Après un intervalle de deux années, Pharaon eut un songe, où il se voyait debout au bord du fleuve.
Ce fut
Comme le traduit le Targoum : à la fin. Le mot qéts signifie toujours « fin »
Sur le fleuve (hayeor)
Aucun autre fleuve que le Nil n’est appelé yeor. C’est parce que le pays est sillonné de nombreux canaux artificiels (yeorim) dans lesquels se répandent, à des fins d’irrigation, les eaux du Nil. Car les pluies ne sont pas, en Egypte, aussi fréquentes que dans les autres pays
41,2
Et voici que du fleuve sortaient sept vaches belles et grasses, qui se mirent à paître dans l'herbage;
Belles à voir
C’est une indication pour les jours d’abondance, où les créatures paraîtront belles les unes aux autres et où l’on ne se regardera pas d’un œil revêche (Beréchith raba 89, 4)
Dans l’herbage
Prairie marécageuse. En français médiéval : « maresc », comme dans : « l’herbe des marais (a‘hou) pousse » (Iyov 8, 11)
41,3
puis sept autres vaches sortirent du fleuve après elles, celles là chétives et maigres et s'arrêtèrent près des premières au bord du fleuve;
Maigres de chair
En français médiéval : « tenves », à savoir « minces »
41,4
et les vaches chétives et maigres dévorèrent les sept vaches belles et grasses. Alors Pharaon s'éveilla.
Mangèrent
Signe que toute la joie de l’abondance sera oubliée quand viendront les jours de famine
41,5
Il se rendormit et eut un nouveau songe. Voici que sept épis, pleins et beaux, s'élevaient sur une seule tige;
Sur une seule tige
En français médiéval : « tudel » (« tuyau »)
Sains
En français : « sains »
41,6
puis sept épis maigres et flétris par le vent d'est, s'élevèrent après eux,
Brûlés
En français : « hâlés ». Traduction du Targoum : frappés (cheqifan) par le vent d’orient, de la même racine que le mot hébreu machqof (« seuil »), continuellement frappé par le battant de la porte
Le vent d’orient
Un vent d’orient qu’on appelle en français la « bise »
41,7
et ces épis maigres engloutirent les sept épis grenus et pleins. Pharaon s'éveilla et c'était un songe.
Sains
En français : « sains »
C’était un rêve
Le rêve étant désormais achevé, restait à trouver des gens aptes à l’interpréter
41,8
Mais, le matin venu, son esprit en fut troublé et il manda tous les magiciens de l'Égypte et tous ses savants. Pharaon leur exposa son rêve, mais nul ne put lui en expliquer le sens.
Son esprit fut agité (watipa‘èm)
C’est ainsi que traduit le Targoum. Son esprit était agité comme sous l’effet du battement d’une cloche (pa’amon). Le même mot est employé chez Nevoukhadretsar, mais au hithpa’él : watithpo’èm (avec deux taw), parce qu’il était doublement tourmenté : il avait oublié son rêve et en plus sa signification lui échappait (Beréchith raba 89, 5)
Les devins
Le mot ‘hartoumim (« devins ») se décompose en deux mots : hané‘harim (« ceux qui scrutent ardemment ») et timé (« ossements » en araméen). Il s’agit de nécromanciens. On trouve dans la michna l’expression : « une maison pleine d’ossements (tamaya) (Ohaloth 17, 3. Voir Rachi Berakhoth 59a, s.v. ouva tamaya)
Et nul ne put les interpréter à Pharaon
Ils étaient capables de les interpréter, mais pas « à Pharaon ». Ce qu’ils disaient ne pénétrait pas dans son entendement, et il ne trouvait dans leurs interprétations aucun apaisement. Car ils lui disaient qu’il aurait sept filles et qu’ils les enterrerait toutes (Beréchith raba 89, 6)
41,9
Alors le maître échanson parla devant Pharaon en ces termes: "Je rappelle, en cette occasion, mes fautes.
41,10
Un jour, Pharaon était irrité contre ses serviteurs; et il nous fit enfermer dans la maison du chef des gardes, moi et le maître panetier.
41,11
Nous eûmes un rêve la même nuit, lui et moi, chacun selon le pronostic de son rêve.
Chacun a rêvé selon l’interprétation de son rêve
Le rêve de chacun a appelé l’interprétation qui lui en a été donnée par la suite et lui a correspondu
41,12
Là était avec nous un jeune hébreu, esclave du chef des gardes. Nous lui racontâmes nos songes et il nous les interpréta, à chacun selon le sens du sien.
