C’est dans la nuit du 14 au 15 avril 1912 que la plus grande catastrophe maritime de tous les temps eut lieu.
Le Titanic, le plus luxueux et le plus grand paquebot jamais construit à l’époque, coula avec
2 200 passagers à bord, alors qu’il effectuait sa première traversée, du port de Southampton, en Angleterre, vers celui de New York.
On se représente souvent le Titanic comme un hôtel flottant de luxe, habité par des milliardaires et des nantis, mais il y avait bel et bien une troisième classe, peuplée d’émigrants qui faisaient route vers la liberté.
Pour eux, la collision fut fatale : les couloirs du sous-sol, où se trouvaient leurs cabines, furent très vite envahis par l’eau, et la distance à parcourir pour fuir vers le pont et atteindre les canots de sauvetage ne leur laissa que peu de chances de survie.
Seul un quart fut sauvé.
Mais il y a l’histoire juive de ce paquebot de luxe.
On recense à bord 89 Juifs, mais les historiens estiment qu’il y en avait en réalité beaucoup plus : de nombreux voyageurs fuyant les persécutions avaient souvent modifié leurs noms, en choisissant des patronymes à consonance “neutre”.
Les cuisines du paquebot en tenaient compte et proposaient des repas Cachères.
Le cuisinier et superviseur de la Cacheroute, Charles Kennel, subit le même sort que la majorité de ses coreligionnaires.
Une passagère, Tsvia Meisner, survécut, mais le corps de son époux ne fut jamais retrouvé.
Craignant de tomber sous le statut d’Agouna (femme dont le mari a disparu et qui ne peut se remarier), elle présenta son cas aux autorités rabbiniques, qui, exceptionnellement, au vu des circonstances du drame, lui permirent de se remarier.
Le richissime Benjamin Guggenheim, magnat du cuivre, y perdit la vie, de même qu’Isidor Strauss et sa femme Ida, propriétaires des magasins Macy’s de New York.
Ils moururent main dans la main, Ida ayant refusé de se sauver seule dans un canot réservé aux femmes, sans son mari. Le frère d’Isidor, Nathan, également homme d’affaires et philanthrope, devait lui aussi être du voyage avec son épouse, mais il préféra annuler la croisière pour rester en Palestine et aider les habitants du vieux Yichouv qui vivaient dans la misère.
Il fut ainsi sauvé et créa sur place des organismes d’aide médicale et des soupes populaires.
La fameuse rue Strauss, qui traverse le quartier de Guéoula à Jérusalem, porte son nom.
Ce naufrage fut vécu par la communauté juive comme un drame personnel et collectif.
Le chantre Yossele Rosenblatt enregistra une version du Kel Malé Ra’hamim en hommage aux victimes du Titanic.
Il ajouta au texte liturgique classique les mots en hébreu : « Pour les passagers du Titanic qui se sont noyés dans la mer et ont rejoint leur demeure éternelle ».
Les bénéfices de cet album furent reversés à un fonds d’entraide destiné aux familles ayant perdu des êtres chers dans la catastrophe.