Dans un des Téhilim du roi David [1], le verset nous dit : « Keroum zoulout livné adam » (Quand la vilénie domine parmi les hommes). Le Saba de Kelm nous enseigne qu’il s'agit de la prière, qui se trouve au sommet du monde, et que les hommes dédaignent. Pourquoi au sommet du monde ? Parce qu’elle élève celui qui prie à de très hauts niveaux !
Mais est-ce bien la raison pour laquelle nous nous tournons vers Hachem pour l'implorer ? Soyons sincères avec nous-mêmes. Bien souvent, ce qui nous incite à lever les yeux vers D.ieu, c’est tout simplement le besoin, le manque ou la difficulté.
D'ailleurs nous voyons que ce qui pousse Its’hak et Rivka à s'investir dans la prière, ce sont de longues années de stérilité, comme il est écrit : ”Its’hak implora D.ieu au sujet de sa femme, car elle était stérile, et D.ieu se laissa implorer par lui, et Rivka sa femme tomba enceinte” [2].
Le message derrière la difficulté : Hachem nous veut près de Lui !
Le Talmud nous enseigne que les matriarches étaient stériles parce que Hachem désire écouter les prières des Justes [3]. En d'autres termes, l'objectif des épreuves est de nous rapprocher d'Hachem, comme le dit si bien le Rav Chalom Arouch : les épreuves que nous traversons sont des lettres d'amour de notre Créateur. Il nous parle à travers les difficultés. Il nous invite à nous tourner vers Lui et à Lui demander de l'aide pour maintenir notre connexion à la source de vie et de bénédiction. Parler avec Hachem, c’est nourrir la parcelle divine que nous détenons. C'est également le moyen de renforcer notre Émouna, qui est tellement nécessaire aujourd'hui.
Nous vivons en ce moment une période extrêmement difficile à tous les niveaux : que ce soit la Parnassa (réussite matérielle), l'éducation des enfants, les problèmes dans le couple, les maladies... En effet, la dernière génération, celle qui termine l'exil et ouvre la porte au Machia’h, se caractérise par une intense obscurité.
D'un côté, nous avons beaucoup de mérite d'avoir été choisis par Hachem pour faire les dernières réparations de ce merveilleux monde, mais de l'autre, nous sommes confrontés à une vie pleine d'épreuves, tant au niveau spirituel que matériel. Même les géants des générations précédentes comme Houla et Rabbi Yo’hanan ont été pris de frayeur quand ils ont vu cette génération dans la vision prophétique !
Rabbi Élimelekh de Lizensk vient imager cette période messianique par la parabole suivante : “À la fin des temps, l’Éternel attrapera une longue corde qui s’étendra sur le monde entier, Il la secouera extrêmement fort et les enfants d’Israël s’accrocheront à cette corde pour ne pas tomber, mais tout le monde ne résistera pas aux secousses.”
Alors, comment faire face à ces épreuves tellement puissantes ? Le Rav Ya'acov Lugassi nous révèle que la bouée de sauvetage dans cette mer si agitée, ce sera la prière !
Nos enfants ont besoin de nos prières !
Une fois, on a posé la question suivante au ‘Hafets ‘Haïm : « Pourquoi voit-on si souvent des parents justes dont les enfants s'éloignent du chemin de la Torah ? Pourtant la pomme ne tombe pas loin de l'arbre ?! » Il répondit : « C'est vrai que la pomme ne tombe pas loin de l'arbre mais, quand il y a une tempête, la pomme peut être éjectée très très loin… » Si cela a été dit à l'époque du ‘Hafets ‘Haim, que dirait-t-on aujourd'hui ? Peut-on protéger nos enfants dans un monde où les tentations et les dangers sont présents à tout coin de rue ? Que nous reste-t-il à faire ?
La réponse est évidente : prier, prier, et prier ! Arroser nos enfants de larmes de supplications. Les larmes sortent droit du cœur et c'est ce qu’Hachem attend de nous : qu'on L'appelle vraiment. Parler avec Hachem, on peut le faire partout et à tout moment ! Hachem nous tend l'oreille et nous écoute, comme l’enseigne le Ram’hal, Il nous comprend et ne veut qu'une seule chose : notre bien !
Adressons-nous à Lui de la façon la plus naturelle possible, comme un petit enfant qui va chez son papa parce qu'il n’y a que lui qui peut régler ses problèmes.
Détaillons nos demandes même si Il sait exactement ce qu'il nous manque, car cela est une règle qu’Hachem a instaurée dans la direction de Son monde : Il fait comme si Il n'était au courant de rien, tant qu'on ne Lui raconte pas ! Et pourquoi ? Tout simplement parce que le fait de décrire dans les moindres détails nous rapproche encore plus de lui.
Pour terminer, j'aimerais partager avec vous un secret quand à l'acceptation de nos prières. Rabbénou Yona nous dévoile qu’au moment où l'on accomplit une Mitsva, c'est “ète ratson” cela veut dire que les portes du ciel sont ouvertes ! Nos prières montent directement jusqu'au trône céleste, sans que les anges accusateurs puissent les en empêcher.
Il serait vraiment dommage de ne pas exploiter ces moments (et en particulier les trois Mitsvot de la femme : l'allumage des bougies de Chabbath, l’immersion dans le Mikvé, et le prélèvement de la ‘Halla) pour prier de toutes nos forces pour la réussite de nos proches.
Le Rav Arouch, dans son livre « La sagesse féminine », nous dit que lorsqu’une femme se trouve dans l'eau du Mikvé, ses prières sont plus puissantes que si elle priait sur la tombe d'un Tsadik ! Il y a deux raisons qui expliquent cela. La première, c'est ce qu'on a dit auparavant, les portes du ciel sont ouvertes ! La deuxième, c’est qu’à ce moment-là, la femme a une très grande proximité avec Hachem, comme il est écrit : « Le souffle de D.ieu planait sur la face des eaux. » [4]
Nos enfants ont besoin de nous. Nos prières les accompagnent, les encouragent, les protègent et leur donnent la force de combattre. Persévérons dans nos demandes, même si on ne voit pas tout de suite le résultat, car il faut savoir qu'aucune prière n’est perdue. Et n'oublions pas ce célèbre verset de Téhilim qui nous dit que : « Ceux qui sèment dans les larmes, récolteront dans la joie ! ».
Chabbath Chalom à toutes !
[1] Téhilim 12,9
[2] Chap. 25, verset 21.
[3] Traité ‘Houline
[4] Béréchit, Chap.1, verset 2