Il est dit du Roi David qu’il a "construit un empire de Téchouva". La faute de David avec Batchéva est destinée à enseigner le principe de la Téchouva : l’homme comprend ainsi qu’il est possible de se repentir dans chaque situation.

Le Rambam écrit dans les Hilkhot Téchouva : « Ne t’imagine pas qu’un homme qui a fait Téchouva est éloigné du niveau des Tsadikim, en raison des fautes et péchés qu’il a commis. Ce n’est pas le cas, il est aimé et apprécié du Créateur, comme s’il n’avait jamais fauté. De plus, son salaire est élevé, car il a goûté à la faute, s’en est détaché et a conquis son mauvais penchant. Nos Sages ont dit : les Tsadikim parfaits ne peuvent se tenir à l’endroit où se tiennent les Ba’alé Téchouva. À savoir : leur niveau est plus élevé que celui de ceux qui n’ont jamais fauté, car ils maîtrisent davantage leur penchant. »

Examinons quatre histoires, source d’inspiration, extraites du Midrach et du Talmud, sur des Juifs ayant effectué des changements drastiques dans leur vie, qui ont regretté leurs actes négatifs et ont mérité d’accéder à un niveau élevé, auquel des Tsadikim parfaits ne sont pas parvenus.


Rèch Lakich

L’un des Ba’alé Téchouva les plus célèbres dans le Talmud est l’Amora Rèch Lakich, qui est devenu l’élève puis l’ami de Rabbi Yo’hanan. Rech Lakich était au départ le chef d’un groupe de brigands, et grâce à l’influence de Rabbi Yo’hanan, qui lui a même présenté sa sœur en mariage, il a fait Téchouva et est devenu un Talmid ‘Hakham.
 

Yakoum Ich Tsrorot

Un autre Ba’al Téchouva célèbre est Yakoum Ich Tsrorot. Lorsque l’oncle de Yakoum, Rabbi Yossi ben Yoézer, l’un des présidents du Sanhédrin, fut conduit à la potence pour être exécuté, Yakoum se moqua de son oncle. Rabbi Yossi ne s’en étonna pas et lui répondit : si un homme tel que lui, qui transgresse les commandements du Créateur, reçoit un tel honneur, à plus forte raison ceux qui accomplissent la volonté du Créateur recevront un salaire bien plus élevé.

Yakoum poursuivit en prétendant que Rabbi Yossi était celui qui accomplissait les Mitsvot du Créateur mieux que tout le monde, et malgré tout, il était conduit à la mort. Comment était-ce possible ? Et Rabbi Yossi de répondre : "Si moi, qui ai accompli les Mitsvot du Maître du monde, j’ai droit à une telle punition, ceux qui transgressent la volonté du Créateur seront sanctionnés bien plus sévèrement".

Ces paroles transpercèrent le cœur de Yakoum, qui décida de se punir pour ses fautes, par les quatre formes de mort fixées dans la Torah pour diverses sortes de fautes : la lapidation, le feu, l’épée et la strangulation. Il fixa une planche de bois avec une corde à l’extrémité, et en-dessous, il prépara un bûcher qu’il entoura de pierres. Sous la potence improvisée, il plaça une épée dirigée vers le haut. Puis Yakoum alluma le feu et se pendit à la potence. Lorsque le feu atteignit la corde, celle-ci se brisa et Yakoum tomba sur l’épée, fut poignardé et brûlé, puis les pierres tombèrent sur lui, le lapidant.

Rabbi Yossi vit en prophétie la mort de Yakoum et s’exclama : "Regardez, en peu de temps, il m’a devancé et est arrivé au Gan Eden !"
 

Yossef Méchita

Yossef Méchita était un Juif ayant vécu à l’époque de la destruction du Deuxième Temple, mentionné dans le Midrach Beréchit Rabba. D’après ce récit, lorsque les Romains pénétrèrent dans le Temple, ils voulurent qu’un Juif entre en premier pour commencer l’œuvre de déshonneur. Ils appelèrent à cet effet Yossef Méchita et lui promirent comme récompense tout ustensile de son choix. Yossef Méchita y pénétra et ressortit avec la Ménora en or. Lorsqu’ils virent ce qu’il avait choisi, ils lui dirent : "Un profane ne peut s’en servir, entre à nouveau et choisis un autre objet". Yossef Méchita refusa. D’après Rabbi Pin’has mentionné dans ce passage, les ennemis d’Israël lui proposèrent de recevoir à la place de la Ménora, de l’argent de trois ans de perception de taxes, mais il persista dans son refus. Apparemment, l’expérience d’avoir sorti la Ménora et la nécessité de la transmettre aux Romains lui avait fait changer d’avis. Il dit : "Ne suffit-il pas que j’ai courroucé D.ieu une fois, faut-il que je L’irrite une seconde fois ?!"

Les ennemis d’Israël considérèrent ce refus avec gravité et le condamnèrent à mort en lui faisant subir d’atroces douleurs : on le plaçait sur un âne et on le coupait avec une scie. Il hurlait : "Malheur à moi d’avoir mis mon Créateur en colère."
 

Rabbi Éléazar ben Dordia

Rabbi Eléazar ben Dordia a vécu à l’époque du Second Temple, c’était un Racha’, et vers la fin de ses jours, il se repentit.

Avant de se repentir, Eléazar ben Dordia avait commis pendant toute sa vie de graves fautes. On disait de lui qu’il avait exploité toutes les opportunités pour se livrer à la débauche. Une fois, il entendit que, même s’il se repentait, on n’accepterait pas son repentir dans le Ciel, tant ses fautes étaient graves.

Cette situation dramatique troubla Rabbi Eléazar, et il s’isola entre les montagnes et les collines et s’adressa à elles pour qu’elles implorent la compassion en sa faveur. Il poursuivit et s’adressa au ciel, à la terre, et aux corps célestes pour qu’ils intercèdent en sa faveur. Enfin, il comprit que seul lui-même pouvait implorer la miséricorde pour lui.

Rabbi Eléazar se mit la tête entre les mains et éclata en sanglots, tout en regrettant profondément ses actes pervers. Rabbi Eléazar pleura à chaudes larmes jusqu’à ce que son âme sorte de son corps.

Une voix céleste proclama du Ciel : "Rabbi Eléazar ben Dordia est invité dans le monde futur".
 

Espoir !

Les histoires sur ces Ba’alé Téchouva sont mentionnées dans le Talmud et servent d’exemple sur la manière dont l’homme peut modifier son destin, même un instant avant la mort, et faire pencher la balance du bon côté. Elles illustrent également le fait que la Téchouva de tout homme est acceptée, même celle d’un grand Racha’. On ne lui rappelle pas ses fautes passées, mais il est considéré au contraire comme un Tsadik.