Pessa’h est derrière nous et nous sommes de retour à la routine quotidienne. Oui, nous avons relaté l’histoire de la sortie d’Egypte. Oui, nous avons développé le récit de la Haggada. Oui, nous avons écouté joyeusement nos enfants poser les quatre questions et rapporter les explications profondes entendues chez leurs maîtres.
Ai-je oublié quelque chose ? Certainement : le plus grand défi de tous. Le récit de notre Délivrance est désigné en hébreu par les termes « Yétsiat Mitsrayim », qui, traduit littéralement, signifie : sortie Egypte. Mais ne serait-il pas logique de dire plutôt Yétsia Mimitsrayim - l’exode d’Egypte ?
Oui, on nous a sortis d’Egypte, mais cela n’a pas été de notre fait. C’était un cadeau miraculeux de notre D.ieu miséricordieux, mais nous devons désormais relever un défi de taille, une tâche que D.ieu Lui-même ne pouvait prendre en charge pour nous : déraciner l’Egypte de l’intérieur de nous-mêmes.
Nous affrontons ce défi à chaque génération: éliminer de notre esprit et de notre cœur la culture de l’exil où nous vivons. Une tâche peu aisée, en particulier alors que nous vivons dans une société si tentante, mais nous les Juifs sommes destinés à vivre conformément aux valeurs données au Sinaï et qui ne sont ni négociables, ni sujettes au changement. En tant que tels, nous sommes chargés d’adopter une vision tout à fait différente de la vie que les autres.
Par exemple, dans la société américaine, le temps est compté comme de l’argent (d’où l’expression : « Le temps, c’est de l’argent »). N’hésitez jamais à consacrer du temps à des actes de ‘Hessed : rendre visite aux malades, aider les sans-abri, les démunis, les handicapés, accueillir des étrangers dans votre foyer - ou étudier la Torah sans viser un diplôme qui conduirait à une carrière lucrative.
Dans le judaïsme, le temps est synonyme de sainteté. Un Juif ne peut vivre sans son Loua’h, son calendrier. Quel est le Zmane, le moment désigné, pour allumer les bougies de Chabbath ? A partir du moment où nous bénissons ces saintes lumières, nous transformons en réalité le temps, qui passe du banal à la sainteté. Ces petites lumières vacillantes triomphent du matérialisme et de la cupidité et apportent des rayons de paix, de sérénité, et de sainteté.
Cela semble absurde. Comment de petites lumières vacillantes peuvent-elles avoir un pouvoir tellement imposant ? Mais interrogez toute personne qui les a allumées, observées et absorbées. Par le pouvoir de ces lumières, vous pouvez entendre une voix murmurer dans votre âme. Vous découvrez alors une lumière plus intense qui vous relie au Sinaï.
Comment ceci affecte-t-il notre monde contemporain ? Si le temps n’a pas d’autre valeur que l’argent, qu’est-ce que cela signifie ? Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de répondre à cette question. Regardez autour de vous et vous connaîtrez la réponse.
Examinons aussi l’expression populaire : « Tuons le temps ». Qu’est-ce que ça signifie exactement ? Il s’agit de le rendre inexistant, de le jeter aux ordures. Les gens pensent qu’ils ont parfaitement le droit de gaspiller leurs journées et de consacrer autant de temps que possible au « plaisir ».
Et sous le titre de « plaisir », tout y passe. Tout récemment, des étudiants d’université célébraient un « congé de printemps » en Floride en s’amusant sur la plage pendant que, littéralement sous leurs yeux, une fille se faisait violer par plusieurs brutes. Personne n’est intervenu. Personne n’a aidé la jeune fille, personne n’a dit « Stop ». Certains ont sorti leur téléphone, mais pas pour appeler les secours. Non, c’était du super matériel à poster sur YouTube - « Pour toutes vos connaissances, ça pourrait circuler ! »
Certains protesteront en affirmant que c’était un incident isolé. Malheureusement, de tels exemples d’insensibilité et de méchanceté abondent. Nous en lisons et en entendons parler presque chaque jour.
