Shimon Sibony

Père de quatre enfants, Shimon Sibony est né en 1966 à Casablanca, Maroc.

Il habite aujourd'hui à Ramat Beth Chemech, après avoir fait sa Alyah en Israël depuis le Canada il y a 15 ans.

Son père, Yékoutiel Avraham, était un célèbre et éminent 'Hazan. Il ancra chez ses enfants, la 'Hazanout, dans l'esprit de “Tous mes membres diront : D.ieu, qui est comme Toi ?” À son époque, la tradition et la synagogue étaient une partie indissociable du paysage de l’enfance. Les enfants respiraient au rythme de la synagogue.

Sibony a révolutionné le genre ‘Hazan cantor opéra en introduisant de l'hébreu aux morceaux classiques d'opéra. En novembre 2008, il a chanté accompagné par l'orchestre philharmonique Andalus, dans le célèbre opéra de Tel Aviv.

Aujourd'hui, il parcourt la planète en se produisant aux quatre coins du monde, dans des cultures et pays aussi différents que la France, l'Angleterre, l'Espagne, les Etats-Unis, le Canada, le Maroc et partout en Israël.

Dans un interview qu’il donna dans sur une chaîne israélienne, Sibony revient sur l’importance de la transmission du patrimoine liturgique des communautés juives d'Afrique du Nord.

“J'ai absorbé cet amour pour les Piyoutim et les chants dès l'enfance. J'ai commencé à chanter vers six-sept ans. Au départ, c'étaient des Zemirot à la synagogue avec mon père, surtout les jours redoutables. Nous chantions avec les plus grands Paytanim, dont Yossef (Jo) Amar. Mon frère et moi chantions les chapitres de Zémirot de la prière, et mon père tenait à ce que nous connaissions les règles de grammaire et de prononciation justes, sans oublier bien entendu le sens du texte. On nous surnommait avec affection “les enfants de Monsieur Sibony. La synagogue fut en réalité notre première scène.

En parallèle, mon père préparait des jeunes garçons à la Bar-Mitsva. À chaque fois que l'on célébrait la fête d'une Bar-Mitsva, on me laissait chanter une ou deux chansons avec l'orchestre. Je commençais alors à apprécier les chants et les représentations, et dès l'enfance, je m'habituais à chanter avec un orchestre. Il ne va pas de soi qu’un ‘Hazan est un chanteur, il s'agit en réalité de deux mondes différents.

De nombreux ‘Hazanim et Paytanim ne sont pas conscients de l’importance du rythme, même au moment de la Téfila, n'ayant pas l'habitude de chanter avec un orchestre, ce qui oblige à respecter un certain rythme. J'ai eu, grâce à D.ieu, ce privilège et j'ai absorbé depuis l'enfance l'idée que lorsqu'on dirige la prière, et bien entendu lorsqu'on chante un chant ou un cantique liturgique, il faut conserver la structure musicale et le rythme.”

Vous pouvez écouter la playlist des chants de Shimon Sibony sur Torah-Box Music.

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Cuisiner pour Chabbath au son de Mordékhai ben David :

À la maison, une musique variée se jouait, de la musique flamenco aux côtés des premiers disques de Mordékhaï ben David que les sœurs de Shimon, ayant étudié au séminaire en France, apportèrent au Maroc. Bien entendu aussi, Enrico Macias faisait partie du répertoire, mais pas de musique arabe ou orientale.

Lorsque le roi du Maroc s'émeut de l'hommage au Pavarotti juif

Sibony relate sa rencontre exceptionnelle avec les membres de la famille royale : “Au Maroc, le festival Mawazine est organisé par le roi lui-même. De grands artistes du monde entier s'y produisent. Il y a environ sept ans, Shimon Sibony chanta lors d'une Sim'ha Beth Hachoéva dans le cadre d'un événement organisé par la communauté juive.

Au cours du concert, un juif fit écouter par le biais de son téléphone la musique à quelqu'un. À la fin du concert, il vint vers Shimon et lui proposa de rencontrer un délégué du palais royal. Lors de cette rencontre, le délégué proposa à Shimon de chanter au festival, au titre de représentant de la communauté marocaine juive internationale.

Sibony se produisit devant les élites du pays, et le roi assista en live au concert. C'était un grand honneur de chanter devant le roi.

Sur place se trouvait un public restreint, et Sibony commença par une prière : Hanoten Téchoua Lamélakhim, pour bénir les hommes de pouvoir, puis il chanta en espagnol et en français. Le représentant du souverain transmit les remerciements du roi, et précisa que c'était le seul artiste du festival à avoir introduit le concert par une bénédiction pour le roi, et celui-ci fut très ému de cet hommage.

Sibony rêve du jour où les enfants étudieront le patrimoine du Maroc dans le cadre d'un programme scolaire. “C'est à l'ordre du jour, via divers projets sur lesquels il travaille actuellement. Il souhaite que ces études entrent dans le cursus des écoles, par le biais du ministère de l'Éducation pour sensibiliser le grand public.

Les enfants ne connaissent pas forcément les Taamé Hamikra (cantillations) dans leur version marocaine. Nous sommes certes en Erets Israël, mais que devient notre patrimoine, tout ce que nous avons apporté du Maroc ? Il faut davantage le mettre en avant, afin que les jeunes gens sachent comment chanter la Haftara en version marocaine et connaissent les Piyoutim, la grammaire et les Taamé Hamikra.

“Les jeunes gens doivent connaître l'importance de leur héritage culturel, et ne pas se limiter au fait que leur grand-père est né au Maroc. On essaie d'ancrer certaines coutumes, mais c'est insuffisant. Nous sommes en période de rassemblement des exilés, tout comme on étudie l'histoire, nous devons aussi apprendre et enseigner notre héritage. Les marocains sont très présents dans la société israélienne. Le patrimoine du judaïsme marocain ne se manifeste pas uniquement à Pessa'h lorsqu'on célèbre la Mimouna et la Moufleta, c'est beau, mais que se passe-t-il toute l'année ? Il faut se pencher sérieusement sur le sujet.”

Sibony s'apprête à lancer un nouveau projet : l'enregistrement de tout le livre des Téhilim dans la version de Tanger. Son père était un spécialiste des Téhilim. Il lui apprit, ainsi qu'à son frère, les Taamim.

Sibony a travaillé sur ce projet pendant deux ans avec le guitariste Eli Tsrouya, qui est également compositeur. Ils ont enregistré tout le livre des Téhilim, accompagnées par une harpe et des guitares. Cette mélodie authentique tombe dans l'oubli, et il tente de restaurer cette splendeur d'antan.

Sibony relate que lorsque le grand-rabbin d'Israël, Rav de Jérusalem, Rav Chlomo Moché Amar, entendit parler du projet, il donna sa Brakha pour la réussite du projet. Ces 150 psaumes ont été enregistrés pendant onze heures et demie. Shimon Sibony espère associer tout le peuple d'Israël à ce projet capital, et Torah-Box aura le plaisir très bientôt de vous partager en avant-première un aperçu de ce projet.