Toute personne sensée remarquera que, du point de vue de la situation politique, nous vivons une période peu ordinaire. Tous les cyniques sont contraints de manger le chapeau qu’ils n’ont pas sur leur tête et de reconnaître du bout des lèvres qu’en dépit des sombres prévisions, la chance a souri au célèbre magicien, qui a non seulement fermement résisté aux forces immenses qui se sont élevées contre lui, mais est aussi parvenu à conduire le pays à des succès tangibles.
Combien nous ont-ils rabâché les oreilles qu’il nous mène, avec sa politique, vers le néant, l’isolement politique et économique, et même vers une crise face à notre grand ami, les Etats-Unis. Or, non seulement toute cette théorie s’est effondrée comme un château de cartes, mais tout le monde a constaté que c’était bien le contraire. Le Premier ministre a droit à des honneurs exceptionnels rendus par des pays à l’étranger, qui ont réservé un accueil hors pair au dirigeant de l’un des plus petits pays au monde, en lui offrant un accueil digne des chefs des grandes puissances.
La Providence lui a permis d’offrir un spectacle hors du commun et inédit, où il a dévoilé publiquement une découverte en or du « Mossad ». Il a fait des révélations publiques, sous les caméras du monde entier, en dénonçant l’infamie de l’Iran, qui, d’une main, signe les accords nucléaires, et, de l’autre, poursuit avec constance le développement de ses projets nucléaires; dans ce sillage, le Président Trump a tiré ses propres conclusions et a annulé intégralement la participation de son pays dans l’accord avec l’Iran.
Et surtout, cet extraordinaire précédent historique : après des années de propos insipides et de promesses non tenues, l’ambassade des Etats-Unis s’installe à Jérusalem. Certes, nous ne nous reposons pas sur eux, et nos fidèles sources sont suffisantes pour fixer le statut de Jérusalem sanctifiée en son temps et qui le sera à nouveau dans le monde futur, mais il n’est toutefois pas anodin de recevoir une reconnaissance de facto de la plus grande puissance au monde.
De même, des arguments tirés par les cheveux comme « tout est affaire d’intérêts », ou « tout est dû au gendre juif de Trump » - ne satisfont pas à la volonté d’approfondir et de tenter de discerner la voix de D.ieu qui nous parle derrière une brume épaisse. Il va de soi qu’en tant que Bné Torah, nous ne pouvons faire abstraction de ce qui se passe autour de nous. Les prophètes eux-mêmes se sont intéressés à plusieurs reprises à la fin des temps, aux non-Juifs qui afflueront vers Jérusalem, lorsque nous vivrons sous leur domination. Voyez les propos prophétiques du Malbim sur notre période dans son interprétation sur le verset (Yirmiyahou 31,7) : « Eclatez en chants joyeux au sujet de Ya’acov, en cris d’allégresse au sujet de la première des nations. »
La question fondamentale est la suivante : un Noir peut-il changer de couleur ?! Avons-nous oublié ce que nos Maîtres nous ont enseigné, à savoir qu’Essav haït Ya’acov ?! Où a disparu la haine des nations envers Israël, gravée dans leur sang ? De plus, est-ce que cette situation est entre nos mains ? Pouvons-nous, de nos propres mains, non seulement faire baisser le niveau de haine, mais conduire les nations du monde à nous apprécier et à nous chérir ?
Pour tenter de répondre à cette question, nous allons examiner la source de cette haine. Nos Sages nous ont enseigné (Chabbath) : « Pourquoi est-il nommé Mont Sinaï, car la haine (Sina) des nations est descendue sur lui. » L’auteur du Ein Ya’acov interprète la haine à notre égard, comme on le voit dans le Midrach : ils nous détestent plus que tous les autres en raison de la Torah et des Mitsvot que nous accomplissons. Le fait même de notre élection en tant que « nation de prêtres et peuple saint », récipiendaires de la sainte Torah, nous a transformés en sujet de haine et de persécution.
S’il en est ainsi, d’après la logique rationnelle, si nous brouillons le fait que nous avons reçu la Torah, nous ferons baisser le niveau de haine, dont la source se trouve dans la jalousie de notre statut de peuple élu, et dans notre cadeau du ciel, la Torah, objet de convoitise enfoui pendant 974 générations.
Or, tout au long de l’histoire, il a été prouvé de manière systématique que l’éloignement de la pratique de la Torah et des Mitsvot est ce qui a provoqué les plus grands malheurs de notre histoire. Et, au contraire, l’adhésion à la Torah et aux Mitsvot, sujet de haine des nations, est la seule garantie de notre prodigieuse survie.
Pour l’expliquer, citons ici les propos du prophète Yéchayahou (11, 6) : « Alors le loup habitera avec la brebis, et le tigre reposera avec le chevreau », c’est-à-dire : la haine existant entre les animaux et les instincts bestiaux de dévorer sans pitié, ne sont que la résultante de la dégradation et de la corruption. Mais lorsque le monde arrivera à son état de rectification totale, comme l’atteste le prophète par la suite : « Car la terre sera pleine de la connaissance de D.ieu », le bon sens reviendra, et tous les animaux vivront ensemble.
Dans le même ordre d’idées, la haine des nations envers les Juifs n’est pas naturelle, elle provient d’un renversement de la nature et de la logique. Comme l’ont affirmé nos Sages, si les nations du monde savaient combien d’abondance ils bénéficiaient grâce au Temple, ils auraient posté des gardes pour en protéger l’entrée. Lorsque nous augmentons l’étude de la Torah et l’accomplissement des Mitsvot, même cette nature terrible s’atténue et s’améliore. Et lorsque le monde arrivera à son état de perfection, cette haine ne sera plus du tout présente, au contraire, les non-Juifs et leurs dirigeants nous placeront sur un piédestal : « Des rois seront tes nourriciers. » Louanges au D.ieu pour cette promesse qui se concrétise sous nos yeux. Et si jusqu’à présent, nous avons fait l’apologie de l’étude de la Torah comme condition à la sécurité et la protection, comme il est dit : « Si vous vous conduisez selon Mes lois… Je ferai régner la paix dans ce pays, et nul n’y troublera votre repos », sachons clairement que même les réussites politiques dépendent et tiennent dans le niveau d’étude de la Torah et notre accomplissement des Mitsvot.
Et tout le bien que nous voyons n’est pas le simple résultat d’une gestion politique sensée, le fruit d’une tactique sophistiquée, ou du leadership charismatique du chef du gouvernement. Ce sont les conséquences et non les raisons. Mais quelle en est la racine ? Quelle est la source de cette force ?! Notre renforcement dans la Torah et les Mitsvot.
Et lorsqu’il y a, grâce à D.ieu, un renforcement dans le peuple d’Israël au niveau de la foi en D.ieu, de l’étude de la Torah et de l’accomplissement des Mitsvot, cela influe en bien même sur les dirigeants du peuple.
Concluons par les propos du Grand-Rabbin d’Israël, Rav Its’hak Yossef chlita, prononcés à l’issue de la réception de la délégation américaine : « Nous prions pour que la fondation de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem soit le dernier élément dans la voie de la reconstruction de notre Temple et de l’avènement de la Guéoula (délivrance), bientôt et de nos jours. »
Amen.