Après des années de désaccord, les autorités du chef-lieu de la province de Mantoue, en Italie, ont trouvé un accord avec la communauté juive italienne locale pour opérer des travaux sans endommager un cimetière juif datant d’un demi-millénaire.
Un accord qui préserve un cimetière juif datant du 15e siècle. Les autorités italiennes de la localité de Mantoue, une petite ville du nord de l’Italie dans la vallée du Pô, se sont entendues avec la communauté juive locale pour transformer une armurerie construite au-dessus du cimetière juif en une “Maison du souvenir”.
Le cimetière juif de San Nicolò a été construit en 1442 avec l'approbation de la noble famille Gonzague, qui régnait sur Mantoue à l'époque de la Renaissance. Il a servi les besoins de la petite communauté juive locale jusqu'au 18e siècle, et il serait le lieu de repos d'au moins deux célèbres maîtres kabbalistes italiens : le premier, Rav Menah’em Azaria da Fano, très connu sous l’appellation de “Rama di Pano”, rabbin prolifique ayant laissé de nombreux écrits et commentaires sur toutes les disciplines de la vie juive, élève du géant kabbaliste de Tsfat Rabbi Moché Cordovero, le Ramaq au 16e siècle. Le second, Rav Moché Zacuto, a été également très productif au 17e siècle et fait partie de la grande famille des érudits kabbalistes italiens.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis transformèrent la région en camp de concentration improvisé. Après les affres de la guerre, le camp tomba sous la juridiction de l’armée italienne avant qu’il ne soit finalement remis aux dirigeants locaux.
Aujourd'hui, le cimetière est recouvert d'herbe et d'arbustes en jachère, entouré de cinq entrepôts en déshérence, témoins froids de son sombre passé du siècle passé.
La municipalité de cette localité de 50 000 habitants avait prévu un plan de rénovation mais un consortium rabbinique basé aux Etats-Unis et au Canada, dont la mission est la préservation des cimetières juifs dans le monde, a fait valoir que la réhabilitation telle qu’elle était prévue détruirait le cimetière et son sol. Un nouveau plan a été finalement approuvé, prévoyant une reconversion des entrepôts sans perturber les sols. Toutes les surfaces et la série de bâtiments, incluant une auberge de jeunesse écologique et un centre pour personnes en situation de handicap, seront surélevées, et le cimetière sera protégé par une clôture. Quant à la Maison du souvenir, elle prendra place dans une ancienne armurerie datant de l’ère des Habsbourg.
“Nous voulions trouver la meilleure solution pour réaménager le quartier après des décennies de délabrement et d'abandon, tout en respectant l'histoire du lieu fortement marquée par la dimension religieuse”, a déclaré Andrea Murari, conseiller municipal en urbanisme à Mantoue. “Les vives discussions nous ont amené à concevoir un meilleur projet, plus riche culturellement que le premier. Il est essentiel qu'un magnifique quartier de la ville soit enfin réhabilité”.
Le projet, qui est financé par 6,5 millions d'euros du gouvernement italien, démarrera en mars et se terminera d'ici 2024.
Photographie : l'ancienne armurerie de la maison des Habsbourg au-dessus du cimetière de San Nicolò (Giovanni Vigna).