Binyamin Wurzberger, employé du Kotel qui a survécu aux camps nazis, est décédé à l’âge de 95 ans à Jérusalem, laissant derrière lui une famille aux valeurs juives authentiques. Une magnifique leçon de vie.
“Vous rêvez d’arriver dans votre Jérusalem, hein ? Peut-être que vos cendres y arriveront par les cheminées des camps.” C’est cet affront écœurant et inhumain subi par Binyamin Wurzberger, il y a 78 ans dans le camp de concentration de Mauthausen en Autriche, qui l’a paradoxalement fait survivre, mû par une foi en D.ieu qui dépasse tout ce que l’on peut concevoir.
Jeune prisonnier dans un camp de concentration, Binyamin Wurzberger est assujetti à des travaux inhumains. Un jour, après quelques heures de travail absolument atroces, les nazis jetèrent aux travailleurs juifs un repas misérable. Binyamin et ses frères détenus affamés se précipitèrent dessus pour récupérer les quelques morceaux de pain échoués au sol. Un des nazis se tourna vers lui et lui lança de cruels mots : “Vous rêvez d’arriver dans votre Jérusalem, hein ? Peut-être que vos cendres y arriveront par les cheminées des camps.”
Ces mots blessants ont fendu le cœur de Binyamin, mais ils ont paradoxalement renforcé sa foi vibrante en D.ieu, cette Emouna pure avec laquelle il a grandi dans son village hongrois natal. “J’ai traversé l’enfer, j’ai encaissé des coups infligés pour tuer, des indignités et la famine. J’ai été forcé de faire un travail physique bien au-delà de mes forces”, expliquait-il à la presse il y a dix ans.
Pourtant, Binyamin Wurzberger survit au travail épuisant et aux marches de la mort. Quand l'armée américaine libère le camp, le jeune homme, la peau sur les os, découvre avec effroi le terrible bilan familial : “J’avais un frère et deux sœurs, tous assassinés par les nazis.”
Après avoir erré à travers l’Europe, il arrive en terre d’Israël, et se retrouve presque immédiatement au combat lors de la guerre d’indépendance. Il se marie et fonde une famille après la guerre. “D.ieu merci, j’ai réussi à fonder une famille, tout le monde a étudié dans des Yéchivot et a emprunté la voie de la Torah”, déclarait-il fièrement.
Après avoir travaillé toute sa vie, le vaillant homme prend sa retraite, mais n’a pas pour autant l’intention de se reposer. Il se rend au Kotel et demande à tous les employés à travailler ici. “Vous êtes un homme âgé, nous n’avons pas de travail pour vous !” est la seule réponse qu’on lui donne, pour le dissuader. Mais c’est mal connaître l'opiniâtreté de notre héros qui rétorque : “Je ferai tout ce que vous me demanderez. Laissez-moi travailler, vous ne serez pas déçus.”
Finalement, la direction du Kotel s’incline devant une telle ténacité et lui confie la tâche de nettoyer les pierres du mur. Le job de sa vie commence à l’âge où tout le monde s’arrête de travailler. Chaque jour, il se lève à cinq heures du matin pour arriver tôt au Kotel, de façon à être dans les dix premiers hommes de la prière de Cha’harit récitée au Nets Ha’hama, au lever du soleil. “C’est ma maison, je suis fou de joie de faire ce travail. Quand il neige, en l’absence de bus, je m’y rends à pied pour ne pas rater une journée de travail. Je ne regarde jamais ma montre, je donne tout ce que je peux.” Un discours scintillant, a fortiori à la lumière du passé, du vécu et de l’âge de cet homme. Aucune plainte, un esprit extraordinairement combatif pour la gloire d’Hachem. “Chaque fois que je nettoie les pierres du mur, où la Chékhina, la présence divine a toujours résidé, j’ai l’impression de prendre ma revanche sur ce maudit officier nazi. C’est une vengeance juive.” En somme, la vie et la Torah en réponse à la cruauté et à la mort.
Comme Bilam dans la Parachat Balak qui bénit au lieu de maudire “La parole que D.ieu mettra dans ma bouche, c'est celle-là que je dois dire (Bamidbar, Balak 22:38)”, il semblerait que l’officier nazi ait béni, bien malgré lui, Binyamin Wurzberger, qui est décédé à 95 ans à Jérusalem où il y repose jusqu’à la résurrection des morts, après une vie de Torah et de Mitsvot.
Que sa mémoire soit une bénédiction pour chacun d’entre nous.