Un jeune Hébreu
Maudits soient les impies, dont même les bonnes actions qu’il leur arrive d’accomplir ne sont pas complètes ! Le maître-échanson parle ici de Yossef en des termes méprisants
« Hébreu »
il ne connaît même pas notre langue
« Serviteur »
les lois fondamentales de l’Egypte interdisent à un serviteur d’occuper une fonction royale ou de revêtir des vêtements princiers (Beréchith raba 89, 7)
41,13
Or, comme il nous avait pronostiqué, ainsi fut-il: moi, je fus rétabli dans mon poste et lui on le pendit."
On me rétablit dans mon poste
Le sujet du verbe est « Pharaon », dont il vient d’être question dans « Pharaon était irrité contre ses serviteurs » (verset 10). Le texte emploie un langage elliptique et sous-entend le sujet, parce qu’il n’est pas nécessaire pour sa compréhension de préciser qui « a rétabli ». Il est évident que seul pouvait « rétablir » celui qui avait autorité pour le faire, à savoir Pharaon. Il en est ainsi de tous les versets comportant des ellipses : lorsqu’on sait qui fait l’action, le texte omet le sujet du verbe
41,14
Pharaon envoya quérir Joseph, qu'on fit sur le champ sortir de la geôle; il se rasa et changea de vêtements, puis il parut devant Pharaon.
Du cachot
Du cachot qui est creusé comme un puits. Le mot bor (« puits ») a toujours le sens de « creux », même s’il n’y a pas d’eau. En français : « fosse »
Il se rasa
En l’honneur du roi (Beréchith raba 89, 9)
41,15
Et Pharaon dit à Joseph: "J'ai eu un songe et nul ne l'explique; mais j'ai ouï dire, quant à toi, que tu entends l'art d'interpréter un songe."
Tu entends un songe pour l’interpréter
Tu t’appliques à comprendre un rêve de manière à l’interpréter
Tu entends (tichma’)
Dans le sens de comprendre et d’appliquer son attention, comme dans : « et eux ne savaient pas que Yossef entendait (chomé’a) » (infra 42, 23), ou dans : « nation dont tu n’entendras pas la langue (lo tichma’) » (Devarim 28, 49). En français : « entendre »
41,16
Joseph répondit à Pharaon en disant: "Ce n'est pas moi, c'est Dieu, qui saura tranquilliser Pharaon."
Ce n’est pas moi
La sagesse n’est pas de moi, mais « c’est Eloqim qui donnera une réponse ». Il mettra dans ma bouche la réponse qui « donnera la paix à Pharaon »
41,17
Alors Pharaon parla ainsi à Joseph: "Dans mon songe, je me tenais au bord du fleuve.
41,18
Et voici que du fleuve sortirent sept vaches grasses et de belle taille, qui vinrent paître dans l'herbage;
41,19
puis sept autres vaches les suivirent, maigres, d'apparence fort chétive et toutes décharnées: je n'en ai point vu d'aussi misérables dans tout le pays d'Égypte.
Pauvres
Maigres, comme dans : « pourquoi es-tu aussi pauvre (dal) ? » (II Chemouel 13, 4), à propos d’Amnon
Et maigres de chair
Le mot raqoth, dans le texte, signifie toujours une absence de chair. En français médiéval : « bloses »
41,20
Ces vaches maigres et chétives dévorèrent les sept premières vaches, les grasses.
41,21
Celles ci donc passèrent dans leur corps, mais on ne se serait pas douté qu'elles y eussent passé: elles étaient chétives comme auparavant. Je m'éveillai.
41,22
Puis je vis en songe sept épis, s'élevant sur une même tige, pleins et beaux;
41,23
ensuite sept épis secs, maigres, brûlés par le vent d'est, s'élevèrent après eux,
Desséchés (tsenoumoth)
Le mot araméen tsounma signifie « rocher » (Baba Batra 18a). Ces épis étaient comme du bois sans sève, ils étaient durs comme de la pierre. Selon la traduction du Targoum, ils ne portaient que l’enveloppe et ne contenaient pas de grains
41,24
et ces épis maigres absorbèrent les sept beaux épis. Je l'ai raconté aux magiciens et nul ne me l'a expliqué."
41,25
Joseph dit à Pharaon: "Le songe de Pharaon est un: ce que Dieu prépare, il l'a annoncé à Pharaon.
41,26
Les sept belles vaches, ce sont sept années; les sept beaux épis, sept années: c'est un même songe.
