Histoire extraordinaire relatée par le Rav Elimélekh Biderman : dans un Talmud Torah de Bné Brak, un enseignant animé de crainte du ciel faisait son travail avec dévouement, et ne s’arrêtait jamais au milieu d’un cours, excepté dans des cas d’extrême urgence, qui étaient exceptionnellement rares.
Un jour, à l’approche de Pessa’h, il s’excusa auprès de ses élèves au milieu du cours et se rendit dans la salle des professeurs. L’un des directeurs qui avait remarqué qu’il sortait, l’entendit téléphoner à son domicile et demander d’une voix inquiète si les anciens costumes qui se trouvaient dans l’armoire avaient été jetés à la poubelle.
Apparemment, la réponse fut positive. On l’entendit demander : « Descendez rapidement vérifier si les poubelles ont déjà été vidées. » Il attendit une minute ou deux dans la tension, puis on lui dit quelque chose au bout du fil, et l’enseignant répéta à voix haute : « Alors les employés de la municipalité ont déjà tout vidé… ». Après un bref silence, il ajouta quelques mots de conclusion, raccrocha et retourna dans sa classe pour donner la suite du cours.
Le directeur s’étonna de sa conduite inhabituelle, et à la première occasion, il lui demanda pourquoi il était parti en plein cours pour téléphoner, ce qui lui paraissait surprenant.
Et l’enseignant de lui répondre : « Je vais vous relater les choses dans l’ordre. Dans quelques mois, l’un de mes enfants se marie. Les frais du mariage sont très élevés, et j’ai donc emprunté une somme très importante à un Gma’h (caisse de prêt).
J’ai cherché un endroit qui convenait pour cacher provisoirement l’argent, et j’ai choisi la poche de l’un de mes anciens costumes.
Aujourd’hui, lorsque j’ai quitté la maison, j’ai entendu mon épouse parler de son intention de jeter tous les anciens costumes à la poubelle, étant trop usés pour être portés. Sur le moment, je n’y ai pas accordé d’importance, car j’avais totalement oublié la somme d’argent enfouie dans la poche d’un de ces costumes.
Mais en plein cours, le souvenir de l’argent m’a traversé l’esprit, et je me suis pressé de vérifier si l’on avait déjà jeté le costume, s’il y avait encore une faible chance de retrouver l’argent. Lorsque j’appris que toute la somme avait été perdue, je me suis résolu à cette perte et suis retourné en cours. »
Le directeur, abasourdi, lui demanda : « Tu as entendu que tu avais perdu tout l’argent, et tu es immédiatement retourné en cours, et tu as repris la leçon comme si de rien n’était ? Comment as-tu pu réagir ainsi ? »
Et l’enseignant de répondre en toute simplicité : « Lorsque j’étais jeune homme à la Yéchiva, j’ai étudié auprès du Machguia’h Rabbi Guédalia Eisner. Il nous répétait toujours : "Si ce n’est pour de tels moments, pourquoi l’homme vit-il dans ce monde ?"
Il a tellement implanté cette idée en nous, au point que lorsque j’ai affronté une épreuve, j’ai senti : c’est le but essentiel de mon existence ici sur terre ! »
Le Rav Biderman conclut son histoire : c’est ainsi qu’un homme qui a du Bita’hon (confiance en D.ieu) perd son argent ! Il affronte ainsi les épreuves de la vie placées sur son chemin par Hachem ! En adoptant ces propos pour les intégrer comme une partie indissociable de notre vie, on pourra, par ce biais, transformer toute épreuve difficile en moment clé, justifiant notre présence dans ce monde.