Nous nous rapprochons de Yom Kippour, le jour durant lequel l’Eternel accorde Son pardon au peuple d’Israël. Nos Sages ont institué que lors de la prière de Min’ha de ce jour, nous lisons le livre de Yona.
Chaque année, lors de cette lecture, je suis interpelé par ce personnage étonnant de la littérature biblique.
Yona s‘enfuit d’Erets Israël, cherchant à échapper à l’ordre divin qu’il a reçu puis, embarqué dans un bateau qui menace de sombrer lors d’une tempête effroyable, il part tranquillement dormir dans la cale. Ce n’est qu’après que les matelots ait compris qu’il est la cause de la tourmente qu’il demande à quitter le navire. Les marins à contre-cœur le passent « par-dessus bord » ; il atterrit dans le ventre d’un énorme poisson, y séjourne 3 jours et décide enfin de demander l’aide d’Hachem, qui va le délivrer.
Quel flegme et quelle audace!
Les commentateurs expliquent que Yona refuse la mission dont D.ieu l’a chargé - par la voie de la prophétie -, à savoir sermonner les habitants de la ville de Ninvé qui fautaient ; en effet il craignait que le repentir des Ninvéens soit un doigt accusateur contre les Juifs qui eux étaient récalcitrants à la Téchouva.
Malgré les bonnes intentions qui animent ce prophète, on apprend de ce texte que l’on ne peut échapper à la volonté de D.ieu, qui va le rattraper et le forcer à se « plier ».
Quelque part, le décor de ce récit fascinant, fait de mer, de port, de tempête et d’excès, m’a toujours paru très éloigné de notre vécu, tout comme ce Navi au sang-froid, serein et déterminé, qui ose faire fi de sa mission.
Jusqu’au jour où j’ai eu un déclic : Yona, c’est nous ! Je m’explique : il est évident que nous sommes à des milliers de lieux de la grandeur de ce prophète, mais son histoire et son attitude font écho à des situations bien proches des nôtres.
Dans la vie se présentent à nous des obligations, des responsabilités,des missions, que nous refusons d’endosser et devant lesquelles nous baissons les bras trouvant milles excuses savantes qui justifient notre démission.
Comme le problème nous poursuit, nous décidons de l’éviter par une fuite virtuelle : on ne répond pas au téléphone, on s’écarte de tout contact, on se fait sourd aux appels - même à ceux de notre conscience - et enfin on se plonge dans l’oubli et le déni.
Mais les événements eux, nous rattrapent, nous secouent et menacent de nous faire chavirer: le couple négligé qui risque de se séparer, les enfants qui se détournent du bon chemin, des choix chaotiques qui nous ont éloignés de notre foi, en bref la vie qui se dérobe sous nos pieds et nous laisse pantois. Au lieu de se réveiller et de prendre les choses en main, on choisit d’aller dormir en jouant l’autruche, comme si cela ne nous concernait pas.
Quand finalement quelqu’un de notre entourage pose sur nous un doigt accusateur et nous met en garde sur les dégâts causés, on répond : « OK ! C’est mon problème, je m’en occupe ». Mais concrètement rien ne se passe, jusqu’au jour ou on se retrouve étouffé dans une situation qui ne nous laisse aucun échappatoire. Et là, on est dans le ventre du monstre.
En fait la lecture du livre de Yona est complètement d’actualité. Si nous nous reconnaissons derrière ce texte, n’attendons pas d’être avalés par une baleine pour réagir, mais devançons cette situation, par un réveil courageux et responsable.
“Avinou Malkénou, ha’hzirénou bitechouva chéléma miléfanekha” - « Notre Pere, notre Roi, aide-nous à faire une Téchouva parfaite devant Toi ! »