Une remarque historico-linguistique explique l’inclusion des deux termes « gauche » et « droite » dans le registre politique. À l’Assemblée Législative, pendant la Révolution Française, en 1791, les députés progressistes, partisans du changement, étaient assis à la gauche du président, et les conservateurs étaient assis à sa droite. À partir de cette date, et de cette disposition, les termes « droite » et « gauche » dessinent clairement le paysage politique dans tous les pays du monde. La droite représente globalement ceux qui refusent les changements, et la gauche, théoriquement, symbolise le désir de transformer la société. C’est évident qu’il s’agit ici de données générales et que de nombreux détails sont inclus ici. Quoi qu’il en soit, les termes qui exprimaient le LIEU traduisent, à l’époque moderne, un contexte idéologique, et, par là, sociologique.
Il est intéressant de relever, dans la Torah, également une signification éthique à ces deux termes : la droite est le côté positif et la gauche l’aspect négatif. À trois reprises, dès le Livre de Béréchit, le côté “gauche” est « l’inférieur », et la droite est “le supérieur”, en des termes très généraux. Quand Loth, le neveu d’Avraham, le quitte, il a choisi d’aller à gauche, du côté de Sodome, ville où se trouvaient « des hommes pécheurs et pervers devant l’Éternel ». Une autre fois, le serviteur d’Avraham demande à la famille de Rivka de la laisser venir avec lui pour épouser Its’hak. « Sinon, dit-il, dites-le-moi aussi, que je me dirige à droite ou à gauche » (Beréchit 24,49) et Rachi commente : « À gauche, chez les filles de Loth » (ibid.). Avec Ya'acov Avinou, l’opposition entre droite et gauche est flagrante : le patriarche croise ses mains pour bénir. Il met sa main droite sur Efraïm qui est à sa gauche, et il met sa main gauche sur Menaché qui est l’aîné. S’attirant une remarque de Yossef, il répond : « Certes, Menaché sera grand, mais Efraïm sera plus grand » [car Yéhochoua viendra d’Efraïm]. La droite est privilégiée dans toutes ces prophéties.
Sans entrer dans les références de la Kabbale, remarquons seulement que la première des 7 sphères de l’émanation divine, le ‘Hessèd – l’Amour – se situe à droite dans l’échelle des sept Séfirot.
Il y est évident qu’il n’y a ici AUCUN rapport entre la lecture religieuse de la droite dans la Torah et – disons clairement Léhavdil – la signification politique, sociologique moderne de ces deux termes. Les confondre, ou les comparer, ne saurait être qu’une supercherie à dénoncer. La Torah n’est ni à droite, ni à gauche, au sens politique du terme. Elle exprime la volonté du Créateur et nous indique la voie à suivre. La « main droite » d’Hachem traduit les prodiges de l’Éternel, alors que la main gauche exprime les châtiments. Si Israël se conforme à la volonté de l’Éternel, alors la main gauche s’ajoute à la main droite pour protéger Israël. C’est ainsi que Rachi explique la répétition du terme « Ta main droite » dans le Cantique de la Mer (Chémot 15, 6).
C’est ici qu’il importe de réagir. La France vient de vivre un cauchemar avec ses élections : gauche ou droite vont-elles gouverner ? En Israël, la géographie politique est aussi compliquée. Alors que la gauche avait dirigé le pays pendant les 30 premières années de l’État, la droite s’est davantage affirmée depuis près de 40 ans. Mais à nos yeux, qui essaient de voir l’Histoire se définir comme un combat permanent, le seul gagnant est pour nous l’Éternel, car Il ne s’insère pas dans le temps, ni dans le lieu (droite ou gauche !) La Révélation du Sinaï reste la charte unique d’Israël, et c’est en fonction de cette charte que le peuple juif survit. Pour Proudhon, la propriété c’est le vol, pour la droite, la Bourse est le critère de la survie des sociétés. David l’a écrit : « L’Éternel rit en face d’eux » (Téhillim 2, 4). Seul Lui dirige. Les significations matérielles sont une illusion. On a vu ce que le marxisme est devenu. Après avoir été l’avenir de l’humanité, il a disparu comme il est venu : un mirage de l’Histoire. Il importe de le souligner à une époque où l’on croit que les coalitions parlementaires décident de l’avenir. Seul le Maître du monde, au-delà de la droite et de la gauche, gouverne – car au-delà de la futilité du provisoire, seule la permanence de la spiritualité nous impose d’ouvrir les yeux ! Leçon importante, leçon d’espoir. Sachons Qui est le véritable dirigeant !