Chaque année, nous marquons la période de la Séfirat Ha’omer, le décompte du ‘Omer, au cours desquels nous comptons sept semaines, 49 jours qui séparent le premier jour de la fête de Pessa’h de la fête de Chavou’ot. On commence à compter à partir de la fin du premier jour de Pessa’h, et au bout du cinquantième jour, on célèbre la fête de Chavou’ot.
Le compte du ‘Omer est destiné en réalité à fixer la date de la fête de Chavou’ot. À la différence des autres fêtes juives, la fête de Chavou’ot n’a pas de date fixe. Dans la Torah, il n’est pas précisé de jour de célébration pour la fête de Chavou’ot, si ce n’est qu’elle aura lieu 49 jours après le lendemain du premier jour de la fête de Pessa’h.
Le cinquantième jour est toujours le 6 Sivan. Mais, dans les temps anciens, il est arrivé plus d’une fois que la fête de Chavou’ot soit célébrée le 7 Sivan. Cela s’est passé lorsque le calendrier était fixé par des témoins visuels qui venaient apporter leur témoignage : ils avaient aperçu la nouvelle lune, donc le nouveau mois avait commencé. Dans un tel cas, il est arrivé plus d’une fois que des témoins arrivent le 30ème jour du mois de Nissan, ce qui signifie que, ce jour-là, le mois d’Iyar avait commencé, alors que le mois de Nissan ne comporte que 29 jours. Si le mois de Nissan est un « mois plein » contenant 30 jours, le 50ème jour du compte du ‘Omer est le 6 Sivan. Mais si le mois de Nissan est un mois « manquant », le cinquantième jour sera le 7 Sivan. Et que se passe-t-il si le mois d’Iyar est également un mois manquant ? Ils fêtaient la fête de Chavou’ot le 8 Sivan.
Mais le compte du ‘Omer n’est pas seulement une période marquant l’attente entre le premier jour de Pessa’h et la fête de Chavou’ot. Ce décompte recèle une signification plus profonde : l’attente du Don de la Torah. Nous comptons chaque jour, treize, quatorze, quinze jours se sont déjà écoulés, il nous reste un jour de moins jusqu’au don de la Torah. Nous nous approchons de plus en plus du Don de la Torah, quelle émotion !
Il est important de connaître cet enseignement de nos Tsadikim : pour chaque fête que nous célébrons, nous redonnons vie aux événements survenus ce jour-là plusieurs milliers d’années auparavant. À Pessa’h, nous éveillons le thème de la Guéoula, la Délivrance et l’accès à la liberté. À Pourim, nous redonnons vie à l’idée suivante : « Les Juifs allaient prendre le dessus sur ceux qui les haïssaient », et à Chavou’ot, nous recevons à nouveau la Torah, avec des forces renouvelées.
En conséquence, de nos jours également, où nous avons la Torah, nous devons attendre et espérer la fête de Chavou’ot, et souhaiter avec une impatience fébrile le jour du don de la Torah.
Comment procéder dans la pratique ?
Il n’est pas suffisant de s’asseoir les jambes croisées et d’expliquer que nous attendons de recevoir la Torah.
Il nous faut agir, frotter notre cœur, faire briller notre âme et nous préparer concrètement au don de la Torah.
D’après les livres saints, lorsque les Bné Israël se trouvaient en Égypte, ils avaient plongé dans les 49 portes de l’impureté. Les Sages de la Kabbale expliquent qu’il existe 50 portes d’impureté, et les Bné Israël se trouvaient plongés au niveau de la 49ème porte. Ils étaient sur le point de tomber, que D.ieu préserve, dans la 50ème porte. La 50ème porte est un point de non-retour, on ne peut jamais plus en sortir. C’est pourquoi le Saint béni soit-Il s’est hâté de faire sortir les Bné Israël d’Égypte le premier jour de la fête de Pessa’h. À partir de là, ils ont subi un processus de purification et quittaient chaque jour une nouvelle porte d’impureté. Ils ont compté 49 jours et le 50ème jour, ils avaient déjà quitté les 49 portes de l’impureté et franchissaient les portes de la Kédoucha, la sainteté.
Nous devons également suivre cette voie : exploitons cette période du ‘Omer pour nous purifier sur le plan spirituel, pour sortir de l’impureté. Renonçons chaque jour à quelque chose qui nous limite du point de vue spirituel. Offrons chaque jour un petit Korban (offrande) au Saint béni soit-Il. Un jour, renforçons-nous sur le thème de la honte infligée à notre prochain, engageons-nous à éviter de blesser nos amis. Le lendemain, renforçons-nous dans le domaine du mensonge, le surlendemain, soyons plus attentifs à l’argent et aux biens d’autrui. Un jour, veillons davantage à préserver notre regard pour éviter de voir des images peu recommandables. Chacun agira en fonction du niveau spirituel où il se trouve en cette période. Au terme des 49 jours, regardons en arrière et voyons combien nous avons, nous aussi, une sorte de sortie d’Égypte à notre actif : nous avons quitté l’esclavage pour accéder à la liberté, et plutôt que d’être asservi au mauvais penchant qui nous enchaîne et nous attire vers le monde matériel, nous avons progressé, nous nous sommes libérés au moins d’une partie des chaînes qui nous liaient, et avons atteint un lieu plus spirituel.
Allez, vous attendez quoi, au travail !
Yaakov Lustig