Sept années
Ce sont les mêmes sept années. Et si le rêve s’est répété à deux reprises, c’est que la chose est imminente, comme le dira Yossef : « quant à la répétition du rêve à Pharaon par deux fois... ». (verset 32). Lorsqu’il prédit les sept bonnes années, il dit à Pharaon : « ce que Eloqim prépare, Il l’a “déclaré” à Pharaon » (verset 25), car une annonce s’applique à ce qui va avoir lieu immédiatement. Tandis que pour les mauvaises, il lui dit : « ce que Eloqim prépare, Il le “montre” à Pharaon » (verset 28), le verbe « montrer » convenant mieux à la révélation d’une information à échéance plus éloignée et plus lointaine
41,27
Et les sept vaches maigres et laides qui sont sorties en second lieu, sept années, de même que les sept épis vides frappés par le vent d'est. Ce seront sept années de famine.
41,28
C'est bien ce que je disais à Pharaon ce que Dieu prépare, il l'a révélé à Pharaon.
41,29
Oui, sept années vont venir, abondance extraordinaire dans tout le territoire d'Égypte.
41,30
Mais sept années de disette surgiront après elles et toute abondance disparaîtra dans le pays d'Égypte et la famine épuisera le pays.
Et toute l’abondance sera oubliée
C’est ce que voulait dire l’engloutissement [des premières vaches par les secondes et des épis pleins par les vides]
41,31
Le souvenir de l'abondance sera effacé dans le pays par cette famine qui surviendra, car elle sera excessive.
Ne sera plus connue
C’est ce que voulait dire : « sans qu’on sût qu’elles fussent passées dans leur ventre » (verset 21)
41,32
Et si le songe s'est reproduit à Pharaon par deux fois, c'est que la chose est arrêtée devant Dieu, c'est que Dieu est sur le point de l'accomplir.
Arrêtée
Imminente
41,33
Donc, que Pharaon choisisse un homme prudent et sage et qu'il le prépose au pays d'Égypte.
41,34
Que Pharaon avise à ce qu'on établisse des commissaires dans le pays et qu'on impose d'un cinquième le territoire d'Égypte durant les sept années d'abondance.
Et qu’on impose d’un cinquième (we‘himéch)
Traduction du Targoum : « qu’ils préparent », comme dans : « équipés » (‘hamouchim) (Chemoth 13, 18)
41,35
Qu'on amasse toute la nourriture de ces années fertiles qui approchent; qu'on emmagasine du blé sous la main de Pharaon, pour l'approvisionnement des villes et qu'on le tienne en réserve.
Toute la nourriture
Le mot okhel est ici un substantif, et l’accent tonique est mis sur l’avant-dernière syllabe (alèf), la syllabe finale étant ponctuée d’un sègol. Lorsque le même mot est un verbe, comme dans : « quiconque mangera du suif » (Wayiqra 7, 13), il est accentué sous la dernière syllabe, laquelle est alors ponctuée d’un tséré
Sous la main de Pharaon
Sous son autorité et dans ses entrepôts
41,36
Ces provisions seront une ressource pour le pays, lors des sept années de disette qui surviendront en Égypte, afin que ce pays ne périsse pas par la famine."
La nourriture...
...ainsi amassée sera comme toute autre réserve emmagasinée pour assurer la subsistance du pays
41,37
Ce discours plut à Pharaon et à tous ses serviteurs.
41,38
Et Pharaon dit à ses serviteurs: "Pourrions-nous trouver un homme tel que celui-ci, plein de l'esprit de Dieu?"
Trouverons-nous
Traduction du Targoum : « Si nous en cherchions, en trouverions-nous un comme lui ? » Le verbe hanimtsa est à la forme interrogative. Aussi le préfixe hé, comme toujours dans ce cas, est-il ponctué d’un ‘hataf pata‘h (« petit pata‘h ») comme marquant une interrogation
41,39
Et Pharaon dit à Joseph: "Puisque Dieu t'a révélé tout cela, nul n'est sage et entendu comme toi.
Nul n’est intelligent et sage comme toi
Pour chercher « l’homme intelligent et sage » dont tu as parlé (verset 33), il ne s’en trouvera pas « comme toi »
41,40
C'est toi qui sera le chef de ma maison; tout mon peuple sera gouverné par ta parole et je n'aurai sur toi que la prééminence du trône."
Sera nourri (yichaq)
C’est la traduction du Targoum. Tous les besoins de mon peuple seront satisfaits par tes soins, comme dans : « l’intendant (ben mèchèq) de ma maison » (supra 15, 2), ou dans : « attachez-vous (nachqou) à ce qui est pur » (Tehilim 2, 12). En français médiéval : « garnison »
Seulement par le trône
C’est moi qui continuerai d’être appelé le roi
le trône
Le mot kissé (« trône ») est l’expression de la dignité royale, comme dans : « il a agrandi son trône (kisso) au-dessus du trône (mikissé) de mon maître le roi » (I Melakhim 1, 37)
41,41
Pharaon dit à Joseph: "Vois! je te mets à la tête de tout le pays d’Égypte."
