Perchés sur les orteils de notre petitesse, on aime à « considérer » les desseins du Très-Haut, à jauger Son intervention (ou Sa non-intervention) dans le cours de l’histoire, à s’offusquer du manque de cohérence de Ses actions (le bon est éprouvé, le mécréant jouit) et à s’en fâcher.
On n’est pas d’accord avec le scénario, on voudrait que la pièce se déroule autrement, on a à redire. Et si ce n’est pas en public, c’est dans le cœur.
Voici le récit d’un petit garçon qui aimait le baseball et qui renonça à une finale qui s’annonçait épique. Sans tragédie ni drame, il comprendra des années plus tard pourquoi D.ieu ne répond pas toujours à nos prières.
L’histoire est simple mais tellement éloquente. Écoutons-la.
"Rav Ben Chochane a grandi aux USA. Là-bas, même dans les Jewish Schools, l’attrait du sport est immense.
Et le futur rabbin, à 9 ans, préférait de loin le terrain de baseball au cours de Michna. D’autant plus qu’il était un as de la batte et du gant, et que cet après-midi, à la récré, allait se jouer une finale contre la classe parallèle. Un trophée était en jeu, et il savait qu’il serait le clou du match.
Mais ce jour-là, Rubi, son meilleur copain, lui dit :
« Je peux te demander quelque chose ? Ça te dérange de rester en classe cet après-midi pour dire Téhilim ? Ma mère est à l’hôpital… »
- « Mince. Qu’est-ce qui se passe ? »
- « Non, rien de grave. Maman doit accoucher, et je veux un petit frère. J’ai six sœurs et je n’en peux plus… »
Compatissant, notre baseballer en culottes courtes renonça à son match. Et ce fut un renoncement de taille. De la taille d’un enfant qui adorrrrrrrrre jouer au baseball.
La prière des enfants fut bientôt interrompue par le grincement d’une porte, laissant apparaître le papa de Rubi, tout sourire, venu à l’école annoncer à son fils la bonne nouvelle :
« Rubi, Mazal Tov, mon garçon ! Maman a eu une petite fille. Tu as une nouvelle petite sœur. »
Boum, crash !!!
Rubi sentit les larmes lui monter aux yeux, et le petit Ben, à ses côtés, n’en crut pas ses oreilles.
Et cette expérience de prière non exaucée lui resta longtemps en tête. Jusqu'à l'âge adulte.
Deux enfants innocents ont une requête qui n’est pas entendue. Qu’est-ce que cela coûte à D.ieu de réaliser cette demande ?
Comme un petit caillou qui s’infiltre dans une chaussure, Ben garda en son cœur une petite rancœur : quelque chose de contrarié et de déçu.
20 ans s’écoulèrent.
Petit Ben devint grand et se mit en quête de sa moitié, qu’il tardait à trouver.
Des années passèrent avant qu’on ne lui présente une jeune fille adorable.
Ils se fiancèrent.
Une fois l’assiette cassée (Mazal Tov !!), l’atmosphère se détendant, on commença à papoter, à mieux connaître la famille du conjoint… Et on découvrit alors quelque chose que les renseignements n’avaient pas révélé :
La fiancée, de neuf ans sa cadette, était ce bébé, la petite sœur de son copain, pour lequel, des années plus tôt, Ben avait tant prié, demandant qu’elle soit un garçon… !!!"
Après coup, c’est facile : on rembobine et on s’émerveille, parce qu’on comprend :
« Ahaha !! Bien sûr que le Très-Haut n’allait pas écouter cette
prière… »
Et si, une fois, une seule, dans le vif de la frustration d’une requête non exaucée, face à quelque chose qui ne nous revient pas, on décidait de retenir son amertume, sa colère, sa logique…
Et que, dans un effort suprême, on essayait de fermer sa boîte à penser…
Pour enfin laisser l’Éternel nous faire du Bien.
Sans comprendre. Et sans râler.
À copier-coller sur tous les événements de notre vie.
Ça fait tellement de bien !
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