A l'occasion de la Hiloula (jour anniversaire de décès), ce soir, de notre maître Rabbi Itshak ABI'HSSIRA (BABA 'HAKI), l'équipe Torah-Box est heureuse de vous faire découvrir très brièvement son parcours de vie. Celui qui parle du Tsadik le jour de sa Hiloula, celui-ci priera pour lui ! Allumez une bougie et dites "Likhvod Baba 'Haki, zékhouto taguèn 'alénou" puis priez. Que son mérite protège tout le Klal Israël, Amen !
Rabbi Its’hak Abi’hssira, que l’on surnomme communément Baba ‘Haki, comptait parmi les illustres membres de la dynastie Abi’hssira. Petit-fils du Abir Yaakov, il était le frère de Baba Salé et de Rabbi David Abi’hssira (sur nommé « Atéret Rochénou », « la couronne de notre tête », en regard de sa grande sainteté). Sa personnalité hors du commun, sa piété exceptionnelle et l’œuvre de diffusion de la Torah qu’il poursuivit tout au long de sa vie ont fait l’objet d’un livre paru aux Editions Torah-Box sous le titre : « Une Torah vivante – Rabbi Its’hak Abi’hssira ».
À l’ombre des Sages du Tafilalet
Baba ‘Haki naquit en 1895 à Rissani, dans la région du Tafilalet au Maroc. Dès son plus jeune âge, il se distingua par son assiduité hors du commun et sa vive intelligence. Les prémices de la grandeur spirituelle et d’un charisme particulier apparurent dès son enfance, alors qu’il côtoyait déjà des Sages et des Saints bien plus avancés en âge et en sagesse que lui. C’est auprès d’eux qu’il puisa son amour infini pour la Torah et pour les créatures, amour qui l’anima toute sa vie durant.
Dès sa Bar-Mitsva, et comme c’était la coutume parmi les Sages du Tafilalet, Baba ‘Haki prit pour épouse la Rabbanite Esther, qui n’était autre que sa nièce (la fille de Rabbi David). Lala Sti, comme on la surnommait, était une jeune fille extrêmement pieuse, pleine de raffinement et de discrétion.
Après le décès subit de leurs parents, survenu très peu de temps après la Bar-Mitsva de Baba ‘Haki, Rabbi David Atéret Rochénou prit son jeune frère sous son aile. À son contact, Baba ‘Haki s’éleva davantage encore dans le service Divin et s’initia aux métiers de la Sofrout, de la Ché’hita, de la Mila et de la ‘Hazanout, autant de domaines dans lesquels il excella tout au long de sa vie.
C’est en 1920 qu’une nouvelle tragédie toucha Baba ‘Haki et Baba Salé : alors que les trois frères sont à la tête de la communauté de Rissani et de sa prestigieuse Yéchiva, Rabbi David est cruellement exécuté en public par le tyrannique gouverneur de la ville. C’est alors que commence, en compagnie de Baba Salé, un long périple de plus d’un quart de siècle qui mènera Baba ‘Haki en Erets Israël en 1948, l'année même de la création de l’Etat d’Israël.
Un pionnier, un infatigable bâtisseur
C’est là, sur la terre de ses ancêtres, que Baba ‘Haki dévoilera les trésors d’un leadership audacieux et fédérateur, prenant avec fierté la direction des communautés nord-africaines fraîchement installées en Erets Israël. Véritable pionnier et infatigable bâtisseur, il prend la tête du rabbinat de deux grandes villes majoritairement peuplées de Juifs d’Afrique du Nord, Lod et Ramlé, au sein desquelles il va imposer son empreinte indélébile.
Il se lie avec des personnalités politiques de premier plan avec qui il entretient d’excellentes relations, tout en restant profondément proche des gens du peuple, qui voient en lui un guide et un père à même de les aider et les soutenir au travers de toutes leurs difficultés.
