Les douleurs de l’enfantement ont un objectif totalement différent des autres douleurs que l’on peut ressentir au cours de la vie.

Les souffrances physiques existent pour nous signaler que quelque chose ne va pas à l’intérieur de notre corps et ainsi nous alerter et nous avertir du fonctionnement anormal d’un ou de plusieurs organes.

Il est possible de décrire la douleur comme un «  intermédiaire  » entre l’âme et le corps, car grâce à elle, nous comprenons que nous devons réparer quelque chose dans notre organisme.

En revanche, les douleurs liées à l’accouchement ne sont pas un panneau nous signalant que quelque chose ne va pas. Au contraire, ce sont des douleurs bénéfiques ! Les sages-femmes ont l’habitude de dire : «  Nous attendons les douleurs  », car chaque douleur a une signification quant à l’avancement du processus de l’accouchement.

Le fait de comprendre que grâce aux douleurs, il est possible d’évaluer l’état d’avancement de l’accouchement et que seulement grâce à elles, il est possible de mettre au monde un enfant nous permettra de les appréhender de façon beaucoup plus positive.

Ces douleurs ressemblent à un alpiniste qui escalade une montagne. Au départ, c’est assez simple, la personne est en pleine forme et a de l’ambition. Puis, petit à petit, la montée devient de plus en plus rude et le moment le plus éprouvant est sans doute celui où elle est presque arrivée au sommet.
 

De même, durant un accouchement, trois paliers de douleurs doivent être franchis :

  • Étape 1 : Les contractions sont plus ou moins faibles et la femme parvient à les surmonter avec facilité. C’est le stade dissimulé.

  • Étape 2 : C’est l’étape des contractions longues et douloureuses. À ce moment-là, la femme a besoin de rassembler toutes ses forces afin de les affronter. C’est le stade actif.

  • Étape 3 : C’est le moment où les contractions sont les plus fortes et où la femme ressent qu’elle n’a plus de forces pour les supporter. C’est le moment décisif, le stade crucial.
     

Étape 1 

Cette phase est la plus facile et elle prépare la femme à l’accouchement. À ce stade, la femme commence à se déconnecter de ce qui l’entoure, se concentre sur ses douleurs et s’entraîne à respirer afin de calmer les contractions.

C’est un moment de préparation avant le passage à l’étape suivante qui est plus difficile. Le fait que la femme réussisse à passer ce cap lui procure un sentiment de satisfaction qui lui fournit les forces nécessaires pour continuer.

Tsippy, dont c’était le premier accouchement, a profité du petit temps de répit qu’elle a eu entre les contractions pour questionner l’assistante qui l’accompagnait : «  C’est cela les douleurs ? Ce sont ces contractions qu’il y aura durant tout l’accouchement ? Si c’est ainsi, je crois que je pourrai accoucher sans péridurale…  » «  Ne pense pas à ce qui viendra après  » lui répondit l’assistante à l’accouchement qui avait bien compris qu’elle n’était qu’à la première phase. «  Concentre-toi à chaque fois sur la contraction présente, et avec l’aide d’Hachem, tu parviendras à surmonter toutes les douleurs  ».

Pendant cette étape, la sage-femme doit aider la femme à ce qu’elle ne laisse aucune place à l’inquiétude et à l’incertitude. Elle doit lui permettre d’aborder chaque contraction avec confiance et lui procurer ce dont elle a besoin afin qu’elle puisse se concentrer sur le moment présent.
 

Étape 2

À ce stade du processus, les contractions sont plus fortes et plus douloureuses. Elles se font plus fréquentes et leur intensité augmente. La femme doit mobiliser toutes ses forces afin de s’y confronter.

Les personnes qui l’accompagnent à ce moment doivent elles aussi se montrer utiles. Elles doivent prodiguer des paroles d’encouragement et de motivation. «  Tu peux le faire ! Tu en es capable ! Tu es forte !  » Il faut aussi lui promettre que la fin est proche et qu’elle aura le mérite d’accoucher en bonne santé.

Plus l’intensité et la fréquence des contractions s’accentuent, plus la possibilité que la femme désespère augmente. Cela est encore plus vrai lorsque la femme entend par ailleurs qu’il n’y a pas tellement de progression.

Tu demandes à ton entourage et à toi-même en premier lieu : «  Comment vais-je réussir à surmonter toutes les contractions qui m’attendent encore ?  »

La meilleure manière de dépasser ce stade est de se concentrer et de penser uniquement à l’instant présent. Il ne faut pas penser à ce qui viendra par la suite. Pose-toi la question suivante : «  Suis-je capable de surmonter la contraction qui est là en ce moment même ?  » Concentre-toi et réunis toutes tes forces dans ce but uniquement.

Ce principe apparaît dans les écrits de nos Sages à propos du combat que l’on doit mener au jour le jour contre le Yetser Hara. Les défaitistes voient en lui une montagne imposante dont on ne voit pas le sommet. Ils désespèrent donc dès le départ, car ils se persuadent qu’ils sont incapables de gravir cette montagne. En revanche, ceux qui sont intelligents ne regardent pas la hauteur de la montagne, cela ne les intéresse pas. Ils concentrent tous leurs efforts et toutes leurs forces afin de parvenir peu à peu à le faire basculer et le vaincre.

