Le vieillissement et la maladie font partie de la vie. Aucun être humain (même ceux dont la Torah nous dit qu'ils ont vécu plus de cent ans, et parfois même plusieurs centaines d'années) n'est éternel dans ce monde. Et depuis Ya'acov Avinou (qui a demandé cela à Hachem), chaque être humain, même s'il est un grand Tsadik, rencontrera forcément, dans sa vie, des difficultés.

Dans un couple, il est normal que l'un des conjoints vieillisse plus vite que l'autre, et ait par conséquent besoin de son aide pour ce qu'il ne peut plus faire tout seul.

Lorsque cela arrive après des dizaines d'années de mariage, et que les conjoints sont déjà très attachés l'un à l'autre, il est très probable que l'un des conjoints se dévoue pour l'autre, sans avoir le sentiment que c'est contraignant. Car il aime cette personne, avec laquelle il a partagé une bonne partie de sa vie, et est donc sans problème prêt à l'aider, quels que soient le temps et les efforts que cela lui demande.

Mais si la maladie de l'un des conjoints intervient après seulement quelques années de mariage, les gens extérieurs à ce couple peuvent avoir l'impression que ce mariage n'est pas dans l'intérêt de celui qui doit s'occuper de l'autre. Que le conjoint bien portant est "exploité", car il doit faire des efforts parfois énormes pour quelqu'un qui ne pourra pas forcément le lui rendre, et dont il aurait été "dispensé" s'il avait épousé une personne en parfaite santé.

Les gens qui pensent cela n'ont pas forcément raison, car il se peut que le conjoint qui se dévoue pour l'autre ne ressente pas cela comme un sacrifice. Qu'il le fasse de bon cœur, quels que soient les efforts que cela lui demande, car il connaît les qualités de la personne avec laquelle il est marié, il l'aime malgré les difficultés et ne "l'échangerait" pour rien au monde.

Mais s'ils disent carrément à la personne en bonne santé des phrases telles que : "Pourquoi te dévouer autant pour elle ? Pourquoi ne pas refaire ta vie ?", ils ont vraiment tort. Car ce qu'eux-mêmes considèrent comme insupportable (le fait de devoir aider tellement une personne, ou de devoir renoncer à certaines activités "à cause d'elle") peut-être très supportable pour d'autres, et même ne leur poser aucun problème.

Nous voyons dans la Torah que Its'hak Avinou était aveugle. Sa femme Rivka a donc probablement fait beaucoup de choses pour l'aider au quotidien. Cependant, la Torah ne nous dit jamais que cela l'a dérangée. Et si cela l'avait dérangée, elle nous l'aurait dit, de même qu'elle nous a parlé d'autres difficultés que les Avot et les Imahot ont traversées dans leur vie (lorsqu'ils ont dû attendre très longtemps avant de pouvoir avoir des enfants, et lorsqu'ils ont parfois eu de grandes difficultés à les élever : Ichmaël a dû être chassé de chez lui car il risquait d'exercer une mauvaise influence sur Its'hak, 'Essav détestait Ya'acov, les fils de Ya'acov ont vendu leur propre frère etc.).

Dans la vie, il ne faut pas forcément se fier à ce que l'on voit : un père peut, par exemple, énormément et sincèrement aimer son fils même s'il ne lui manifeste pas cet amour aux yeux de tous...

Certaines personnes ont construit tellement de choses ensemble qu'elles sont très fortement liées. Et l'amour qu'il y a entre elles leur donne la force de surmonter toutes les difficultés.

Parfois, l'un des conjoints s'occupe énormément de l'autre pendant des années, et on se demande : "Comment peut-il y arriver ?". Pourtant, lui-même répond : "Si vous saviez tout ce que mon mari/ma femme m'a apporté, vous ne poseriez pas cette question...". Ils ont tellement reçu de l'autre, tellement profité avec lui, qu'il ne sont pas dérangés par le fait de devoir l'aider.

Ceci est valable même lorsque la personne malade est lourdement handicapée : son mari ou sa femme peut considérer qu'elle lui apporte énormément par des choses que les gens extérieurs au couple n'apprécient pas forcément, mais qui peuvent être très importants pour la personne à laquelle elles sont adressées (exemples : un regard bienveillant, quelques mots d'encouragement...).

Avant la faute d'Adam, Adam et Hava n'avaient pas d'habits. Mais cela ne les dérangeait pas.

Aujourd'hui, nous vivons dans un monde où il faut avoir tel ou tel vêtement ou accessoire pour "paraître bien" ; pour que les gens aient plus envie de nous aimer, ou tout simplement de nous parler...

Certains couples sont tellement liés que même si le corps de l'un des deux ne fonctionne pas correctement, leurs cœurs continuent de battre l'un pour l'autre, et leurs yeux expriment encore l'amour qu'ils se portent...

Its'hak Avinou aimait profondément Rivka, et réciproquement.

Lorsqu'il y a, dans un couple, un amour fort et vrai, ce dernier ne sera pas diminué par le fait de ne plus pouvoir faire ensemble telle ou telle activité. Le mari ou la femme arriveront à passer outre le problème de santé de leur conjoint, car cette difficulté n'est rien comparée à la grandeur et à la profondeur de l'amour qu'ils se portent.

Parfois même, la difficulté liée à l'état de santé de l'autre ne fera qu'augmenter l'amour qui existait entre les deux, car elle permettra à celui qui s'occupe de l'autre de devenir encore plus généreux, et à celui qui reçoit l'aide de devenir encore plus reconnaissant.

 Retranscrit par Léa Marciano 

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