Le jour de votre mariage est enfin arrivé ! Sous la ‘Houppa, vous retrouvez votre tendre moitié, celle qu’Hachem vous avait destinée avant la naissance. Votre ‘Hatan vous passe la bague au doigt et vous remet une Kétouba, le contrat de mariage traditionnel juif (ah, déjà les contrats... !). Mais quelles sont les origines de ce document vieux de plusieurs millénaires, écrit dans une langue ancienne ? Que contient-il et pourquoi l’homme a-t-il l’obligation de le remettre à sa femme sous la ‘Houppa ?
Les origines de la Kétouba
La Kétouba, rédigée en araméen, la langue du Talmud, est à l’origine un décret rabbinique, qui a été institué par nos Sages pour protéger la femme en cas de divorce. Étant en effet très surpris de la facilité avec laquelle les hommes pouvaient divorcer, nos Sages ont instauré cette règle selon laquelle un homme ne peut épouser une femme sans lui garantir une compensation financière en cas de divorce. Quant à la lecture de la Kétouba sous la ‘Houppa, elle a été instituée par Rabbénou Tam, grand Sage du XIIème siècle et petit-fils de Rachi. Il stipule que la lecture de la Kétouba fait office de séparation entre la cérémonie des fiançailles et la cérémonie nuptiale.
Le contenu
La Kétouba est un contrat unilatéral dans lequel sont décrites toutes les obligations et responsabilités que le mari se doit de tenir envers sa femme, qui sont au nombre de dix. Il a l’obligation de la nourrir, de l’habiller, de satisfaire ses demandes dans l’intimité, de la compenser financièrement s’il décide de divorcer ou s’il meurt avant elle, de payer ses frais médicaux si elle tombe malade et de payer une rançon si elle est prise en otage ! Par ailleurs, si la femme décède avant le mari, il doit s’engager à payer les frais de l’enterrement. Après que le mari décède, les enfants doivent hériter de l’argent promis dans la Kétouba avant que le reste de l’héritage ne soit divisé parmi les héritiers. S’il advenait que le mari ne meurt avant la femme, cette dernière a le droit de vivre dans sa ou ses propriétés jusqu’à ce qu’elle décède à son tour ou qu’elle se remarie. Et ses filles ont également le droit de résider dans ses propriétés jusqu’à ce qu’elles se marient elles-mêmes.
Comme on peut le constater, la Kétouba n’ordonne pas à l’homme “d’aimer” sa femme, mais lui donne plutôt les outils et ingrédients nécessaires pour parvenir à une relation saine et pour démontrer qu’il s’engage à respecter certaines obligations en tant que mari. Miriam Kosman, auteure du livre Circle, Arrow, Spiral : Exploring Gender in Judaism, stipule que c’est précisément cet aspect qui permettra à leur amour de grandir et de fleurir.
Par ailleurs, il s’agit d’un document dont la signature incombe à tout mari, peu importe son statut social. Il ne s’agit en aucun cas d’un document d’acquisition, mais plutôt d’un document qui définit les obligations et les devoirs. La Kétouba est acceptée par la femme et validée par deux témoins qui attestent de l’engagement et des actions du mari envers sa femme. Et le mariage ne sera valide que si ces deux témoins Cachères sont présents et signent la Kétouba.
L’obligation de l’homme envers la femme
Mais pourquoi la Torah n’enjoint-elle qu’à l’homme de remplir certaines obligations envers sa femme, et pas l’inverse ? En fait, D.ieu a créé la femme de telle sorte à ce que son être soit déjà prédisposé à vouloir se marier. Selon la loi juive, seul l’homme a l’obligation de se marier et de fonder une famille, et non la femme. Cela probablement parce qu’il n’est pas dans la nature de l’homme de vouloir s’engager et c’est précisément la raison pour laquelle D.ieu lui donne cette responsabilité. D.ieu S’attend à ce que nous combattions notre mauvais penchant ; c’est là que réside notre travail dans ce monde. Miriam Kosman donne une explication intéressante à ce propos. Elle stipule que comme le penchant de l’homme le pousse à hésiter à s’engager envers une seule femme, c’est exactement la raison pour laquelle D.ieu lui a imposé cela, car c’est précisément ce qui le fera grandir et s’épanouir.
La Kétouba : un document de protection pour la femme
En somme, on peut constater que la Kétouba est conçue pour protéger la femme, pour s’assurer que son mari la chérira et satisfera ses besoins matériels et émotionnels. C’est le document le plus favorable à la femme ! Elle permet à l’homme de s’engager et de remplir les responsabilités qui lui incombent. Puissions-nous réaliser tous les bienfaits que D.ieu procure à la femme juive, notamment l’ingéniosité des éléments inclus dans la Kétouba, et mettre à profit tous les outils qu’Il nous donne pour réussir notre mariage, Amen !