Lorsqu’un individu souffre d’une plaie à la main, il ne lui viendrait pas à l’esprit, ne serait-ce qu’un court instant, de se débarrasser de sa main et de la remplacer, il en est de même pour quelqu’un qui boite…

Nous devons ainsi considérer n’importe quel défaut que l’on découvrirait chez l’autre.

Moché nous confie :

« Quand j’ai découvert que mon épouse était profondément désordonnée, j’ai passé une période difficile. On me connaissait comme un homme particulièrement rangé, que ce soit chez moi ou à la Yéchiva. J’ai toujours rêvé d’avoir un mystérieux jardin secret…parfaitement ordonné !

Au début, j’étais révolté. Je pensais avoir commis une terrible erreur. Je me triturais l’esprit pour tenter de la réparer !

A la naissance de notre fils aîné, D.ieu m’a ouvert les yeux.

Quelques heures après l’accouchement, ma femme et moi furent convoqués chez le pédiatre. Il nous annonça que notre petit bébé souffrait d’un défaut incurable.

« Il pourra vivre avec normalement, ce ne sera juste pas joli à voir ! » nous rassura le docteur.

J’ai contemplé ce petit être sans défense en songeant à ce qu’il allait endurer dans sa vie et je l’ai pris naturellement dans les bras, l’embrassant tendrement.

« Je t’aime comme tu es ! » lui murmurai-je au creux de ses petites oreilles, le visage ruisselant de larmes.

De retour à la maison, pensif, je me suis dit :

« Le désordre n’est-il pas comme l’imperfection de notre fils ? C’est un vrai défaut, personne ne le niera… Mais il est possible de l’aimer quand même… »

Depuis ce jour, ma vie s’est totalement métamorphosée !

 

Chaque individu a des qualités et des défauts : l’un est cupide, l’autre inflexible, l’un est nerveux, l’autre coléreux. Aucun être sur terre n’est parfait !

Chacun excuse ses propres défauts convaincu que : « c’est vrai, je suis paresseux, retardataire, désordonné…, mais je vais sûrement m’améliorer… »

On n’a pourtant jamais vu la main droite s’emporter contre la main gauche, même si elle est terriblement déçue !

L’individu doit envisager ainsi les faiblesses de son conjoint.

Il doit s’accommoder de ces lacunes, comme il le fait pour les siennes.

 

’Hanna et Avi furent présentés. Après plusieurs rencontres, Avi sent que c’est la femme qu’il a toujours cherchée. Il est envoûté par ses nombreux atouts, par les multiples talents dont D.ieu l’a dotée.

Mais ’Hanna souffre d’un strabisme ostentatoire qui dérange Avi. Le problème est soumis au « Chadkhan » (leur médiateur), qui en parle avec la famille de ’Hanna. Celle-ci promet de programmer une opération après le mariage.

Avi est apaisé : s’il est possible d’arranger ce défaut, il est prêt à l’épouser.

’Hanna fixe un rendez-vous, mais la liste d’attente est longue. Lorsqu’arrive son tour, il s’avère qu’elle ne peut pas se faire opérer car elle attend un heureux événement.

Ils repoussent donc la date de l’opération.

Une année s’écoule, ’Hanna a repris des forces et se dépêche de fixer un rendez-vous. Mais, de nouveau, pour la même raison, elle ne peut pas passer aux actes…

Le temps passe, les grossesses se succèdent, remplissant de bonheur la jolie maison d’Avi et de ’Hanna. De jour en jour, ils découvrent à quel point ils sont faits l’un pour l’autre.

Lorsque leur dernier est âgé de sept ans, ’Hanna se souvint de son vieil engagement.

-      « Je te dois une opération ! » dit ’Hanna à son époux d’un air taquin.

-      « Tu sais, tu n’en as pas besoin. Je t’aime vraiment comme tu es ! » lui rétorque Avi.

Dans son ouvrage « Zakhou », le Rav Diamand constate que les difficultés de la vie matrimoniale proviennent d’une même source. Les conjoints ont du mal à tolérer les carences de leurs époux, car il faut avoir de nombreuses qualités et faire preuve de beaucoup de patience pour cela !