Les Pirké Avot que l’on traduit justement par « Maximes des Pères » sont l’expression de la sagesse des Pères de la nation juive, à savoir Avraham, Yits’hak et Ya’acov. Les Pères de la nation juive sont appelés yécharim, des gens droits.
C'est-à-dire que non contents d’être des tsadikim (des justes) et des ‘hassidim (des hommes pieux) au plus haut degré, ils étaient également des yécharim. Cette qualité de yécharim s’est exprimée notamment chez Avraham avinou par le fait qu’il ait prié pour Sodome alors qu’il n’y était nullement tenu, se comportant par là précisément comme un « Av hamon goyim » (Béréchit 17,4), à savoir le Père de nombreuses nations.
Et cette sagesse sublime qui s’énonce à la lecture des Pirké Avot est l’émanation de la conduite et du comportement des Avot hakédochim, des Pères de la nation juive qui sont l’incarnation la plus parfaite du projet initial de D.ieu concernant l’homme.
Leur exemple a laissé des traces impérissables, non seulement dans l’enceinte du peuple juif, mais encore au niveau de toute l’humanité. Pour ne prendre que l’exemple le plus connu, Avraham est une référence universelle pour de nombreux peuples et de nombreuses civilisations.
La sentence de nos Sages : « Dérekh érets kadma la Torah » qu’on peut traduire par « les bonnes manières précèdent la Torah » (Midrash Rabbah Vayikra, Paracha 9, Piska 7) reflète précisément le message de nos Avot hakédochim et par extension le message des Pirké Avot. Et si le premier enseignement des Pirké Avot est « Moché kibel Torah mi Sinaï » (Moché a reçu la Torah du Sinaï), c’est précisément pour nous faire comprendre que cette sagesse inégalable de nos Pères n’est pas issue d’un cheminement philosophique mais bien de la révélation sinaïtique qui fait elle-même écho aux révélations d’Hachem à Adam harichone, No’ah, Chem et jusqu’aux Avot hakédochim, Avraham, Yits’hak et Ya’acov, comme l’explique le rav Shakh zatsal.
Quant à savoir la raison pour laquelle on lit les Pirké Avot à la synagogue entre Pessa’h et Chavou’ot, l’explication en est limpide. Il est connu qu’alors que les Bné-Israël étaient encore en Egypte, Hachem a posé une condition à Moché : « Lorsque vous sortirez d’Egypte, vous servirez D. sur cette montagne » (Chémot 3,12). L’intention d’Hachem était que les juifs Le servent au bout des cinquante jours qui s’égrènent entre Pessa’h et Chavou’ot.
Le traité Avot, tout au long de ses six chapitres, ne parle que des bonnes midot (traits de caractère) que l’homme se doit d’acquérir et inversement des mauvaises midot dont l’homme doit s’éloigner.
C’est ainsi qu’avant que vienne le temps de la réception de la Torah, il existe une obligation sacrée pour chacun d’entre nous d’acquérir et de fixer en son âme les bonnes midot et de s’éloigner autant que faire se peut des mauvaises midot, afin d’être apte à recevoir la Torah à Chavou’ot.
Et si vous rétorquez que la Torah a déjà été donnée en 2448 et que nous sommes en 5774, alors il faut interroger rav Dessler… Ce dernier nous explique dans Mikhtav Mi Eliyahou, que le temps est un circuit fermé sur lequel nous avançons et que nous parvenons une fois par an aux mêmes stations, Pessa’h, Chavou’ot, Soukot etc.
Cela signifie qu’une fois par an, nous bénéficions des mêmes influences que celles qui descendirent dans le monde lors de l’évènement originel. En l’occurrence, pour nous, cela veut dire que nous pouvons si nous le désirons, recevoir la Torah avec la même intensité que nos ancêtres.