Sheldon Adelson est le fils d'immigrés juifs venus aux USA de Lituanie. Son père Arthur est conducteur de taxi et sa maman Sarah tient un petit magasin de bonneterie. La famille s’installe à Boston, dans le dénuement d’un petit appartement surpeuplé.
Mais, à la maison, il y a la boîte en fer bleu-blanc du KKL, qui jamais ne reste vide. Les Adelson aiment Israël, même si les parents n’ont jamais pu s’y rendre.
Sheldon, c’est le rêve américain qui s’est réalisé. A 11 ans, il fait un emprunt auprès de son oncle de 200 dollars, pour obtenir une guérite à journaux où il les vend 50 cents l’exemplaire. Lentement, il se construit. Avec les bénéfices qu’il économise, il arrive à acheter d’autres points de vente et même un petit magasin de friandises. De là, il passe à une chaîne de distributeurs automatiques de sucreries. Bientôt, il investit dans des affaires bancaires, des assurances, l’hôtellerie, le tourisme, mais c’est la high-tech qui le propulsera. Il devient l’un des hommes les plus riches du monde, numéro 19 dans le dernier classement mondial du journal Forbes.
Mais Adelson, au-delà de son immense fortune, du sens inné des affaires, de l’esprit d’entreprise, de l’audace, de la ténacité (il a failli faire faillite et perdu 90 % de sa fortune), c’est un philanthrope extraordinaire à qui le monde juif et Israël sont redevables d’une générosité « outstanding », proportionnelle à ses biens.
Sa femme, Myriam, israélienne de ‘Haïfa et médecin, témoigne que derrière l’homme d’affaires déterminé, un cœur chaud battait en lui. Lors du Corona, il avait tenu à verser leur salaire aux milliers d’employés de l’hôtellerie qui travaillaient pour lui et se retrouvaient soudain sans emplois. Il a soutenu par des donations impressionnantes des hôpitaux, les ambulances Maguen David Adom, l’université d’Ariel en Samarie, le mémorial Yad Vachem pour le souvenir de la Shoah, des projets de recherche spatiale et l’envoi d’une première fusée israélienne dans l’espace.
Il était républicain par choix, car il venait d’une famille qui votait démocrate, mais jamais ses opinions politiques ne l’empêchaient de donner à une cause noble ; il a fondé en Israël le fameux quotidien Israël Hayom, qui, pour la première fois dans la presse israélienne, fut distribué gratuitement et supplanta le Yédi’ot A’haronot et Ma’ariv. Proche de Netanyahou et de Trump, il a pesé dans la décision de transférer l’ambassade américaine à Jérusalem et dans la libération de Pollard.
Le couple Adelson s’était rendu en 1991 à Brooklyn au 770, lors de la distribution des dollars par le Rabbi de Loubavitch. Docteur Myriam Adelson, qui avait alors 46 ans, avait demandé une bénédiction pour avoir un enfant et le Rabbi, lui tendant deux billets, lui dit : “Pourquoi un seul ? Un garçon doit avoir une sœur, non ?”. Le couple eut en effet deux enfants, et la bénédiction du Rabbi se réalisera intégralement.
Il est évident que sa disparition est une perte énorme pour le monde juif et pour Israël, car il était un supporter inconditionnel qui œuvrait pour la pérennité et le bien-être de ce peuple et de son pays.
Le parcours de ce petit garçon qui vend des journaux au coin d’une rue de Boston est époustouflant, et nous conclurons sur ses propres paroles lors d’une interview à une chaîne américaine : “Mon père aimait Israël. Il avait vu les pogroms, les cosaques entrant en furie dans son petit village lithuanien, dévastant tout, frappant et tuant les juifs avec des barres de fer et des sabres. Il avait alors rêvé d’une terre où son peuple pourrait résider en paix, en sécurité, comme citoyens de premier rang, et cet amour, il me l’a transmis. C’est de lui que j’ai puisé mon inconditionnel attachement à Israël.”
Adelson n'a jamais renié ses origines, malgré son ascension dans la caste très privilégiée des VIP, et, contrairement à des centaines de milliers de juifs américains, complètement déconnectés de leur patrimoine, il n'a jamais oublié son appartenance au peuple hébreu.
Sheldon, lors de son premier voyage en terre sainte, portera symboliquement les chaussures de son père et foulera ainsi le sol de ce pays tant aimé, réalisant de façon posthume le rêve paternel.