J’aimerais partager avec vous une histoire qui, bien que fort sympathique, nous dévoile un enseignement très puissant, une des clés du bonheur. Puissions-nous en profiter, particulièrement en ce mois de Eloul, afin qu’il accompagne et éclaire toute notre vie !
Si vous avez la chance de connaître Jérusalem, vous avez peut-être aussi eu l’occasion d’attendre, parfois bien longtemps, un de ses bus, et de ce fait, de monter dans ledit bus, en tentant de ne pas écraser les enfants et leur maman accrochée à leur poussette, elle-même à deux doigts de se replier sur bébé !
Mais, ne maugréons pas, nous sommes, avouons-le, bien contentes qu’ils nous promènent à travers tout ce merveilleux pays à moindres frais.
Pour ceux qui ont l’habitude du trajet Bné Brak-Jérusalem, vous connaissez le bus 402, et pour les autres, voici les présentations faites !
Changement de direction
Un samedi soir après Chabbath, un groupe de voyageurs attend depuis plus d’une demi-heure le 402. Les uns doivent se lever tôt pour travailler le lendemain, les autres sont avec des petits enfants épuisés d’avoir passé Chabbath loin de la maison, d’autres encore, plus âgés, ont du mal à rester debout, car, bien évidemment, l’unique petit banc ne peut contenir tous ceux qui en ont besoin. L’aiguille tourne et, malheureusement, l’écran d’informations n’indique aucune bonne nouvelle en vue…
Et voilà qu’arrive un 318, qui roule en direction de Ré'hovot. Il est vide !
C’est alors que certains passagers ont l’idée totalement saugrenue de lui faire des grands signes pour l’arrêter. Ils expliquent alors au chauffeur incrédule, qu’ils attendent depuis plus d’une demi-heure un 402 qui n’arrive pas. Ils le supplient, avec toutes les politesses d’usage, bien entendu, de bien vouloir les laisser monter à bord et de les conduire à Jérusalem !
Tout le monde s’en mêle, une lueur d’espoir jaillit enfin, impossible de laisser passer une telle aubaine. Après 5 bonnes minutes de jérémiades, le chauffeur au grand cœur se laisse convaincre… Le bus se remplit en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, sous les applaudissements, remerciements et bénédictions de toutes sortes, des passagers qui ne voient dans notre chauffeur, ni plus ni moins que leur sauveur ! Et voilà un 318 de Ré'hovot, parti pour… Jérusalem.
Arrivé à l’entrée de la ville, les supplications reprennent afin que le bus qui, rappelons-le, n’a rien à faire ici, s’arrête à toutes les stations de Jérusalem, car à une heure si tardive, comment feraient-ils autrement pour rentrer chez eux ? À nouveau, le chauffeur, après que les passagers l’aient imploré quelques minutes, exauce leurs requêtes et dépose chacun à la station demandée, exactement comme l’aurait fait un 402. Tout celui qui descend déverse une pluie de bénédictions qui, sans aucun doute, va l’accompagner toute l’année durant.
À la fin du trajet, alors qu’il ne reste plus qu’un seul passager, celui-ci s’approche du chauffeur en disant : « Mais tu es complètement fou, si la direction apprend que tu as changé de trajet… Je n’aimerais pas être à ta place ce jour-là ! » Et le chauffeur de répondre : « Mais tu n’as rien compris, je n’suis pas un 318 en direction de Ré'hovot, mais bien un 402 pour Jérusalem !! »
« Je t’explique, quand j’ai vu que j’avais une demi-heure de retard, je me suis dit que j’allais être accueilli par des cris, des huées et des insultes. Alors j’ai eu l’idée de changer le panneau affichant le numéro du bus. Convaincu que je leur rendais un ÉNORME service, j’ai transformé une pluie de malédictions en une pluie de bénédictions !! »
À nous de choisir notre camp !
Si cette histoire nous fait sourire, elle est aussi une analyse très fine du comportement humain. Dans la vie, nous pouvons agir de deux façons dans nos relations avec autrui.
Soit nous sommes dans l’attente des bienfaits de l’autre, en considérant qu’ils sont notre dû. Tout manquement ou écart de comportement nous fait ressentir que l’on n’a pas obtenu ce qui nous revenait de droit. On attend un 402 : il arrive en retard, on maugrée. Il n’y a pas assez de places, on se fâche. Il nous dépose à une heure très tardive à la station, et nous descendons du bus en nous retenant à peine de le couvrir d’insultes.
Ou bien nous considérons que rien ne nous est dû, et que tout est un cadeau, alors, quand le 318 arrive, on le remercie. On est serré, mais il nous a tous laissé monter. Il nous dépose à la station, tard il est vrai, mais il a fait tout ce qu’il a pu !
Dans le premier cas, je suis aigrie, toujours dans l’attente de quelque chose qui n’arrive pas, ou pas comme je le souhaite, ou pas assez vite. Dans le deuxième, je suis ravie, satisfaite, émerveillée de tous les bienfaits que je reçois, je suis sereine et souriante. En fait, il ne tient qu’à moi de choisir mon camp.
En particulier avec notre conjoint...
Attendons-nous un mari-chauffeur de 402 ? Allons-nous scruter à la loupe son heure d'arrivée, sa bonne humeur, ses cadeaux, son aide au quotidien ? OU recevons-nous avec bonheur un mari chauffeur de 318 ? Chaque petite attention est relevée et remerciée. Et pour ce qu’il ne parvient pas à faire, je ne l’attendais pas, donc je ne suis pas déçue.
Mon mari a 15 minutes de retard, cela signifie : “Il ne pense pas que je m'écroule avec les enfants et que j'ai besoin de lui…” OU : “Son patron l'a peut être retenu, j’espère que tout va bien !”
Il me souhaite mon anniversaire avec deux jours de retard : “Vraiment il ne pense jamais à moi !” OU : “Il est un peu tête en l’air, mais c'est tellement gentil d'y avoir pensé !”
Il sort la poubelle : “Normal, il faut bien qu'il participe !” OU : “Merci, ça me soulage vraiment.”
Il va chercher les enfants à l'école : “Encore heureux, ce sont ses enfants après tout !” OU : “Il me sauve, je suis retenue au bureau.”
Non seulement les relations sont plus agréables, mais de plus, mon mari voyant que tout ce qu’il m’offre, que ce soit un simple sourire, un service, ou un objet matériel, est accueilli comme un grand cadeau… aura envie d’offrir bien plus encore !
Le mois d’Eloul est le moment de l'année qu’Hachem nous a donné pour nous permettre de progresser, et Il nous octroie une aide particulière. Nos relations à l'autre, et plus particulièrement avec nos proches, font partie du travail essentiel qu’Hachem attend de nous.
Ne rien attendre et tout recevoir comme un cadeau est définitivement, non seulement une recette de bonheur et d’amélioration certaine de nos relations Ben Adam La’havéro (entre l’homme et son prochain), mais aussi un passeport pour la nouvelle année qui s’annonce !
Je remercie Rav Israël-Arié Brand, de qui j’ai entendu cette histoire lors de Chéva’ Brakhot, de nous avoir fait profiter d’un si bel enseignement.
Chana Tova, et que vous soyez toutes inscrites, vous et vos proches, dans le livre de la vie !