Le cœur qui crie, ça vous dit quelque chose ? Il nous arrive parfois de nous retrouver dans des situations où même prier nous est difficile. En effet, formuler des phrases même toutes simples, demande un certain contrôle de soi. Mais parfois la souffrance est tellement grande qu'elle laisse place à des gémissements : « Aïe, aïe, aïe, Hachem ! ». Et ces gémissements, il faut le savoir, ont beaucoup, beaucoup de valeur ! Bien plus qu’on ne le pense…
Le Rav Pinkous, dans son livre Ché'arim Bitfila, nous révèle un secret précieux pour notre service divin. Il nous dit que bien que crier et gémir soient des réactions spontanées, qui viennent naturellement à cause de la douleur, si on les dirige vers Hachem en les accompagnant d'une intention « d'appel au secours », alors ces cris sont considérés comme les meilleures des prières !
On raconte sur le Rav Hakadoch, Rabbi Baroukh Beer Leibovitch, que quand il était enfant, il a été puni par son papa et pendant qu'il pleurait, il s'est levé et s'est mis à réciter la prière de l’après-midi (prière de Min’ha). Son papa exprima son étonnement en le questionnant : « Mais pourquoi juste maintenant décides-tu de faire ta prière ? » Et voilà que ce petit enfant répondit : « Je veux exploiter ces pleurs dans ma Téfila (prière) ! »
Il savait déjà, dès son jeune âge, combien un cœur brisé a le pouvoir de propulser les Téfilot jusqu'au trône céleste. D'ailleurs c'est ce qui a été à l'origine de la délivrance des enfants d'Israël, comme il est écrit : « Et enfin J'ai entendu les gémissements des enfants d'Israël, asservis par les Égyptiens, et Je me suis souvenu de mon alliance. »
C’est pourquoi, nous dit le Rav Pinkous, il serait vraiment dommage de laisser nos larmes se faire avaler par la terre, au lieu de les faire monter vers le haut et de déchirer, par elles, les portes du Ciel.
Hachem est proche de ceux qui L’appellent vraiment
Le Rav Raphaël Abouav (célèbre Mohel) reçut un jour un coup de téléphone à une heure tardive dans la nuit. Il décrocha et entendit au bout du fil la voix d'une dame qui l’invitait à faire la Brit-Mila (circoncision) à son fils. « Qui vous a donné mon numéro ? », demanda-t-il. « Je suis de Tel-Aviv, je ne connais personne, donc j'ai ouvert les « pages jaunes » et vous étiez le premier sur la liste : Abouav ». « C'est bien la première fois de ma vie que l'on m'invite de cette manière. En général, cela se fait de bouche-à-oreille, mais enfin, j'y serai avec l'aide d’Hachem ». Et il raccrocha.
Quelques jours plus tard, il se retrouve devant une maison magnifique à Tel-Aviv devant laquelle étaient garés deux véhicules luxueux, ce qui indiquait une bonne situation financière. Après avoir tapé à la porte, la maman du nouveau-né ouvrit et demanda : « Vous êtes le Mohel ? » « Oui c'est bien moi, Raphaël Abouav. » « Ok, alors vous pouvez monter au deuxième étage, dans la troisième chambre à droite se trouve le bébé. Dans une demi-heure doit arriver la nounou et vous pourrez partir. Votre enveloppe est sur la commode, je dois aller faire des courses, à bientôt. » Et elle quitta la maison, le laissant perplexe face à la situation si étrange dans laquelle il se trouvait !
Il se mit à monter les escaliers en jetant un regard curieux autour de lui mais, très vite, il comprit qu’il était seul, vraiment seul ! Il n'y avait ni invités, ni famille, ni même les parents du nourrisson ! Cette situation tellement bizarre, le plongea petit à petit dans un sentiment de pitié envers ce bébé, qui était destiné à grandir dans une maison ou même ce grand jour d'alliance avec Hachem n'avait rien de plus qu’un jour ordinaire. Il se dirige alors à côté du berceau, il prend le petit dans ses bras et commence la Brit-Mila. Il termine, regarde sa montre, cela fait plus d'une demi-heure qu'il est là et la nounou n'est toujours pas arrivée. Le nourrisson se met à pleurer, il essaye de le calmer mais les pleurs ne font qu’augmenter. « Il doit avoir faim » se dit-il, pauvre chéri, pauvre enfant ! ». Et là, il n'arrive plus à retenir sa peine, il explose en sanglots. Ces larmes, qui étaient à la base des larmes « de panique » se transformèrent très vite en larmes de supplications envers Hachem : « Hachem, je t'en prie, aide cet enfant, regarde où il grandit, sans valeurs de Torah, sans chaleur, aïe, Hachem… »
Ces cris, qui venaient du plus profond de son cœur n'ont pas été perdus. Treize ans plus tard, il reçoit un appel et voilà ce qu'il entend au bout du fil : « Bonjour, je suis la dame de Tel-Aviv, vous vous souvenez de moi ? » « Évidemment que je me souviens de vous, ce fut un événement inoubliable ! » « Voilà, Monsieur, je vous appelle pour vous demander de l'aide. Notre fils, depuis tout petit, a réclamé de porter une Kippa, de faire Chabbath, alors que nous ne sommes pas du tout religieux ! Nous l'avons emmené chez plusieurs psychologues, mais rien n'a aidé ! Aujourd’hui, il a treize ans et il veut absolument aller à la Yéchiva étudier la Torah. On a tout fait pour le détourner de cette idée, mais il est décidé ! J'aimerais vous rencontrer pour que vous nous guidiez, nous ne connaissons rien à tout cela ».
Cette histoire si émouvante, vient imager combien les portes des larmes n’ont jamais été verrouillées. Celle-ci sortent droit du cœur et arrivent jusqu'au Trône céleste !
Hachem chérit les louanges
Il faut savoir que bien que les prières dans les larmes soient très puissantes, le remerciement et les louanges n'ont pas moins de valeur. Le roi David dit dans son livre de Téhilim que Hachem fut Témoin des souffrances des enfants d'Israël en écoutant leurs chants. « En écoutant leurs chants ? ». En quoi le chant pourrait éveiller la miséricorde divine ?
Le chant est l'expression d'une confiance totale en Hachem, d'une Émouna (foi) limpide, sans aucun doute sur Sa bonté infinie, même dans les moments les plus douloureux. Les louanges transforment l'amertume en douceur comme il est écrit : « Je Te remercierai dans ma souffrance et cela m’emmènera à la délivrance » (Téhilim).
Chabbath Chalom à toutes !