Un jour, un roi construisit une tour haute de 100 étages. Il annonça que celui qui parviendrait au sommet recevrait une importante récompense. Toutes les personnes du royaume tentèrent donc leur chance dans cette escalade. Nombreux furent ceux qui échouèrent durant les trente premières marches. Ce fut une expérience éprouvante, et l’effort demandé était trop important pour eux. Les plus courageux d’entre eux continuèrent à grimper jusqu’au 50ème étage, mais ils arrivèrent également au bout de leurs forces. Ils firent donc demi-tour et redescendirent avec un sentiment de défaite. Quelques-uns parvinrent à atteindre l’étage 80, cependant, ils abandonnèrent, totalement épuisés et exténués. Un seul réussit finalement à atteindre le sommet de la tour. Lorsqu’il reçut sa récompense, cet homme raconta : «  Lorsque j’atteignis l’étage 80, je sentis que jamais je ne pourrais parvenir au sommet et monter les 20 derniers étages.  » «  Peut-être vais-je réussir à escalader encore un étage…  » me suis-je dit. «  Quel est l’intérêt de monter encore un étage ? Il me restera de toutes les façons encore 19 étages que je suis incapable de franchir.  » Malgré cela, j’ai continué et, tout en ressassant des pensées folles face aux efforts que je fournissais, je réalisais qu’au 81ème étage, un ascenseur m’attendait afin de me faire parvenir au sommet en un instant !  » 

Ainsi, nous pouvons dire que l’accouchement ressemble au jeu de l’oie. Tu avances encore et encore, tu montes les «  échelles  » jusqu’à n’en plus pouvoir et puis soudain, en un instant, tu te rends compte que tu es déjà en haut ! Il est fort probable qu’une contraction très forte te fasse énormément progresser, et cela en un court laps de temps. Arme-toi de patience, prie Hakadoch Baroukh Hou afin qu’Il te fasse descendre une telle échelle.
 

Étape 3 : La crise

Se confronter avec succès aux contractions ne permet à aucune femme d’éviter la troisième et dernière étape. À ce stade, la femme ressent qu’elle n’a pas les forces pour y arriver et qu’elle a déjà utilisé le maximum qui se trouve en elle et qu’ainsi, elle ne peut plus continuer. Cette étape du processus se nomme «  la crise  », et elle est en général le signe de la naissance imminente du bébé.

Choulamite est arrivée en salle d’accouchement avec la ferme décision d’accoucher naturellement, sans péridurale ou autre antidouleur. Elle voulait utiliser tous les moyens naturels qu’elle avait appris afin de se confronter aux douleurs. Petit à petit, les douleurs commencèrent à s’intensifier. Les contractions se faisaient de plus en plus fréquentes et leur puissance augmentait d’autant plus. Choulamite, qui ressentait à présent les pics de chaque contraction, désirait vivement se reposer un peu, mais elle n’en avait pas la possibilité, car déjà la prochaine contraction se faisait sentir, et les autres suivaient juste après. Soudain, le moment de crise arriva : «  STOP ! ÇA SUFFIT !  » hurla-t-elle. «  Je n’en peux plus ! Je suis incapable de continuer !  Donnez-moi la péridurale ! Donnez-moi quelque chose pour que tout s’arrête immédiatement !  » L’assistante qui se tenait à ses côtés se baissa et lui murmura : «  Choulamite, maintenant c’est le moment de la naissance ! Il serait vraiment dommage de demander l’anesthésie péridurale maintenant ! Encore un peu et tout est fini.  » Et véritablement, quelques minutes après, toutes les douleurs de Choulamite appartenaient au passé…

L’instant où la femme ressent une absence de forces, un sentiment de faiblesse et d’impossibilité à continuer se nomme selon nos Sages : « La femme en travail  ». Le terme «  en travail  », signifie ici que la personne se trouve dans une situation où elle n’a plus la force de s’y confronter. La personne ressent qu’elle ne peut continuer et qu’elle n’arrive pas à trouver une issue afin de s’en sortir.

De manière surprenante, c’est justement à ce moment précis que le signe de la délivrance approche à grands pas. Tout le temps où l’homme trouve des forces, Hakadoch Baroukh Hou lui dit : «  Essaie de te débrouiller seul  ». Par contre, lorsque l’homme abandonne et affirme : «  Je n’en peux plus  », Hachem vient, l’aide et ainsi le délivre de ses souffrances.

Le verset dans Téhilim nous dit (118, 5) : « Du plus profond de l’abîme, j’invoque Hachem. Réponds-moi dans Ta largesse  ». Lorsque l’homme se trouve au plus bas, dans une grande difficulté et qu’il se sent incapable de continuer, alors le bout du tunnel se fait voir et la délivrance approche. Lorsque la femme se trouve au moment de l’ultime étape durant l’accouchement, au moment de la crise, l’utérus s’ouvre et le bébé peut venir au monde.