II advint, après ces événements que l'échanson du roi d'Égypte et le panetier offensèrent leur maître, le roi d'Égypte.
Après ces choses-là
Etant donné que cette femme perfide avait fait de ce juste un sujet de conversation et un objet de calomnie pour chacun, le Saint béni soit-Il a fait commettre une faute à ces deux dignitaires, afin de détourner sur eux l’attention qui s’était portée sur Yossef (Beréchith raba 88, 1), et aussi afin que la délivrance de ce juste s’opère par leur entremise (Pessiqta zoutretha)
Péchèrent
Il a été trouvé chez le premier une mouche dans la coupe où buvait Pharaon, chez le second du sable dans son pain (Beréchith raba 88, 2)
Et le panetier (wehaofè – littéralement : « et celui qui cuit »)
Le pain du roi. Le mot hébreu afiya ne s’applique qu’au pain. En français médiéval : « pestor »
40,2
Pharaon, irrité contre ses deux officiers, le maître échanson et le maître panetier,
40,3
les fit mettre aux arrêts dans la maison du chef des gardes, dans la Rotonde, le même lieu où Joseph était captif.
40,4
Le chef des gardes mit Joseph à leur disposition et celui ci les servit. Ils étaient depuis quelque temps aux arrêts,
Le chef des gardes désigna Yossef
Pour qu’il soit avec eux
Ils restèrent de nombreux jours sous garde
Le mot yamim (« de nombreux jours ») signifie douze mois (voir Rachi supra 24, 55)
40,5
lorsqu'ils eurent un rêve tous les deux, chacun le sien, la même nuit et chacun selon le sens de son rêve; l'échanson et le panetier du roi d'Égypte, détenus dans la Rotonde.
Ils firent un rêve
Au sens simple, ils ont fait chacun un rêve. Selon le midrach, chacun a rêvé « le rêve des deux », [le mot ‘halom (« rêve ») se lisant ici au cas construit, de sorte qu’il faut comprendre : « le rêve de tous les deux », et non : « tous les deux un rêve »]. Chacun a rêvé son propre rêve et l’interprétation du rêve de son compagnon. C’est pourquoi il est écrit (verset 16) : « le maître des panetiers vit qu’il avait bien interprété »(Berakhoth 55b, Beréchith raba 88, 4)
Chacun selon l’interprétation de son rêve
Chacun a fait un rêve qui correspondait à l’interprétation qui allait lui être donnée
40,6
Joseph, étant venu près d'eux le matin, remarqua qu'ils étaient soucieux.
Tourmentés (zo‘afim)
Inquiets, comme dans : « triste et tourmenté (weza’éf) » (I Melakhim 20, 43), ou dans : « je porterai la colère (za’af) de Hachem » (Mikha 7, 9)
40,7
II demanda aux officiers de Pharaon, qui étaient avec lui en prison chez son maître: "Pourquoi votre visage est-il sombre aujourd'hui?"
40,8
Ils lui répondirent: "Nous avons fait un songe et il n'y a personne pour l'interpréter." Joseph leur dit: "L'interprétation n'est elle pas à Dieu? Dites les moi, je vous prie."
40,9
Le maître échanson raconta son rêve à Joseph, en disant: "Dans mon rêve, une vigne était devant moi.
40,10
A cette vigne étaient trois pampres. Or, elle semblait se couvrir de fleurs, ses bourgeons se développaient, ses grappes mûrissaient leurs raisins.
Trois pampres
Des sarments longs que l’on appelle en français médiéval des « wediz »
Et elle était comme bourgeonnant
Comme si elle bourgeonnait. Dans mon rêve, elle me semblait commencer de bourgeonner (pèra‘h), et après les premiers bourgeons, elle se développait et devenait fleur (nèts). En français : « épanouir ». Ensuite ses grappes « firent mûrir ». Le mot « fleurir » est rendu par le Targoum par « fleurir en faisant sortir des vrilles », comme dans : « lorsque la fleur sera devenue une grappe mûre (nitsa) » (Yecha’ya 18, 5), ou dans : « il avait fait sortir un bouton (pèra‘h), fait éclore une fleur (tsits) » (Bamidbar 17, 23)
40,11
J'avais en main la coupe de Pharaon; je cueillais les raisins, j'en exprimais le jus dans la coupe de Pharaon et je présentais la coupe à la main du roi."
Je pressais (waès‘hat)
C’est ainsi que traduit le Targoum. On trouve dans la michna de nombreux exemples de ce mot
40,12
Joseph lui répondit: "En voici l'explication. Les trois pampres, ce sont trois jours.
