Il est utile de souligner, dans cette chronique, qu’il n’est nullement question ici de faire une énième comparaison entre science et religion, car le but n’est pas de convaincre de la vérité de la Torah qui est pour nous un Absolu indiscutable, basé sur notre foi en un D.ieu Créateur Qui s’est révélé au Mont Sinaï au peuple d’Israël. Le but de cette présentation est de prouver qu’à une époque qui a perdu ses repères, le recours à l’analyse scientifique de l’univers ne peut que conduire à l’idée que Quelqu’un dirige l’univers : un savant, astrophysicien, connu universellement pour ses recherches dans le domaine de la cosmologie, n’hésite pas à écrire : « Je fais le pari métaphysique voulant qu’une intention soit à l’origine de l’univers et de la vie… J’ai passé ma vie à scruter l’univers à travers des télescopes, et ne peux imaginer que l’harmonie et la beauté des galaxies et des nébuleuses soient le fruit du hasard » (cité dans l’Express 36.77.78, Janvier 2022). Est-il nécessaire de commenter une telle affirmation ? Ce n’est pas le fruit du hasard : il y a donc Quelqu’un à la source de l’univers.
Cette affirmation s’insère dans un contexte qui précise davantage les raisons de ce tournant de la pensée. Un livre paru récemment, qui est déjà un best-seller, tend à exposer des preuves scientifiques de l’existence d’un Architecte Qui a établi des constantes physiques grâce auxquelles l’univers peut exister. Ces données constantes sont, par exemple, la vitesse de la lumière, la force de gravitation, la densité de l’univers. Si une seule de ces constantes était modifiée, l’univers ne pourrait exister. Un astrophysicien, professeur à l’Université de Virginie aux Etats-Unis, Trinh Xuan-Thuan (savant d’origine vietnamienne), estime que personne ne peut expliquer pourquoi ces constantes ont ces valeurs qui maintiennent la stabilité de l’univers. « Ces constantes sont considérées comme indépendantes, et on aurait pu penser qu’elles varieraient d’une galaxie à l’autre. Ce n’est pas le cas : elles sont universelles, absolues, éternelles et intemporelles » (Cité dans l’Express, ibid.). L’existence de ces constantes, expliquent les auteurs du livre cité précédemment, permet de comprendre que « l’univers apparaît comme une incroyable mécanique de précision dans laquelle, à chaque étape, d’improbables réglages et des rouages complexes indispensables s’agencent miraculeusement les uns aux autres, pour permettre l’existence et la bonne marche de l’ensemble ».
Traduisons cela en termes plus simples : imaginons un instant que les rayons du soleil soient modifiés, l’univers pourrait-il subsister ? Ce sont des savants qui utilisent le terme « miraculeusement » ! Sommes-nous loin du fameux texte du ‘Hazon Ich, au début de son livre : « Emounah Ou-Bitahon » ? Il écrit : « L’univers apparaît ordonné, selon un plan et un agencement préconçu, comme si un Architecte intelligent avait dessiné à l’avance l’univers, avant la création, avait retiré tous les obstacles, à chaque étape, et son dynamisme Lui avait permis d’écarter tout ce qui pourrait déranger la bonne marche de l’univers » (Ch. 1, paragr. 1). Cet agencement de l’univers, ce réglage fin des diverses constantes n’est-il pas inscrit dans ces lignes du ‘Hazon Ich ?
Ici, il faut être prudent : la Torah n’a pas besoin de la science pour être vérifiée. La Révélation du Sinaï, la pérennité du peuple d’Israël suffisent à notre foi en un Créateur. Ce n’est pas un concordisme pour confirmer que la Torah est conforme à la science. C’est le contraire qui mérite la réflexion : les dernières avancées de la science prouvent la réalité de la Création, et l’agencement et la pérennité de l’univers tient du miracle, non explicable rationnellement. C’est ici l’avancée qui permet de voir un retour vers la foi en une Transcendance active et efficace. Selon notre Emouna (voir le Maharal dans son livre sur Hanoucca – Ner Mitsva), les dix paroles de la Création représentent la nécessité de la Loi naturelle, alors que les dix paroles de la Révélation engagent la liberté du croyant (d’après l’analogie sémantique entre le terme « ‘Harout », « gravé », utilisé pour les Tabes de la Loi gravées, et le terme « ‘Hérout », « liberté »). Les découvertes permettant de comprendre la nécessité de la Création sont un pas en avant indiscutable, et notre foi est qu’il s’agit ici d’une avancée vers le moment où l’humanité entière reconnaîtra l’unité du Créateur et la vérité de la Torah.