Il y a une semaine de cela aurait dû être célébré le mariage de Sarah Litman, âgée de 20 ans, et de son fiancé, Ariel Bigel. Sarah devait fêter son dernier Chabbath de célibataire avec ses amies, tandis que ses parents étaient invités dans la famille de son fiancé. La veille de ce Chabbath, alors que ses amies étaient affairées aux derniers préparatifs avec elle, quelque chose de terrible est arrivé.
"Ma famille était en route pour le Chabbath 'Hatan, et je suis restée ici avec des amies pour le Chabbath Kala, dit-elle. Au début, j'ai entendu toutes sortes de messages de visiteurs et d'appels téléphoniques ; j'avais déjà compris, mais je refusais d'y croire. C'est alors que les services psychologiques sont arrivés".
Sarah est la fille du Rav Yaacov Litman et la sœur de Netanel Litman qui ont été assassinés par balles au Sud de 'Hévron, près de Otniel. Dans une interview accordée à une chaîne de télévision israélienne, elle parle de cette immense souffrance à l'aube de la joie magnifique de son mariage. Mais un peu à l'image de son second prénom (qui signifie "elle vivra"), Sarah semble "survivre" ce moment, avec toutes les difficultés et sa douleur, en essayant de vivre encore et de renforcer sa foi intérieure, et de continuer à construire sa maison selon l'enseignement de son père. "Je ne sais pas par où commencer. La douleur est terrible, mais je veux dire à tous les dirigeants : ils peuvent tuer avec un couteau, un fusil et éventuellement une ambulance du Croissant-Rouge, qui a fui sans accorder aucun secours.
Nous vivons ici dans l'insécurité complète. Dès que Papa sortait de la ville, il s'armait d'un revolver. Nous devons toujours penser à quelle heure part un autobus blindé ou pas. Nous ne méritons pas un tel traitement. Erets Israël nous appartient et nous avons le droit de vivre ici fièrement. Il est anormal que les Palestiniens puissent ainsi circuler aussi librement. Ce sont des sauvages, des prédateurs, qui peuvent nous tuer sur la route comme ils le souhaitent."
Sarah décrit ensuite tous les nombreux préparatifs de la dernière semaine avant les noces, comme si son Papa et son frère avaient senti leur fin. "La plupart des choses étaient prêtes, comme si Papa avait présagé qu'il ne pourrait rien faire ensuite. Il avait même repassé son costume et noué sa cravate sur sa chemise, pour que tout soit parfait sur les photos.
Tout était prêt le vendredi. Il semble que Netanel aussi ait ressenti quelque chose. Il a dit : "Je repasse les chemises parce que le début de semaine prochaine sera très occupée". Et voilà que cette semaine est celle du deuil, dit Sarah avec les yeux pleins de larmes. On savait que ce serait une semaine chargée, mais pas de cette façon".
De même, Aril Bigel, le fiancé de Sarah témoigne de sa douleur : "Nous ne savons pas encore où et quand aura lieu notre mariage. Cela va dépendre de nos forces. Au jour d'aujourd'hui, cela parait impossible".
Il raconte ensuite comment il a été informé de l'assassinat de son futur beau-père : "J'étais avec des amis, nous préparions le Chabbath, et quand je suis arrivé à la maison, j'ai vu tout le monde les yeux baignés de larmes. J'ai demandé s'il s'était passé quelque chose. On m'a dit de m'asseoir sur le canapé et on m'a informé qu'un attentat avait eu lieu, que ce n'était pas sûr que tout le monde y ait survécu. Puis on m'a donné petit à petit les détails. Heureusement pour moi, tous mes frères étaient venus pour le Chabbath, et la famille m'a beaucoup entouré et étreint pendant tout le Chabbath."
Il continue en évoquant le Rav Litman : "Le sourire ne quittait jamais son visage. Pourtant il avait été orphelin de mère à l'âge de six ans et n'avait pas eu une vie facile. Mais sa bonhommie était contagieuse ; il était impossible de le croiser et de ne pas ressentir le chaleur humaine qu'il dégageait".
Sarah garde en permanence à l'esprit l'amour qui liait son père défunt à son futur mari, ainsi que l'espoir qui les anime tous deux de construire un foyer dont son Papa sera fier, et de transmettre l'héritage de son père et de son frère. "Papa considérait Ariel comme un fils. Après nos fiançailles, il est allé lui offrir des livres de Torah et les lui a dédicacés en écrivant "A notre cher fils Ariel, Mazal Tov pour le Chabbath 'Hatan". Papa aimait beaucoup Ariel,et avec Ariel nous allons fonder un foyer qui continuera le chemin de Papa et de Netanel. Leur esprit sera avec nous au mariage, et leur esprit sera avec nous tout au long de notre vie."
"Am Israël poursuivra noblement son chemin. Nous allons continuer à circuler avec fierté sur nos routes. Les Arabes ne vont pas changer notre façon de vivre. Nous allons continuer comme si de rien n'était. D.ieu nous donnera la force tout comme Il nous la donne aujourd'hui. Nous espérons que le gouvernement et l'Etat feront ce qu'ils doivent faire."
Pour terminer, Ariel ajoute avec une pointe de tristesse que la vie continue. "Même si à ce stade il semble repoussé, notre mariage aura lieu, et la famille sourira à nouveau. Nous nous marierons et nous allons continuer, dit-il fermement. La vie ne s'arrête pas là. Nous rendrons la joie à nos familles. Nous allons continuer ce qu'ils nous ont laissé et nous allons établir un foyer qui leur ressemblera."