Ce sont trois jours
Ils signifient pour toi trois jours. Il existe de nombreux midrachim à ce sujet (‘Houlin 92a, Beréchith raba 88, 5)
40,13
Trois jours encore et Pharaon te fera élargir et il te rétablira dans ton poste; et tu mettras la coupe de Pharaon dans sa main, comme tu le faisais précédemment en qualité d'échanson.
Pharaon élèvera ta tête
Cette expression suggère une idée de « dénombrement » (voir Chemoth 30, 12). Quand Pharaon dénombrera ses serviteurs pour le servir pendant ses repas, il te comptera parmi eux
Ta charge
Ton poste et ton siège
40,14
Si tu te souviens de moi lorsque tu seras heureux, rends-moi, de grâce, un bon office: parle de moi à Pharaon et fais moi sortir de cette demeure.
Si (ki im) tu te souviens de moi
[Tu seras rétabli à ton poste et tu retrouveras ton influence,] de sorte que (ki) si (im) tu conserves présente à l’esprit mon interprétation favorable
Fais envers moi
Le mot na (« je te prie ») signifie toujours une imploration (Berakhoth 9a)
40,15
Car j'ai été enlevé, oui, enlevé du pays des Hébreux; et ici non plus je n'avais rien fait lorsqu'on m'a jeté dans ce cachot."
40,16
Le maître panetier, voyant qu'il avait interprété dans un sens favorable, dit à Joseph: "Pour moi, dans mon songe j'avais trois corbeilles à claire voie sur la tête.
Des paniers à claire-voie
Des paniers fabriqués avec de minces planchettes de bois, séparées par des espaces vides. Ils sont très répandus chez nous. Les vendeurs de pâtisseries que l’on appelle en français médiéval des « oublies » utilisent cette sorte de paniers
40,17
La corbeille supérieure contenait tout ce que mange Pharaon en fait de boulangerie; et les oiseaux le becquetaient dans la corbeille, au dessus de ma tête."
40,18
Joseph répondit en ces termes: "En voici l’explication. Les trois corbeilles, ce sont trois jours.
40,19
Trois jours encore et Pharaon te feratrancher la tête et attacher à un gibet; et les oiseaux viendront becqueter ta chair."
40,20
Or, le troisième jour, anniversaire de la naissance de Pharaon, celui ci donna un banquet à tous ses serviteurs. II porta le maître échanson et le maître panetier sur la liste de ses serviteurs.
Jour de la naissance
Le jour de son engendrement, que l’on appelle [dans le talmud (‘Avoda Zara 10a)] guénoussiya (« fête anniversaire »). Le mot houlèdèth (« engendrement ») est au hof’al : « a été engendré », parce que l’enfant n’est mis au monde qu’avec l’aide d’autrui, à savoir la sage-femme qui fait accoucher la mère. C’est pourquoi « sage-femme » se dit en hébreu meyalèdèth. On trouve la même construction au hof’al dans : « et à ton engendrement (oumoldothayikh), le jour où tu es née (houlèdèth) » (Ye‘hezqel 16, 4), ou dans : « cette plaie, après avoir été lavée (oukabés) » (Wayiqra 13, 55), puisqu’elle doit avoir été lavée par quelqu’un d’autre
Il porta éleva ta tête
Il les a dénombrés avec le reste de serviteurs, faisant le compte de ceux qui assureraient le service pendant le repas, et il s’est souvenu également d’eux. On trouve la même expression dans : « faites le relevé (littéralement : “élevez la tête”) » (Bamidbar 1, 2), dans le sens de « compter »
40,21
Il préposa de nouveau le maître échanson à sa boisson et celui-ci présenta la coupe à la main de Pharaon;
40,22
et le maître panetier, il le fit pendre, ainsi que l'avait présagé Joseph.
40,23
Mais le maître échanson ne se souvint plus de Joseph, il l’oublia.
Et le maître-échanson ne se souvint pas
Le jour même
Il l’oublia
Les jours suivants. Joseph, parce qu’il avait mis toute sa confiance dans le maître-échanson, pensant qu’il se souviendrait de lui, a dû rester en prison pendant deux ans. Ainsi qu’il est écrit : « Heureux l’homme qui met sa confiance dans Hachem et qui ne se tourne pas vers les arrogants (rehavim) » (Tehilim 40, 5), à savoir : qui ne met pas sa confiance dans les Egyptiens, lesquels sont appelés rahav (« arrogants ») (Yecha’ya 30, 7)
Etant donné que cette femme perfide avait fait de ce juste un sujet de conversation et un objet de calomnie pour chacun, le Saint béni soit-Il a fait commettre une faute à ces deux dignitaires, afin de détourner sur eux l’attention qui s’était portée sur Yossef (Beréchith raba 88, 1), et aussi afin que la délivrance de ce juste s’opère par leur entremise (Pessiqta zoutretha)