« Le fun » enlève sa valeur au temps. Dans le but de combler le vide béant dans votre cœur, vous cherchez de plus en plus de moments « de plaisir », et, rapidement, votre vie s’écoule. Un jour, vous vous réveillez et vous étonnez : « Où mes années sont-elles passées ? Qu’ai-je accompli dans ma vie ? » Mais, à moins d’avoir une réponse chargée de sens, vous mettez de côté ces questions troublantes et retournez à votre tourbillon de « plaisirs » vides (et parfois même préjudiciables).
Savez-vous qu’il n’existe pas d’équivalent au terme « plaisir » en hébreu, la langue sainte ? Car un Juif est chargé d’une mission plus élevée dans la vie. Nous devons sanctifier l’instant, l’heure, le jour, le mois, l’année - notre vie entière.
L’état d’esprit égocentrique des formules « le temps, c’est de l’argent », et « tuer le temps » a affecté non seulement notre société, mais aussi notre vision même du monde. Pourquoi prendre la peine d’aider ceux qui sont opprimés ?
Pensez juste à tous ces innocents qui, en lisant ces lignes, sont tués par les moyens les plus cruels par l’Etat islamique ou autres terroristes islamiques, tandis que le monde reste majoritairement silencieux. Il y a un nouveau Hitler dans le coin. Il a peut-être modifié son nom, son apparence et son adresse, mais c’est néanmoins le même fou furieux. C’est l’Iran, l’Etat islamique, et tous les lunatiques qui se sont fixés comme but d’éliminer tous ceux qui n’adorent pas Allah ou adhèrent à la loi de la Charia.
Notre monde est, que D.ieu préserve, au bord d’une nouvelle catastrophe. Bien sûr, il y a des différences. Hier, Hitler devait nous rassembler à des points de rassemblement et nous envoyer dans des wagons à bestiaux dans les usines de la mort. Aujourd’hui, les héritiers d’Hitler ne doivent pas fournir tant d’efforts. Si l’Iran parvient à ses fins, il suffira qu’un mollah appuie sur un bouton et que, D.ieu préserve… je ne veux pas prononcer ou même écrire le reste de cette phrase.
Conclure un accord avec l’Iran ? Le Premier ministre britannique n’a-t-il pas négocié avec Hitler et assuré joyeusement l’humanité qu’il avait conclu un accord avec le monstre qui garantissait « la paix pour notre époque » ?
Nous devons tous, chacun d’entre nous, sortir de notre stupeur léthargique. Nous ne pouvons éluder cette responsabilité, il nous faut reconquérir notre univers. Nous entendons toujours : « Ils doivent faire ceci », et jamais : « nous devons le faire ».
Alors commençons par nous-mêmes. Tentons d’être plus gentils, plus compatissants, plus aimants, plus compréhensifs. Ne craignons pas d’investir notre temps et nos journées dans la vie d’autrui avec un but à l’esprit : celui d’aider.
Ne craignons pas de nous battre pour la vérité et pour ce qui est approprié et juste. Rejetons ces notions maladives « le temps est de l’argent » et qu’il nous appartient de « tuer » le temps qui nous a été accordé.
Retenons : nous sommes des enfants de Torah, à qui on a confié la mission d’élever et de sanctifier le temps.
Retenons que notre but dans la vie ne peut être « moi, moi, moi ». Ayons toujours à l’esprit que chaque moment est précieux ; que, dès notre naissance, nous commençons à nous rapprocher du moment de notre mort et au compte-rendu que nous devrons livrer de notre vie en nous tenant devant D.ieu.
N’oublions pas que nous pouvons créer une différence, et posons-nous ces questions : « Qu’est-ce que je laisse derrière moi ? Quelqu’un se souviendra-t-il un jour que j’ai foulé cette planète ? Ai-je créé une différence ? »