Mon histoire commence il y a 10 ans...
Notre première Bar-Mitsva, beaucoup d'émotions, de prières et d'espoir. Un bel événement, réellement émouvant. Mais en regardant l'album photos de ce grand jour, je peux déjà déceler dans le regard de mon fils une certaine tristesse. Comme s'il était perdu, qu'il cherchait quelque chose. Les années passent et sa recherche s'accentue. Elle va s'exprimer par l'abandon de la Yéchiva, du chapeau et du costume. Progressivement, il cherchera apparemment à affirmer quelque chose. Il veut faire ses propres choix ; le monde dans lequel il a grandi et évolué ne lui correspond plus.
Et puis, il y a l'appel de la rue. De nouveaux amis, eux aussi, en recherche de quelque chose à priori difficilement définissable. De la liberté ? Du plaisir ? Ou plutôt les preuves d'un amour inconditionnel ? C'est alors que de nouveaux problèmes nous assaillent. Une arrestation, la nuit passée au poste de police, endroit encore totalement inconnu pour moi et tellement étranger. Perquisition, drogue, apparence de délinquant, crâne rasé, boucle d'oreilles. Et puis je me vois admettre un bulldog dans mon jardin ; je passe mes nuits à trembler d'inquiétude au rythme des vrombissements de motos.
Mon mari et moi ne savons comment réagir. Mon mari se renferme et coupe les ponts avec lui. Nous ne sommes pas prêts à ce genre d'épreuves. D'ailleurs personne ne l'est, je pense. L'anxiété, la déception et l'appréhension se mêlent.
Moi, je prends la route des Tsadikim. Pèleriner, prier, c'est là-bas que je m'évade et y trouve ma ville de refuge. Combien de larmes ai-je versées ?
Un beau jour, quelques semaines avant Roch Hachana, mon fils m'annonce qu'il veut passer la fête à Ouman, en Ukraine, chez Rabbi Na'hman de Breslev. Je me doute que ce qui l'attire là-bas, c'est l'ambiance joyeuse, les copains et voyager seul. Mais, je comprends aussi que je ne dois pas lui refuser ce voyage. Ma Émouna (foi) dans la puissance des pèlerinages ainsi que le sentiment qu'il fera ce qu'il voudra m'amènent à le laisser partir. Ce voyage laissera en lui une empreinte encore invisible à l'œil nu. Mais bien présente.
Les années passent et voilà que mon fils doit être enrôlé. Il nous annonce qu'il veut rentrer dans Nétsa'h Yéhouda, la section de l'armée des religieux. Malheureusement, il n'y est pas accepté. Il n'a vraiment pas l'air religieux... Je le vois sortir de la maison et revenir après plusieurs heures. Il m'annonce : "Maman j'ai prié et j'ai été reçu à Nétsa'h Yéhouda !"
Le choc. Prier… il a prié… Combien d'années n'a-t-il pas prié ? Ou peut-être ne l'ai je pas vu prier ?
Et il rentre à l'armée. Nous ne le voyons que très peu mais à chacune de ses visites, nous décelons un nouveau changement. La boucle d'oreilles a disparu. Il est plus calme. Il lit, étudie, parle de Torah avec ses amis. Ces amis, je les ai haïs. Je les considérais comme responsables de sa "chute". Jusqu'à ce que je réalise combien ces jeunes étaient perdus. De combien d'amour ils avaient besoin. Mon regard sur eux a changé. Subitement je ne voyais plus leur apparence extérieure mais leur Néchama (âme). Et celle-ci brillait de tous feux.
Baroukh Hachem, mon fils est revenu. Il a fondé une belle famille. Il aime Hachem et s'efforce de faire Sa volonté. Son parcours m'a fait grandir. Il m'a rapproché de D.ieu comme rien d'autre je crois. Cette semaine, mes enfants m'ont organisé un anniversaire surprise. J'ai été très émue. Mais Hachem m'a réservé ce soir-là un plus grand cadeau. Mon fils a sorti d'un sac, un téléphone portable Nokia. Il m'a annoncé qu'il ne voulait plus de son smartphone. Et moi de paniquer, mais comment vais-je te joindre sans WhatsApp ?
Et à ce moment, je compris combien Hachem gardait précieusement nos Téfilot (prières).
Lorsqu'à 15 ans, il a acheté son smartphone, j'ai ressenti que le ciel m'était tombé sur la tête. Oui, dans le monde orthodoxe dans lequel nous vivions il y a 10 ans, un smartphone était considéré comme extrêmement dangereux. La porte de tous les vices. Aujourd'hui, on s'en méfie moins... malheureusement.
À toutes les mamans qui traversent cette épreuve, je voudrais partager avec vous 3 conseils essentiels à mes yeux : aimez vos enfants, croyez en eux et priez pour eux ! Le reste, c'est leur Père dans le ciel qui s'en occupe...
Témoignage anonyme reçu