Je t’ai placé (nathati – littéralement : « je t’ai donné »)
Traduction du Targoum : « Je t’ai nommé ». On trouve tout de même ici une idée de « donner », comme dans : « pour te placer (oulethitekha) plus haut » (Devarim 26, 19). Le même mot « donner » convient tout aussi bien pour exprimer l’idée d’élévation que celle d’abaissement, comme dans : « Je vous ai rendus (nathati) méprisés et humiliés » (Malakhi 2, 9)
41,42
Et Pharaon ôta son anneau de sa main et le passa à celle de Joseph; il le fit habiller de byssus et suspendit le collier d’or de son cou.
Et Pharaon ôta son anneau
Quand un roi retire son anneau pour le donner à quelqu’un, c’est qu’il le nomme son second en majesté
De vêtements de lin
Signe, en Egypte, de haute considération (voir Rachi, supra 2, 11)
Le collier
On l’appelle en hébreu revid parce qu’il est composé de chaînons assemblés entre eux, comme dans : « j’ai couvert mon lit d’ornements assemblés en tapisserie (marvadim) » (Michlei 7, 16), ou dans la michna : « entouré de rangées (rouvadin) de pierres » (Middoth 1, 8), « sur la rangée (rovèd) de pierres de la cour du Temple » (Yoma 43b), à savoir le sol carrelé (ritspa), [de la même racine]
41,43
Il le fit monter sur son second char; on cria devant lui: Abrêk et il fut installé chef de tout le pays d'Égypte.
Sur son deuxième char
Le deuxième, juste après celui du roi, et qui le suit en deuxième position, [et non : « dans le char du vice-roi »]
Avrékh
Traduction du Targoum : Le père [à savoir le conseiller] du roi. Le mot araméen rékh (ou latin rex, selon certaines éditions) veut dire « roi », comme dans « ni noble (rékha) ni fils de noble » (Baba Batra 4a). Dans le midrach, rabi Yehouda applique le mot avrékh à Yossef en ce qu’il était av (« père ») en sagesse, et rékh (« tendre ») en années (Sifri Devarim 1). Sur quoi rabi Yossé ben Dourmasqith lui a objecté : « Jusqu’à quand vas-tu détourner les textes de leur sens ? Le mot avrékh n’a pas d’autre signification que celle de « genoux » (birkayim), voulant dire ici que tous lui étaient soumis, comme indiqué à la fin du verset : « il fut installé dans tout le pays d’Egypte »
41,44
Pharaon dit à Joseph: "Je suis le Pharaon; mais, sans ton ordre, nul ne remuera la main ni le pied dans tout le pays d'Égypte."
Je suis le Pharaon
Je dispose sur mon royaume du pouvoir absolu, et je décide donc que « nul ne lèvera la main en dehors de toi
sans toi
Sans ton autorisation. Autre explication : « Je suis le Pharaon » – je reste le roi, « et sans toi... ». On retrouve ici la même idée qu’au verset 40 : « seulement par le trône je serai plus grand que toi »
"Sa main
Comme le traduit le Targoum : « Sa main » pour saisir une arme, « son pied » pour monter à cheval
41,45
Pharaon surnomma Joseph Çâfenath Panéah et il lui donna pour femme Asenath, fille de Pôti Féra, prêtre d'On. Joseph fit une excursion dans le pays d'Égypte.
Tsafenath Pa’néa‘h
Qui explique les choses cachées (tsefounoth). Quant au mot pa’néa‘h, on ne le trouve nulle part ailleurs dans le texte biblique
Poti Fèra’
Il s’agit de Potifar. On l’a appelé Poti Fèra’ parce qu’il s’est imposé la castration pour avoir conçu un désir impur pour Yossef, [le mot féra’ impliquant l’idée de castration] (Sota 13b)
41,46
Or, Joseph avait trente ans lorsqu'il parut devant Pharaon, roi d'Egypte. Joseph, étant sorti de devant Pharaon, parcourut tout le pays d'Egypte.
41,47
La terre, pendant les sept années de fertilité, produisit d'abondantes moissons.
La terre rapporta (wata‘as)
Comme le traduit le Targoum : « les habitants du pays rassemblèrent ». Le verbe conserve, de toutes manières, le sens de « faire »
A pleines mains (liqmatsim)
Ils emmagasinaient « poignée (qomets) sur poignée », brassée sur brassée
41,48
On amassa toutes les denrées des sept années, qui se trouvèrent dans le pays d'Égypte et l'on approvisionna les villes: on mit dans chaque ville les denrées des campagnes d'alentour.
