Quelle est ma valeur ?
Aux quatre coins de la Terre, cette question fuse.
Elle accompagne les personnes dès leur lever et les poursuit jusqu’à ce qu’elles s’endorment.
En essayant vainement de trouver une réponse, elles se regardent dans le miroir, jettent un coup d’œil furtif sur leur dernière fiche de paye et se remémorent le dernier compliment qu’elles ont reçu.
Parfois, elles formulent la question d’une voix à peine audible.
Invariablement, elle se cache derrière une liste d’interrogations diverses. Toujours là, fidèle au poste, elle titille, déboussole et remue la personne :
« Quelle est ma valeur ? »
La jeune mariée vit avec l’espoir, vrillé au corps, de réussir. Elle s’imagine que son foyer est le plus joli, le plus ordonné et le plus reluisant. Ses enfants, dans ses rêves, sont les plus réussis, les plus beaux et les plus soignés.
Elle se considère comme une femme accomplie. Elle est toujours bien tenue, elle pourvoit aux besoins de la famille, sa table se garnit bien vite de plats en cas d’imprévus, elle s’occupe du linge sans fausse note. Son mari est roi et ses enfants sont des princes.
Mais, la réalité change de visage !
Parfois, elle est faible, elle n’en peut plus…
Elle explose sur son entourage, se noie sous une pile de linge à laver et à repasser, le sol colle, elle n’arrive même pas à servir des semblants de repas, quant aux armoires, il vaut mieux ne pas les ouvrir !
Elle oublie que les travaux ménagers sont sans fin, elle ne compte même plus ses heures de sommeil.
Simultanément, elle doit jouer le rôle de maîtresse de maison, de mère, d’épouse, sans compter sa part active pour le gagne-pain.
Chacune de ses activités pourrait s’étaler sur vingt-quatre heures, pourtant, elle est seule face à cette montagne de devoirs.
Il n’est donc pas étonnant qu’elle soit parfois envahie par la déception et qu’elle ressente un manque de confiance, du désespoir ou de la tristesse.
Elle s’interroge alors sur ce qu’elle vaut et se donne la note la plus basse qu’elle n’ait jamais eue.
Et lorsqu’un individu ne croit plus en lui, il commence à glisser sur la mauvaise pente.
Lors d’une conversation, le Rav ’Haïm Kanievsky expliqua que celui qui vit avec la sensation de ne rien valoir finira par devenir ce qu’il projette. C’est la raison pour laquelle une femme qui déambule dans sa maison, avec en tête ce leitmotiv : « Je ne vaux rien ! », se comportera bien vite en adéquation avec cette sentence.
La conséquence fâcheuse et immédiate est que ses enfants et son mari la perçoivent ainsi, ce qui la conduit invariablement vers un échec, que ce soit dans l’éducation ou la paix du ménage.