La réussite de la vie de couple est un des fondements d'une vie de Torah. Combien de "modes d'emploi" ont été écrits, de cours ont été donnés sur ce sujet inépuisable. Certains couples ont besoin d'un travail de fond, mais la majorité se trouve à un niveau "satisfaisant, peut mieux faire" et ne voit pas la nécessité de progresser. Il existe pourtant des façons d'élever son couple, au delà des éléments évidents comme le dialogue, l'abnégation pour l'autre, les compliments… Pour ceux qui veulent que leur couple aille encore mieux, bienvenue à l'école de la vie de couple.
Éloge de la patience
La patience est définie comme la capacité à surmonter quelque chose qui nous dérange, ou des obstacles à notre volonté. Son contraire, l'impatience est la cause principale de la colère, on a donc tout intérêt à s'investir pour acquérir cette patience. C’est un baromètre de la personnalité toute entière et elle va de pair avec la qualité de modestie.
Nos Sages dans un commentaire sur le traité Guittin décrivent cinq niveaux de patience :
- Ceux qui sont vexés et rendent à l’offenseur.
- Ceux qui répondent à ceux qui les ont vexés, mais de façon à ne pas les vexer en retour.
- Ceux qui souffrent de la vexation qu’ils ont supportée, ou sont en colère au fond d’eux, mais ne disent rien.
- Ceux qui pourraient répondre mais se taisent, se calment et, finalement, ne ressentent plus rien, ils ont tout oublié.
- Ceux qui ont acquis la qualité de Lev Tov (un bon cœur). Rien, ni personne ne pourra entamer leur calme, ils restent au même niveau de sérénité et de joie avant et après l’évènement.
Cela peut paraître difficile, en dehors même de nos capacités, mais ce n'est qu'une question d'habitude. Un moment, nous parvenons à nous maîtriser, une autre fois, nous attendons quelques minutes avant de réagir et nous voilà déjà arrivés à un niveau supérieur de patience.
N'oublions pas, Hachem nous a créés avec des visages différents pour qu’on comprenne que l’intériorité est également différente. Notre conjoint a sa propre volonté, on ne fait que des propositions et les autres sont tout à fait libres d’accepter ou de refuser.
Savoir vivre ensemble
La vie de couple apprend à sortir de son moi, de son égoïsme, de son égocentrisme. Avec le mariage, on apprend à prendre en compte l'autre et on apprend que nous ne sommes pas seuls à exister dans ce monde.
On peut faire le choix de vivre ensemble, comme deux associés, cela peut même très bien se passer : on décide de chaque chose en commun, on discute quand on est libre, on essaie de ne pas empiéter sur le territoire de l'autre. Mais il y a une autre alternative, plus que des associés, on peut choisir de construire un lien plus fort :
- S'intéresser vraiment à l'autre même lorsqu'on est soi-même dans une difficulté.
- Rechercher ensemble la cause de ce qui arrive, des différentes épreuves de la famille.
- se remettre en question sans tenir un cahier de comptes de ce que chacun fait.
Bref, la réussite de notre famille se doit d'être un projet commun.
Rester chez soi
On reproche si souvent notre manque de bonheur aux autres. On croit par erreur que si l'autre change, cela nous permettra d'être plus heureux. La vérité est différente : plus on "restera chez soi", plus notre épanouissement sera grand. Que veut dire rester chez soi ? On ne cherche pas à résoudre ses problèmes en passant par l'autre, notre remise en question est tournée vers nous-même. C'est aussi une façon de s'exprimer, toujours en "je", sans rejeter sa colère ou son mal-être sur l'autre et l'en rendre responsable.
À travers ce travail sur soi, nous verrons des changements sur nous-même, mais aussi sur notre entourage. Nous gagnerons également ce sentiment de satisfaction qui nous habite chaque fois que nous devenons un peu plus adultes.
Développer le lien émotionnel
Dans notre monde moderne qui met en premier plan l’intellectualisme, la réflexion et toutes ces qualités qui sont entièrement cérébrales, c’est presque devenu une tare d’être émotif. On a honte de pleurer, de perdre un instant son calme. C’est pour cela que de plus en plus, les gens étouffent leurs émotions et s’en éloignent. Il y a deux raisons à ce phénomène : la honte de dévoiler une partie de nous-même et la peur d'être pris pour quelqu'un de faible.
Rav Zylberstein définit pourtant l'émotion comme étant "la colle" du couple. Sans elle, le couple s'éloigne et s'affaiblit. Sachons donc sortir de la routine factuelle de notre vie et investissons dans les moments ensemble et les discussions profondes. Plus ces instants de qualité se répèteront, plus le lien émotionnel du couple se renforcera.
Reconnaître chaque bienfait
Apprendre à dire merci pour chaque petit bienfait est une des bases de la pensée positive moderne. Notre Torah et nos Sages n'ont pas attendu et parlent de la notion d'Hakarat Hatov (la reconnaissance) depuis des milliers d'années. Malgré tout, le fait de remercier ramène l'homme à sa dépendance et son imperfection. C'est pourquoi nous cherchons toutes les raisons pour ne pas nous sentir redevables.
Rav Wolbe écrit dans "Alé Chour" que l'amour sans reconnaissance n'existe pas. Elle peut exister au début du chemin du couple, mais s'il n'y a pas de reconnaissance, elle se transformera bien vite en haine avec le temps.
Si comme nous l'avons vu, il n'est pas conseillé de tenir un cahier de comptes de ce que chacun fait, on peut, en revanche, relever chaque bienfait de son conjoint et l'exprimer. Cela nous permettra d'améliorer notre vision positive dans notre couple et dans notre vie en général...