Il ne fait aucun doute que tout parent souhaite voir ses enfants s’aimer et se respecter mutuellement. En effet, c’est exactement ce que nous demande notre Père céleste : « Mon fils, qu’est-ce que Je vous demande ?...Que vous vous aimiez et vous respectiez »… « Mais chérissez la vérité et la paix » (Zacharie 8,19).
Il ne fait aucun doute que la tâche d’élever des enfants est particulièrement complexe et présente de nombreux défis.
Il y a peu de temps, j’ai parlé à mon mari, et nous sommes arrivés à cette conclusion tranchante : il n’est pas possible de réussir à éduquer nos enfants sans être orienté par la Torah à chaque étape.
Pour dire vrai, je vous raconterai que pendant toutes mes années de mariage et d’éducation des enfants, nous avons couru - encore aujourd’hui - entre les conseillers conjugaux, les conseillers parentaux, et les coachs personnels, pour obtenir des outils pour nous aider à lutter et à résoudre des problèmes qui surgissent dans la dynamique changeante de la vie. Sans cela, la situation se transforme rapidement en succession comique (ou tragique) d’erreurs. Et tout ceci, malgré mon expérience professionnelle et les nombreux diplômes qui ornent les murs de ma clinique.
Je me trouvais un jour au supermarché, et une femme faisait la queue avec deux enfants adolescents. Les ados ne cessaient de se taquiner, de se disputer et de se maudire.
La mère les réprimanda, les menaça et les implora même de cesser, sans succès. Le rouge de ses joues révélait sa confusion et sa colère. Je compris très bien sa détresse.
Alors, concrètement, que fait-on ?
1. Les enfants sont des enfants : comprenons que si nous, des adultes, avons des difficultés à ajuster nos sentiments et à maîtriser nos réactions et nos gestes, alors c’est d’autant plus difficile pour les enfants. Ils ont besoin de parents qui leur posent des limites (sans agressivité, mais clairement), avec lesquels ils peuvent dialoguer librement et sainement, et qui leur donnent une définition claire des règles en vigueur à la maison.
2. Un champ de bataille social : chaque enfant arrive de l’école avec diverses « charges explosives », et à nous de savoir comment l’aider à se décharger de ses difficultés pour éviter que sa frustration ne se déverse sur nous ou sur ses frères et sœurs.
3. Disputes entre parents : les enfants qui sont exposés à des disputes et querelles entre leurs parents imitent leur manière d’agir. Lorsqu’ils voient que les adultes qui sont responsables d’eux ne réussissent pas à « s’arrêter au feu rouge » et à faire un travail sur soi, il est alors évident qu’ils ne sont pas capables de se freiner et de maîtriser leurs réactions impulsives.
4. « Le penchant de l’homme est mauvais depuis l’enfance » : si nous voulons que nos enfants s’aiment, nous devons apprendre et déployer des efforts pour créer une atmosphère aimante et tolérante à la maison, qui permette à nos enfants de surmonter leur mauvais penchant et à choisir le bien.
5. Intelligence émotionnelle : quand avons-nous parlé la dernière fois avec nos enfants de sentiments ? Le monde sensible de l’enfant est rempli d’expériences bouleversantes, d’étonnements et de frustrations. Si nous arrivons à créer un dialogue sain, où il est possible de s’exprimer librement, sans être jugé ni critiqué, les bagarres finiront par diminuer.
6. Les parents n’ont jamais le droit de prendre le parti d’un enfant : les enfants, inconsciemment, jaugent l’amour de leurs parents par le biais des disputes. Si le parent prend le parti d’un enfant, cela ne fait qu’aggraver les frictions entre eux. Un enfant qui voit l’un de ses parents prendre son parti ressent une supériorité sur ses frères, ce qui crée une guerre de statut et de concurrence incessante pour l’amour et l’attention parentale. Lorsque deux enfants se disputent, nous devons leur dire : « Je n’aime pas ces disputes, et peu importe qui a commencé ! Je compte sur vous pour vous arranger très bien entre vous ! Si vous continuez à vous disputer, vous allez tous deux entrer dans votre chambre pour vous calmer et réfléchir à votre conduite. »
7. A nous de retenir également que peu importe si le grand embête le petit ou le contraire… « Il faut deux personnes pour danser un tango », et s’ils participent à la querelle, c’est le signe qu’ils y gagnent quelque chose, sinon, ils auraient cessé. Comme je le dis à mes enfants : « Si vous vous disputez, apparemment c’est que ça vous plaît, alors si c’est le cas, faites-le dans votre chambre, car je ne suis pas prête à intervenir ». Soit je m’éloigne de la source du bruit, soit je les envoie jouer plus loin.
8. La jungle de la vie : les luttes entre enfants ne sont pas toujours négatives, si elles ne sont pas extrêmes. Les querelles naturelles entre frères et sœurs les aident à développer des systèmes de résistance saine, en face de leurs proches, ainsi qu’à développer des outils et des aptitudes à vivre en société. Comme dit, il vaut mieux qu’ils s’habituent à utiliser leurs forces avec leurs frères aimés plutôt que dans la « jungle sociale » en-dehors de la maison.
9. Le test des limites : les enfants ont besoin de parents ayant de l’autorité, qui savent leur placer des limites claires. Les parents peuvent imposer des limites uniquement par le biais d’un travail constant sur soi, d’une confiance en soi et d’un exemple personnel. Les enfants ont besoin de modèles qui leur indiquent intelligemment la voie à suivre, avec bienveillance, et qu’on leur transmette des messages sans équivoque.
10. La sainte Torah : « Elle est un arbre de vie pour ceux qui s’en rendent maître et s’y attachent, c’est s’assurer la félicité ! », la Torah est le code de la route de ce monde-ci. Les enfants qui grandissent sans idéologie claire, sans « mode d’emploi », ne sauront jamais se mettre de limites ni de barrières. La Torah est le cœur de notre existence et il n’est pas possible de progresser sans elle.
Alors puissions-nous élever des fils et des filles, sages et intelligents, aimant D.ieu et Le craignant, qui se portent un amour et un respect mutuels, pour vivre bien, aussi bien dans ce monde-ci que dans le Monde à venir.
Avec toute mon affection,
Rabbanite ‘Haguit Amayav