Question d'une internaute : J’ai fait Téchouva il y a quelques années, et aujourd’hui, toute notre famille respecte le Chabbath (mon mari, mes enfants et moi). Je m’habille de façon Tsanou’a (pudique) et nous mangeons strictement Cachère. C’est très dur pour mes enfants qui sont adolescents de faire passer tous ces changements, car ils n’y voient que des restrictions. J’essaie de leur expliquer que ce sont des valeurs qui sont positives à notre famille, mais ils n’entendent pas le mot « valeurs », ils n’entendent que le mot « restrictions, restrictions, restrictions ». En ce moment, nous passons une crise assez difficile : je souhaiterais que mes filles changent leur garde-robe, tout comme je l’ai fait il y a quelques années… mais je fais face à un refus de leur part. J’essaye de leur dire que c’est mieux pour elle, mais elles ne m’écoutent pas. C’est dur pour moi de vivre cette situation.
Réponse de Mme Nathalie Seyman
Mazal Tov pour votre Téchouva. Une nouvelle vie a commencé, dans laquelle il va falloir que chacun trouve ses repères. Votre quotidien tourne à présent autour des lois de la Torah, et, au début, comme tout ce qui est nouveau, il faut un temps d’adaptation. En particulier avec les adolescents de la maison. Alors comment faire passer ces changements auprès d’eux ? Faut-il imposer ou les laisser choisir ?
La psychologie de l’adolescent
Tantôt rebelle qui veut s’affirmer, tantôt individu complexé qui cherche à se cacher, l’adolescent se trouve dans une période de transition de sa vie. Il ne se sent à sa place nulle part, et cherche en tâtonnant à définir sa personnalité propre. Alors, en attendant, il joue un rôle, que ce soit à l’école, avec ses amis, avec ses parents… Il veut paraître bien dans sa peau alors qu’une tempête éclate dans sa tête. Il veut rester un enfant, mais il a besoin de prendre son envol et s’affirmer auprès de ses parents et même, pouvons-nous dire, « contre » eux. L’adolescent vit dans l’instant présent, et son avenir ne l’intéresse pas encore. Dans sa quête d’autonomie, il a besoin de sentir qu’il dirige sa vie, que ses parents n’ont plus autant de pouvoir sur lui. Plus il veut prendre son envol, plus les attentes de ses parents s’éloignent de ses désirs propres. Il a, à son âge, intériorisé les restrictions et valeurs que vous lui avez imposées et transmises enfant, mais, aujourd’hui, face à de nouvelles règles, il ne les accepte plus et n’est attiré que par la facilité.
Face à votre Téchouva
Vos enfants ont certainement eu la sensation de subir votre choix et de n’avoir rien demandé. Ils ne comprennent pas ce changement de vie qui s’avère bien plus contraignant que ce qu’ils vivaient et ne peuvent pas réfléchir comme vous à toutes les profondes valeurs et satisfactions qu’ils obtiendront par la suite. Eux, réfléchissent à tout de suite. Et pour eux, tout de suite, il ne s’agit que d’obligations qui les agacent et les empêchent de se faire plaisir par l’immédiateté (être à la mode, sortir, regarder leur émission préférée le Chabbath, manger ce qu’ils veulent quand ils le veulent, etc).
Comment procéder ?
Face à un adolescent et dans votre cas, imposer n’est pas la bonne approche à adopter. Surtout qu’ils risquent au final d’associer les règles du judaïsme à la cause des conflits au sein de leur famille. Si votre Téchouva garde une connotation négative pour eux, ils ne voudront pas aller plus loin ou le feront à contrecœur avec pour risque que, devenus adultes, ils finissent par tout abandonner.
Pour un adolescent, une règle imposée sans discussion possible ressemble davantage à une camisole de force qui l’enferme plutôt qu’à une ceinture de sécurité qui le protège. Résultat : il risque d’enfreindre cette règle en secret. N’oubliez pas qu’il n’est plus un enfant à qui l’on peut dire : « C’est comme ça, tu dois m’écouter ! » Aujourd’hui, il a besoin de comprendre pour agir.
- Il est donc important de prendre le temps d’en discuter avec eux. Ne vous cachez pas. Expliquez-leur ce qui a motivé votre Téchouva, votre bien-être aujourd’hui en respectant le Chabbath et en vous habillant Tsni'out. Il faut qu’ils comprennent, au-delà de la règle, ce que cela vous apporte.
- Trouvez ensemble des compromis. Nous n’avançons pas au même rythme dans la Téchouva. Il en est de même au sein d’une famille. Vos enfants ont peut-être besoin de plus de temps. Par exemple, d’essayer d’être Tsni'out, pour commencer, un seul jour par semaine. Ou alors, commencer par juste mettre des jupes… En établissant ensemble des limites, vos enfants se sentiront plus concernés et peut-être finiront-ils par décider par eux-mêmes de leur envie d’évoluer.
- Le mode d’éducation le plus puissant est l’exemple. Ne déviez jamais de votre chemin, et c’est en vous voyant droite dans vos valeurs, sereine et épanouie que vos adolescents vous imiteront. Même si aujourd’hui vous avez l’impression d’échouer avec eux, vous retrouverez les effets de tous vos efforts dans l’avenir.
- Priez Hachem, lisez des Téhilim… La prière a une place très importante dans l’éducation de nos enfants. Il ne faut jamais négliger de demander à Hachem de nous donner le mérite de réussir à les diriger toujours dans le droit chemin.
Surtout n’oubliez pas de toujours garder le sourire. Nos Tsadikim nous disent que le chemin de la Téchouva est celui de la joie.
Beatsla'ha !