On parle beaucoup, aujourd’hui, dans la presse, dans les réseaux sociaux, d’un « retour à la foi », en particulier après les évènements actuels. Il est un fait que ne pas voir la main de D.ieu dans toute la situation actuelle serait être aveugle. Il n’y a jamais eu, ici en Terre Sainte, une telle guerre, contre Israël, qui s’éternise. Le retour de certains otages – qui racontent ce qu’ils ont vécu en captivité – ne fait que rendre les évènements plus significatifs. Il importe, en toute hypothèse, de tenter de voir, sinon de comprendre, l’époque dans laquelle nous vivons, et qui demande notre attention. Après une Shoah – qui a certes dépassé toutes les persécutions du passé – après un tel évènement, le peuple juif a reçu des nations le droit de vivre sur la Terre Sainte, de façon apparemment indépendante, mais cela n’a pas empêché la haine du Juif de s’exprimer en toute circonstance ! Ce ne sont pas les « colonies » qui sont la cause de l’opposition des nations. C’est l’ÊTRE même d’Israël à qui l'on refuse l’existence !
Ici, il est nécessaire d’avoir la foi et d’être conscient de l’histoire particulière du seul peuple de l’Antiquité qui survit à toutes les avanies de l’Histoire : il connaît toutes les civilisations, en restant fidèle à sa foi. Un seul regard sur l’Histoire universelle nous oblige à constater une différence entre ce peuple et toutes les nations de l’univers ! Foi fondée sur des faits précis, mais qui se traduit, à travers des souffrances, dans une pérennité exceptionnelle.
Cependant, il importe de constater – spécialement pour notre époque – que la foi est la conclusion d’une analyse de la situation, une sorte d’écho de l’intériorité. Dans la Torah, dans trois circonstances, la foi est une réponse à l’intervention divine. Avraham Avinou a « eu foi » en D.ieu et cela lui fut considéré comme un mérite (Genèse 15, 6). En Égypte, Moché et Aharon, avant d’aller chez Pharaon, réunirent le peuple et lui annoncèrent la libération prochaine. « Alors le peuple eut foi en l’Éternel… » et comprit que l’Éternel se souvenait « des enfants d’Israël » (Exode 4, 31). Une troisième fois, après le passage de la Mer Rouge, « Alors le peuple révéra l’Éternel, eurent foi en l’Éternel et en Moché Son serviteur » (Exode 11, 31). Trois fois le terme « foi » (Émouna) est utilisé. Mais un peu plus tard, avant d’arriver, 'Amalek survient et attaque Israël. Ici, ce sont les mains de Moché qui deviennent « ÉMOUNA ». L’Éternel n’a pas donné d’ordre à Moché, il envoie Yéhochou'a au combat, et lève ses mains. Ce sont les mains, levées vers le haut, qui, apparemment, décident la victoire. Quand elles sont faibles, 'Amalek triomphe. Quand elles sont ÉMOUNA (fermes, bien que tenues par Aharon et Hour), alors Israël triomphe, et ce fut le résultat final. La présence du Tout-Puissant est cachée, mais elle décide du combat (Exode 12, 8-13).
Dans l’histoire d’Esther, de même, la présence de l’Éternel est apparemment occultée. Le Nom du Tout-Puissant n’est jamais mentionné dans toute la Méguila, car « les faits parlent par eux-mêmes », comme dans une caricature sans légende explicative, car il suffit de regarder pour comprendre l’intention du dessinateur. Pour cette raison, on ne dit pas le Hallel (Louange à D.ieu) à Pourim, car réciter les faits, c’est rendre louange au Tout-Puissant. Seul, une fois, Mordékhaï y fait une allusion, quand il dit à Esther : « Qui sait si ce n’est pas pour cette circonstance que tu es devenue reine » (Lecture d’Ibn Ezra sur ce verset). « Qui sait » ?
Mordékhaï sait bien « Qui sait », mais il le dit de façon indirecte, il faut savoir LIRE au-delà des faits, ouvrir les yeux, et l’on découvre QUI est à l’origine ! Ce ne sont pas les mains physiques de Moché qui décident du combat ; on ne Le voit pas, mais Il est là, dans la guerre contre 'Amalek, dans la guerre contre Haman, dans la guerre contre celui qui voulait la « solution finale » du peuple juif (son nom ne mérite pas d’être écrit dans ces lignes !), dans la guerre contre ceux qui veulent détruire le peuple juif. La force d’'Amalek, c’est l’Éternel qui la lui donne, alors les mains de Moché sont fatiguées, mais quand on tient haut la foi en l’Éternité d’Hachem, alors Israël peut triompher. Le combat est valable à chaque époque. Sachons « ouvrir les yeux » et respectons la volonté d’Hachem aujourd’hui, comme hier, et comme demain.