Enfant issue d’un mariage mixte, je n’ai jamais vraiment eu de véritable identité… jusqu’à ce jour où j’ai pris une décision qui a changé (non seulement) ma vie, mais a aussi déclenché au passage un miracle collectif !
Trouver ma place
J’ai grandi dans une famille mixte : mon père juif tunisien complètement éloigné de la religion et ma mère d’origine bretonne. Avec moi au milieu, fille unique et… pas comme les autres. J’avais toujours l’impression que je n’étais pas à ma place et je me sentais souvent seule !
Avec les années, ce sentiment est resté en moi aussi bien à l’école (laïque) qu’avec les copines (non juives). Jusqu’à ce qu’un jour, une fille qui était nouvelle au lycée me demande : “T’es juive ?”. Ben en fait… je ne savais pas ! Donc je n’ai pas su quoi lui dire… Et surtout, j’ai réalisé qu’au fond, je ne savais même pas qui j’étais vraiment ! Je ressentis alors le besoin de comprendre ce judaïsme qui faisait apparemment partie de moi, mais que je ne connaissais pas du tout. Mais malheureusement, mes questions restaient sans réponse, car mon père ne connaissait rien de son héritage spirituel, et ne pratiquait aucune tradition juive. Je me sentais perdue, différente des autres et assez seule…
Et puis un jour, j’ai eu une idée qui allait changer mon destin… Je me suis décidée à questionner le seul juif que je connaissais au lycée, David : “Dis-moi, je m’interroge sur la religion juive, tu pourrais peut-être m’aider ? Je n’y connais rien !”. J’avais super honte, mais j’en avais assez d’être ignorante ! Le problème c’est que lui était gêné de me dire qu’il n’était pas très pratiquant et qu’il avait du mal à répondre à toutes mes questions. Alors, très gentiment, il m’a donné le numéro de téléphone de sa grande sœur, qui travaillait au Consistoire. Ce ne fut pas simple de l’appeler… après tout, c’était une inconnue à qui j’allais dire : “Expliquez-moi ce que c’est que d’être juive”, mais je me sentais tellement mal que je me suis jetée à l’eau !
Heureusement pour moi, sa sœur était adorable et elle n’a pas eu l’air trop choquée par mes questions... On s’est rencontrées et après avoir discuté plusieurs fois des valeurs du judaïsme, la pérennité du peuple juif à travers les générations malgré les souffrances, j’ai été attirée progressivement comme un aimant vers cette histoire que je ressentais être la mienne, celle de mes ancêtres. Je suis alors allée à des cours pour en apprendre davantage, et après plusieurs mois, j’ai décidé de me convertir. C’était pour moi comme une révélation !
Des changements nécessaires
J’ai entamé les démarches auprès du Consistoire et j’ai commencé mes cours de conversion. C’était le grand bonheur ! Plus j’apprenais, plus j’avais le sentiment que c’était évident et que ma place était là ! Par contre, ce n’était pas si facile au quotidien. Je devais apprendre à respecter la Cacheroute et je vivais chez mes parents qui ne voulaient rien entendre de tout ça ! Je ne leur en voulais pas, mais du coup, je devais faire beaucoup d’efforts toute seule, comme acheter une vaisselle spéciale que pour moi et aussi pour les courses, que je n’achetais que d’après la liste autorisée.
Le Chabbath était aussi très dur, car même si j’allais à la synagogue, à la maison, il n’y avait aucune ambiance Chabbatique... David me demandait souvent de mes nouvelles sur mon processus de conversion, et je lui racontais combien je me sentais seule le Chabbath. Et un jour, je reçus ma première invitation chez lui ! “Ce Chabbath, tu es invitée chez mes parents pour tous les repas !”
J’étais super touchée de son attention, ça me faisait chaud au cœur ! Mais je savais que sa famille et lui n’étaient pas pratiquants, alors, avec beaucoup de regrets, je déclinai son invitation. Puis, la semaine suivante, il me refit la même invitation. Et comme s’il avait lu dans mes pensées, il me dit : “Si c’est ça qui t’inquiète, sache que ma mère a prévu la plaque de Chabbath et il n’est pas question d’allumer la télé en ta présence !” C’était magnifique ! J’étais tellement reconnaissante envers cette famille qui ne me connaissait pas et qui déjà faisait des efforts pour me recevoir. Je me souviens avoir remercié Hachem pour Sa grande bienveillance.
J’ai passé un merveilleux Chabbath en leur compagnie, et dans le respect de ce jour si important. Et au fil des mois, j’étais régulièrement de nouveau invitée et je voyais que lentement (mais sûrement), c’était toute la famille de David (lui compris) qui se mettait à respecter le Chabbath ! Les hommes de la famille s’étaient même mis à venir aux offices de prières !
Une succession de bénédictions
Et un jour, vint enfin ce moment tant attendu du Mikvé… Il fut pour moi comme une renaissance… Le départ d’une nouvelle vie ! Je me sentis plus proche que jamais de ce D.ieu auquel je croyais sans savoir comment le Lui montrer. Et après m’être rapprochée de Lui, je reçus, quelques mois plus tard, le plus beau des cadeaux… une surprise que je n'aurai jamais imaginée (même dans mes plus beaux rêves) une demande en mariage de David !
Il m’a alors avoué qu’il avait été impressionné par ma démarche et ma sincérité et que ça lui avait donné envie d’en faire plus. Et que maintenant, c’était avec moi et aucune autre qu’il souhaitait avancer et construire sa vie, dans la Torah. Qui aurait cru que ce que je croyais être une quête d’identité était en fait un projet Divin et qu’Hachem avait prévu, avant même que je ne passe la porte du Consistoire, une Téchouva familiale et des bénédictions pour tous ! Tout ce chemin m’avait été nécessaire. Tous ces doutes, ces interrogations, pour enfin trouver Le Maître du monde et vivre pleinement mon lien avec Lui.
Aujourd’hui, quand je regarde mes enfants endormis dans leurs petits lits, je suis confiante, parce que je sais que, quel que soit leur chemin, Hachem sera toujours à leurs côtés.
Rachel H.