme.
Inconsciemment, nous rêvons de cette grandeur, de ce dépassement que notre âme nous invite à découvrir. C’est ce rêve étouffé que nous pleurons avec la disparition de la reine Elisabeth II.
Cette reine exprimait la noblesse. Elle était le symbole de la royauté de l’Homme. Elle inspirait l’estime de soi, la grandeur de la créature divine qui s’appelle l’Homme.
Oui l’homme est royal. Il a des forces, des capacités qui le dépassent totalement. Mais a-t-il envie de les découvrir ou préfère-t-il se prélasser dans son petit monde ?
C’est la question !