Il mit dans chaque ville la nourriture des champs qui étaient autour d’elle
Chaque région veillait à la conservation de ses propres productions, [celles-ci restant entreposées à proximité immédiate du lieu où elles avaient été récoltées]. On y ajoutait, afin de les empêcher de pourrir, un peu de la terre dans laquelle elles avaient poussé (Beréchith raba 90, 5)
41,49
Et Joseph fit des amas de blé considérables comme le sable de la mer; tellement qu'on cessa de le compter, car c'était incalculable.
Tellement qu’on cessa de compter
Au point que celui qui comptait cessait de compter. Le texte emploie ici un langage elliptique
Car (ki) c’était sans nombre
La conjonction ki est employée ici dans le sens de « car » (voir Roch haChana 3a. Voir aussi Rachi supra 18, 15)
41,50
Or, il naquit à Joseph, avant qu'arrivât la période de disette, deux fils, que lui donna Asenath, fille de Pôti Féra, prêtre d'On.
Avant que ne vînt l’année de famine
D’où l’on apprend qu’il est interdit d’avoir des rapports avec sa femme en période de famine (Ta‘anith 11a)
41,51
Joseph appela le premier né Manassé: "Car Dieu m'a fait oublier toutes mes tribulations et toute la maison de mon père."
41,52
Au second, il donna le nom d'Éphraïm: "Car Dieu m'a fait fructifier dans le pays de ma misère."
41,53
Quand furent écoulées les sept années de l'abondance qui régnait dans le pays d'Égypte,
41,54
survinrent les sept années dedisette, comme l'avait prédit Joseph. II y eut famine dans tous les pays, mais dans tout le pays d'Égypte il y avait du pain.
41,55
Tout le territoire égyptien étant affligé par la disette, le peuple demanda à grands cris, à Pharaon, du pain. Mais Pharaon répondit à tous les Égyptiens: "Allez à Joseph; ce qu'il vous dira, vous le ferez."
Tout le pays d’Egypte était affamé
Parce que les réserves qu’ils avaient accumulées, hormis celles réunies sous l’autorité de Yossef, s’étaient gâtées (Beréchith raba 90)
Ce qu’il vous dira
Yossef leur disait de se faire circoncire. Ils se présentaient alors devant Pharaon et lui disaient : « Voilà ce que nous a dit Yossef ! » Pharaon leur répondait : « Mais pourquoi n’avez-vous pas amassé des réserves de grain ? Il avait pourtant fait proclamer que des années de famine allaient venir ! » Ils lui disaient alors : « Nous avons effectivement accumulé des réserves, mais elles se sont gâtées ». D’où l’ordre de Pharaon : « S’il en est ainsi, “ce qu’il vous dira, vous le ferez” C’est lui qui a donné des ordres quant à la conservation du grain, et il s’est gâté ! Et s’il décrétait que nous devions mourir ? » (Beréchith raba 91, 5)
41,56
Comme la famine régnait sur toute la contrée, Joseph ouvrit tous les greniers et vendit du blé aux Égyptiens. La famine persista dans le pays d'Égypte.
Sur toute la face de la terre
Y compris les notables de la terre, c’est-à-dire les riches (Midrach tan‘houma et Beréchith raba 91, 5)
Tous les greniers (eth kol achèr bahèm – littéralement : « tout ce qui se trouvait dans eux »)
Traduction du Targoum : « tout ce qui contenait du grain »
Il vendit du blé aux Egyptiens
Le verbe hébreu chevor peut signifier « vendre » ou « acheter ». Il signifie ici « vendre », comme dans : « achetez-nous (chivrou) un peu de nourriture » (infra 43, 2). Il ne faut pas croire qu’il ne s’emploie que pour le blé, car on l’utilise aussi pour le vin et le lait, comme dans : « allez acheter (chivrou) sans argent et sans paiement vin et lait » (Yecha’ya 55, 1)
41,57
De tous les pays on venait en Égypte pour acheter à Joseph, car la famine était grande dans toute la contrée.
De toute la terre on venait en Egypte pour acheter à (èl) Yossef
Il faut changer l’ordre des mots et comprendre : « et toute la terre venait en Egypte “chez” Yossef pour acheter », car si on devait comprendre comme le suggère la lettre du texte, il aurait fallu écrire : « “de” Yossef » [avec la préposition min au lieu de èl]
Comme le traduit le Targoum : à la fin. Le mot qéts signifie toujours « fin »