Eli Brody, étudiant en Torah à Jérusalem, a remporté le championnat national d’haltérophilie d’Israël, en soulevant notamment 312,5 kg à l’épreuve traditionnelle du soulevé de terre.
Bien dans son corps, bien dans son âme. Si les juifs dans le monde sont connus pour leur réussite intellectuelle proverbiale régulièrement décorée par le prix Nobel, peu ont connu des réussites aussi marquées pour leur force physique. Si la Torah écrite et orale narre la force de Chimchon, des Maccabim ou de Rech Lakich, un Sage du Talmud du 3ème siècle, ce sont surtout en fin de compte les raffinements de leur âme qui sont mis en avant. Car Hachem “livre le fort entre les mains du faible.”
Deux millénaires plus tard, Eli Brody est sous les feux des projecteurs. Le jeune homme étudie à la fois intensivement la Torah et pratique la musculation avec un succès significatif. En dehors de ses Sédarim d’étude au Collel, Eli Brody a trouvé le temps de travailler son corps avec force, et a obtenu un succès pour le moins inattendu et spectaculaire dans les compétitions d’haltérophilie. Au début du mois de décembre dernier, le compétiteur a remporté la première place en Israël dans un tournoi de force athlétique, pulvérisant au passage un certain nombre de records israéliens jamais battus auparavant. Eli, qui pèse moins de 90 kg, un poids modéré pour ce genre de discipline, a soulevé 312,5 kg à l’épreuve reine du soulevé de terre, consistant à soulever une barre de fonte chargée de poids, 230 kg en position accroupie et 170 kg au développé couché, cette épreuve consistant à soulever une barre en position allongée au-dessus de ses muscles pectoraux, à bout de bras.
Cette passion ne l’empêche pas de cultiver une profonde modestie : “Quand une personne se glorifie, elle est la plus solitaire qui soit”, explique-t-il. Et même si ses performances attirent sur lui les projecteurs et les opportunités de carrière qui vont bien, il reste fermement ancré sur l’objectif de sa vie : le service divin et l’étude de la Torah. “Je suis solidement attaché à mon Beth Hamidrach. Je suis Avrekh, un étudiant en Torah à temps plein. Cela peut sembler étrange à certains, mais cela a toujours été mon rêve, pas d’être un enseignant ou un Roch Yéchiva, simplement un étudiant. D.ieu merci, je vis ce rêve. Ma vie tourne autour de la Torah, et je m’entraîne entre chaque Séder d’étude.”
Un exploit d’autant plus remarquable qu’Eli souffre de la maladie de Crohn, une inflammation chronique de tout le tube digestif. Il a tenu bon malgré une hospitalisation importante il y a quelques années, et il a réaffirmé sa passion principale : “L’entraînement me manque, mais sans aucune comparaison avec le manque que j’éprouve loin de la Yéchiva.”
Pourtant, un tel entraînement est-il compatible avec l’exigence d’une étude à temps plein ? Oui, ont répondu ses enseignants. Ils l’ont autorisé à s’entraîner dans la mesure où le jeune homme n’a abandonné aucun Séder d'étude de Torah et, même avant les compétitions, il ne s’exerce que deux fois par semaine pour se préparer.
Côté salle d’entraînement, voir un étudiant en Torah arriver, Kippa en velours sur la tête, laisse de marbre les culturistes non pratiquants, qui lui ont réservé au début un accueil froid, sinon moqueur. Pourtant, très rapidement, “dès qu’ils ont vu mes capacités, tous les sarcasmes se sont arrêtés. Et quand on me demande mes objectifs de performance, ma réponse est invariablement la même : ‘Je ne sais pas. Ce qu’Hachem décidera pour moi’.”
Une foi authentique et profonde, vécue aussi pendant les compétitions. “Il est courant que les compétiteurs s’isolent un peu avant de soulever la fonte afin de se concentrer pendant un concours. Moi, je parle avec Hachem, je le remercie du fond du cœur d’être en bonne santé et pour tout le bien qu’Il m’a procuré. Je demande Son aide, car sans cela, je ne suis rien.” La clé du succès selon lui, un excellent programme d’entraînement, une grande force mentale plutôt que physique, une grande foi en D.ieu et s’éloigner de tout comportement arrogant, qui peut être source de blessures graves dans ce type d’activité physique. Ce sont les mêmes valeurs qu’il cultive au Beth Hamidrach, qui lui permettent d'étudier passionnément pendant des heures, la source du “feu de la vie et de la vivacité.”
Une vitalité remarquable, prouvant que sur des bases saines d’étude de la Torah, toutes les portes de la réussite peuvent s’ouvrir.