Toute formation d’un nouvel état déclenche dans les cieux un jugement visant à évaluer la justification de son existence, est-ce qu’il mérite de vivre, qu’est-ce qu’il apporte de positif au monde, à son entourage et quelle perte peut découler de lui. C’est pour cela que l’accouchement, durant lequel un nouveau bébé arrive au monde, est un moment de danger.
À ce moment-là, l’enfant et même la mère ont besoin de grands miracles.
À ce moment, le bébé traverse un changement radical lui permettant de vivre dans le monde extérieur, comme le disent nos Sages (Nidda 30b) : « Et du fait qu’il soit sorti à l’air libre, s’est ouvert ce qui était fermé et s’est fermé ce qui était ouvert et s’il n’en était pas ainsi, il ne pourrait même pas subsister une heure ». Ainsi, à l’instant où il né, la bouche du bébé qui était jusqu’alors fermée durant tout son séjour dans le ventre de sa mère s’ouvre (c’est-à-dire que la respiration se fait dès lors par voie buccale), et le cordon ombilical qui était jusque-là ouvert sur le placenta et par lequel il recevait tout ce dont il avait besoin pour vivre se ferme.
Dans ces instants-là, le bébé est jugé au sujet sa vie, ou D.ieu préserve, au sujet sa mort, comme il est ramené dans le Zohar HaKadoch (Béréchit) : « À l’heure où la femme est en travail, HaKadoch Baroukh Hou considère le fœtus pour statuer s’il mérite de venir au monde, si oui, Il ouvre les portes de sa matrice, si non, Il les ferme et ils meurent tous les deux ».
La femme en couche est jugée en même temps que son bébé et elle a besoin d’une grande miséricorde divine afin de ne pas subir un dommage durant l’accouchement. Rachi a écrit dans le traité Chabbath (32a) : « Lorsque la femme est en bonne santé, ce sont ses mérites qui sont pris en compte et l’accusateur n’a pas le pouvoir de rappeler ses fautes, mais lorsqu’elle se trouve en position de danger, elle a besoin de miracles et alors sont rappelées ses fautes et ses actions pour déterminer si elle mérite un miracle ou non ».
Le moment de l’accouchement est une combinaison de Din (jugement) et de miséricorde.
D’un côté, la femme en couche et l’enfant se trouvent en position de danger et subissent l’accusation, et d’un autre côté, la clef de la vie repose entre les mains d’HaKadoch Baroukh Hou et Il déverse une abondance de miséricorde comme Il l’a fait pour la naissance du peuple d’Israël lors de sa sortie d’Égypte.
À ce moment, la femme en couche a besoin des prières de son mari et de sa famille. Sa situation particulière rend permises les prières et les Psaumes faits pour elle, même durant Chabbath comme cela est expliqué dans le Choul’han ‘Aroukh (Siman 278, alinéa 10). Et il est également écrit dans le Michna Broura (Siman 100, 25) : « Et prier pour celle qui peine pour enfanter est bien sûr permis, car elle est en danger ».
C’est la raison pour laquelle, lorsque la parturiente ne ressent pas le besoin d’être accompagnée, il convient que le mari l’épaule par l’entremise de sa prière. On pourra dire des Téhilim ainsi que d’autres prières imprimées concernant l’accouchement.
La femme en couche est comparée à la biche, car cette dernière souffre énormément à l’heure de la mise bas. Nos Sages, de mémoire bénie, disent (Zohar troisième partie, page 249) que lorsqu’elle met bas, la biche crie avec soixante-dix voix comme le nombre de mots du Mizmor « l’Éternel te répondra au jour de détresse », et tout de suite lui sera fait un miracle, comme il est dit dans la Guémara (Baba Batra 16b) : « La matrice de la biche est étroite. Lorsqu’elle met bas, Je lui commande un serpent qui la mord, la morsure provoque la dilatation de l’utérus et elle accouche ».
D’où la Ségoula (acte propice) de dire au moment de l’accouchement le Mizmor 22 des Téhilim « Au chef des chantres au sujet de la biche de l’aurore », et le Mizmor 20 « l’Éternel te répondra au jour de détresse ».
Le pouvoir de prière de la biche lui sert pour d’autres besoins. Nos Sages disent (Midrach Téhilim 22) : « La biche, lorsqu’elle a soif, creuse un trou, y entre ses cornes et brame. Et l’abîme fait remonter pour elle de l’eau, comme il est dit « comme une biche qui languit après les lits d’eau »… et lorsque les bêtes ont soif, elles se rassemblent autour d’elle (la biche), car elles savent que ses actes sont pieux, et pour qu’elle suspende ses yeux vers Le Très Haut, et que le Saint Béni soit-Il les prenne en pitié ».
La biche durant sa gestation et sa mise bas se trouve dans un danger de mort certain. Elle utilise cette difficulté pour prier et la puissance de sa prière lui est comptée pour lui permettre de sauver également ses congénères de leurs détresses.
Comme la biche, l’accouchée doit réveiller la miséricorde du Saint, Béni soit-Il, pas seulement pour elle-même, mais aussi sur les autres, de la même manière qu’au moment de la ‘Houpa (dais nuptial), elle prie aussi pour ses amies.
Les soixante-dix voix avec lesquelles la femme en couche crie vers Hachem durant l’accouchement transporteront avec elles les supplications et requêtes concernant ses autres enfants, son mari, ses parents, ses amies et tout le peuple d’Israël. Il est entre ses mains de sauver et de réveiller la miséricorde du Créateur !