Question d'une internaute : Je suis mariée depuis un an. Mon mari est très attentionné, doux, à l'écoute... Bref, je sais que j'ai beaucoup de chance, D.ieu merci. Mais il y a un domaine dans lequel j'ai beaucoup de mal, c'est le domaine intime. Je trouve qu'on pourrait très bien vivre sans et ça lui fait de la peine que ça ne m’intéresse pas du tout. Je dois avouer que je trouve cet acte même sale et honteux. Personnellement, je ne souffre pas de cette situation, mais lui, oui : il pense que ça veut dire que je ne l'aime pas ou bien que je ne suis pas normale… Qu'en pensez-vous ?
Réponse de Mme Seyman
La croyance populaire s'est édifiée sur un mythe selon lequel si un homme et une femme s’aiment, alors tout se passera avec perfection dans le domaine intime. Tout se ferait de façon naturelle, sans effort, avec bonheur et plaisir, car si l’amour est présent, alors ça ne peut pas se passer autrement ! Et si tout n’était pas si facile ? Si l’on s’aime profondément mais que la vie intime ne suit pas le même chemin, alors qu’est-ce que cela veut dire ? Et surtout, que faut-il faire ?
L’importance de l’intimité dans le couple
Nous vivons au sein d’une époque dominée par la quête du plaisir et en particulier dans le domaine intime. Tout ceci donne lieu à des dérives constantes qui instillent une image débridée, honteuse et sale à l’intimité. Dans les familles, il s’agit d’un sujet tabou où l’on évite les explications en faisant bien ressentir la gêne d’évoquer le sujet. Ainsi, les relations intimes sont assimilées inconsciemment à un manque de valeurs et à un plaisir coupable et interdit. Dans ce contexte, il n’est donc pas étonnant que beaucoup de jeunes élevés dans les valeurs du judaïsme aient intégré involontairement cette idée confuse. Or, tout ceci est faux. Si elles restent dans le cadre de la Torah, les relations intimes entre un mari et sa femme sont d’une sainteté incomparable. D’ailleurs, elles seront le résultat de la création d’une âme, quelle preuve plus irréfutable existe-t-il ? Dans le judaïsme, tout est fait pour que le couple puisse se rapprocher dans tous les sens du terme, et pas seulement pour créer une vie. Être marié selon la Torah, c’est s’unir de corps et d’âme. Mais il y a autant de couples que de façon de s’aimer. La Torah donne énormément d’importance au plaisir de la femme, au point que nos Sages recommandent à l’homme de ne se consacrer qu’à cela lors des relations conjugales. Quoi qu’il en soit, il est très important de communiquer sur les désirs et les blocages de chacun, en particulier chez les jeunes couples tels que vous, afin d’arriver à un compromis qui permette à chacun de s’épanouir. La clé du bonheur intime se trouve dans cette phrase : le but est de donner et non de prendre.
La femme et son fonctionnement
Le désir de la femme fonctionne complètement différemment de celui de l’homme et il est très important que chacun au sein du couple en ait conscience. En version courte, les hommes ont besoin de rapports intimes pour se sentir bien, alors que les femmes ont besoin de se sentir bien pour les rapports intimes. Ce lien conjugal est très important pour l’homme, car c’est le moment privilégié qu’il attend avec sa femme. C’est à cet instant qu’il ressent qu’elle lui appartient entièrement, qu’elle est toute à lui et lorsqu’il ressent le non-désir de sa femme, il prend cela pour un échec et se l’attribue automatiquement. Or, une femme n’a pas cette capacité de faire abstraction de ce qui se passe dans sa tête pour se consacrer à ce qui se passe dans son corps, contrairement à l’homme. L’homme a juste besoin de voir sa femme pour ressentir du désir pour elle. Or, pour la femme, c’est beaucoup plus compliqué. Pour la plupart des femmes, le désir doit se créer, il ne vient pas naturellement. La femme a besoin d’être inspirée par un dîner à deux ou bien une promenade au grand air par exemple. Il est important également qu’elle se sente bien dans sa peau, mais pour cela, il est impératif qu’elle prenne soin d’elle.
Dans un monde où nous entretenons l’illusion de tout posséder, il faut savoir que le désir naît du manque. Les lois de la Torah sont toujours présentes pour nous montrer le bon chemin à emprunter grâce aux lois de pureté familiale. Ces deux semaines où le mari et la femme sont ensemble sans pour autant pouvoir s’unir participent pleinement à raviver constamment la flamme dans le couple.
Mes conseils
- Gardez les lois de pureté familiale : elles sont un gage de renouvellement du désir, mois après mois.
- Gardez en tête que ne pas désirer l’autre ne signifie pas ne pas l’aimer. Le désir n’est pas automatique, mais il se provoque. Entretenir le désir dans son couple demande de l’attention et de la volonté.
- Communiquez ensemble sur ce que vous aimez, ce que vous prohibez, etc. C’est impératif, surtout pour un jeune couple. Vous devez comprendre le fonctionnement de chacun et c’est normal. Ce ne sont pas des conversations honteuses, dites-vous bien que tout ce qui participe à l’épanouissement d’un couple est sain et encouragé par la Torah.
- Faites-vous belle pour lui, mais surtout pour vous ! N’hésitez pas à aller dans des salons de beauté, chez la coiffeuse… Il faut que vous vous sentiez bien dans votre corps et dans votre esprit pour être totalement disponible pour votre mari.
- Créez ensemble des ambiances propices aux rapprochements : dîners romantiques, parfums agréables, chacun apprêté selon les envies de l’autre, etc.
- Faites un bilan de santé. Parfois, certaines hormones mal dosées dans le corps peuvent participer à ce manque de désir.
Ne vous inquiétez pas, vous êtes tout à fait normale et vous avez un mari adorable qui vous aime et qui est à votre écoute, donc vous avez toutes les clés en main pour vivre une véritable harmonie conjugale. Si, malgré tous mes conseils, votre souci persiste, n’hésitez pas à consulter un professionnel qui saura vous aider, mais je peux vous assurer que bon nombre de couples démarrent ainsi dans la vie pour s’épanouir progressivement et, à l’arrivée, être en osmose la plus parfaite.
Béhatsla’ha !
Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.