Pourim, la fête qui dure 24 heures. FAUX ! Surtout pour nous les mamans. Cette fête ne commence ni le 13, ni le 14, ni le 15 Adar, elle commence à la sortie du Pourim de l’année précédente, lorsque notre petit dernier nous annonce la bouche encore toute chocolatée « Maman, l’année prochaine, je me déguise en roi ». Et nous, affalées sur le fauteuil entre rubans et papiers de bonbons, acquiesçons avec un petit sourire méfiant, car nous savons qu’il a encore 364 jours à peu près pour changer d’avis.
Mais pourquoi cet engouement autour des déguisements de Pourim ? Il faut voir les magasins quelques semaines avant la fête, ce ne sont plus des petits bazars sympathiques où on peut faire des affaires, ce sont des plateformes de trading, les mamans sont des lionnes qui sont prêtes à tout pour rentrer à la maison avec la dernière paire de bretelles ridicules et le voile assorti au bouquet de la mariée.
Quelle course le matin de la fête lorsque nous nous affairons entre maquillage, coiffure et couture, et surtout, surtout, quelle fierté lorsqu’on rassemble sur une même photo les tigres, les princesses, les bébés déguisés en personnes âgées et les personnes âgées déguisées en bébés.
Alors, ce serait ça l’idée des déguisements ? Prétendre être quelqu’un que nous ne sommes pas ? Je me refuse à croire que cette magnifique fête reposerait sur un beau gros mensonge organisé, caché sous des strass et des paillettes.
En fait, c’est précisément le contraire. Nous nous déguisons à Pourim pour révéler qui nous sommes véritablement.
La reine Esther a été reine aux côtés d’A’hachvéroch pendant plus de 5 ans. Pendant toutes ces années, elle revêtait de magnifiques toilettes royales, elle portait une couronne, elle jouait son rôle de reine à la perfection, mais personne ne savait qui elle était vraiment sous ce costume, personne ne connaissait la véritable Esther, pieuse et vaillante, celle qui sauverait son peuple en mettant sa propre vie en péril. Elle était la femme la plus populaire du pays, la plus regardée, et pourtant, elle a su conserver le mystère sur son identité jusqu’à la fin.
Esther ne s’est pas laissée impressionner par son rôle, elle savait pourquoi elle était dans le royaume, elle savait pourquoi le roi l’avait choisie, elle savait que tels étaient les desseins d’Hachem pour qu’elle accomplisse sa mission. Elle est restée fidèle à elle-même toutes ces années, malgré l’environnement dans lequel elle vivait, malgré le déguisement qu’elle portait.
Le Chabbath avant Pourim, un passage particulier est lu à la Torah, il s’agit de l’histoire d’'Amalek. Pourquoi maintenant ? En quoi cette histoire a-t-elle sa place à ce moment précis ? Lorsque les Bné Israël sont sortis d’Egypte et qu’ils étaient en route pour entrer en Erets Israël, ‘Amalek est arrivé et a semé le trouble dans les rangs. Il a semé le doute. Les Bné Israël n’étaient plus sûrs de vouloir de la terre d’Israël, il a ébranlé leur foi et les a détournés de leur mission. Le doute est le pire de nos ennemis, il floute nos objectifs, il brouille nos esprits qui ne savent plus reconnaître nos fondements, nos principes, nos valeurs.
Haman était un descendant d’'Amalek. Il a voulu, à l’image de son ancêtre, détourner notre esprit de notre combat, mais la fin de l’histoire est fort heureusement bien différente, grâce au mérite de la Reine Esther. Malgré le fait qu’elle était déguisée pendant de longues années, Esther n’a jamais oublié d’où elle venait et qui elle était, et c’est précisément ce magnifique message que nous transmettons à nos enfants le jour de Pourim. « Déguisez-vous, choisissez votre rôle, endossez le costume de votre choix, décidez à qui vous voulez ressembler pour la journée, mais rappelez-vous qui vous êtes, souvenez-vous d’où vous venez, ne vous laissez jamais distraire, ne laissez jamais personne vous détourner de votre mission. Ce soir, nous rangerons le costume dans le carton des déguisements à la cave, nous nous démaquillerons, mais une chose restera, cette même chose qui nous accompagne depuis toujours, qui nous définit, notre âme, notre essence, notre histoire, tout simplement notre judaïsme. »