Dans un pays en quête d’identité, en proie à une guerre impitoyable contre la religion et soumis à de grandes difficultés sécuritaires et économiques, Baba ‘Haki se bat sans relâche pour diffuser la Torah, assurer l’éducation juive de la génération future, unir le peuple juif dans toutes ses composantes, soutenir les nécessiteux et porter fièrement le flambeau de la Torah au travers de tout Erets Israël, qu’il sillonne inlassablement et jusqu’à son dernier souffle. Baba ‘Haki fut en effet tué dans un terrible accident de la route le 25 Adar II 5730 (2 avril 1970), alors qu’il revenait de Nétivot où il avait entrepris de réconcilier un couple au bord du divorce.
Baba ‘Haki laissa un héritage spirituel considérable en Erets Israël, où il continue d’être vénéré par les Juifs originaires d’Afrique du Nord et d’ailleurs. Son inlassable action en faveur de la Torah continue de marquer les esprits, près de 50 ans après son décès tragique. D’innombrables écoles, synagogues et institutions torahiques portent encore son nom à travers tout Erets Israël.
Eliyahou Hanavi en personne…
Les enfants de Baba ‘Haki racontèrent que durant les vingt années où leur père demeura à Ramlé, une scène singulière se répétait chaque vendredi et chaque dimanche. Le vendredi, une femme que personne ne connaissait tapait à la porte et, sans même qu’elle n’ait besoin d’exprimer la moindre parole, Baba ‘Haki donnait l’ordre qu’on lui offre des mets pour le Chabbath. Le dimanche, c’était au tour d’un homme, lui aussi parfaitement inconnu, qui faisait son apparition et à qui on servait les plats restant du Chabbath. Il s’installait pour manger et son repas durait de longues heures. Ce n’est qu’après avoir fini sa collation et prononcé la bénédiction sur le repas qu’il repartait, pour ne réapparaitre que la semaine suivante. Ces épisodes se répétèrent inlassablement, chaque semaine durant plus de vingt ans… Pourtant, au décès de Baba ‘Haki, ces visites prirent instantanément fin et l’homme comme la femme disparurent complètement, comme s’ils n’avaient jamais existé… La famille de Baba ‘Haki se renseigna sur ces faits étranges auprès de Baba Salé qui fournit l’explication suivante : la femme n’était autre que Ra’hel Iménou et l’homme était en réalité Eliyahou Hanavi… Ils venaient chaque semaine pour profiter de l’aura du Tsadik…
L'appel du Chabbath
La profonde sagesse qui caractérisait Baba 'Haki lui permettait de saisir dès le premier regard la personnalité de son interlocuteur ainsi que la manière dont il pourrait éveiller son cœur à l'observance de la Torah. À ce propos, Rabbi Pin'has, le fils de Baba 'Haki, rapporte l'anecdote suivante : « Un Chabbath, alors que nous marchions avec mon père en direction de la synagogue, nous aperçûmes un Juif, probablement originaire d'Union soviétique, en train de travailler son jardin... Mon père s'approcha de lui et, avec sa douceur et son sourire légendaires, lui souhaita : "Chabbath Chalom, cher juif, que D.ieu te garde !" Nous passâmes notre chemin. Quand plus tard, nous revînmes de la synagogue, nous vîmes notre homme au même endroit, guettant notre retour. A notre vue, il courut vers mon père, s'inclina devant lui et lui baisa la main. Il lui dit : "Cher Rav, lorsque je vous ai vu vous approcher de moi, j'ai cru que vous veniez pour me réprimander et j'ai pris peur. Mais au lieu de cela, vous m'avez simplement souhaité un chaleureux Chabbath Chalom. Je vous promets, cher Rav, qu'à compter de ce jour, je ne transgresserai plus jamais le Chabbath".
Le lendemain, ce Juif vint effectivement au bureau de mon père et lui demanda de lui enseigner les rudiments du judaïsme. Il demanda également où il pouvait se procurer des Téfilines de bonne qualité. Au cours des années, à chaque fois que nous nous rencontrions, cet homme ne manquait pas de me rappeler cet épisode, insistant sur le fait que s'il avait commencé à observer le Chabbath et s'il était aujourd'hui un Juif pratiquant, le mérite en revenait à mon père. "Par la douceur de sa parole et par son rayonnement personnel, ton père parvint à réveiller ma sensibilité juive", disait-il. "Je savais que j'étais juif, mais rien en moi ne le laissait paraître. C'est suite aux paroles de ton père que j'ai décidé de faire Téchouva..." »
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