Le Sifri (Dévarim 343) relaie le Midrach suivant : « Avant que D.ieu ne vienne au mont Sinaï pour donner la Torah à Son peuple, Il s'est approché des nations du monde, une à une, et leur a offert la Torah. Il s'est d'abord approché des nations d'Essav. Les descendants d'Essav ont répondu en demandant à D.ieu ce qui était écrit dans la Torah. D.ieu leur a répondu que la Torah déclarait : "Tu ne tueras pas". Les nations d'Essav ont alors répondu : "Nous ne pouvons accepter la Torah. Essav, notre ancêtre, était un tueur et a même été béni par son père Its’hak qu'il vive par son épée. Nous sommes également des meurtriers et nous ne pouvons accepter une Torah qui interdit le meurtre."
D.ieu est ensuite allé vers les nations d'Amon et de Moab. Il leur a demandé si peut-être ils voulaient la Torah. Ils ont également répondu, en demandant ce que disait la Torah. D.ieu a répondu "Vous n'aurez pas de relations interdites." Ils ont répondu que la Torah n'était pas pour eux. L'arbre généalogique d'Amon et Moab était enraciné dans des relations interdites. Leur ancêtre, Loth, avait eu des relations incestueuses avec ses filles, et d'un début si honteux, Amon et Moab étaient nés.
D.ieu s'est approché de Ismaël et lui a demandé s'il était intéressé à accepter la Torah. Ismaël a demandé : "Que dit la Torah ?". D.ieu répondit que la Torah disait : "Ne vole pas." Les Ismaélites ont répondu à D.ieu que leur ancêtre, Ismaël, était en fait un voleur de métier : il était assis en attendant dans le désert et volait les passants. Le Midrach raconte qu'il n'y avait pas de nation au monde à la porte de laquelle D.ieu n'avait pas "frappé" pour voir si elle était prête à accepter la Torah. Enfin, D.ieu s'est approché des enfants d’Israël. Ces derniers n'ont pas demandé ce que la Torah avait à offrir. Au lieu de cela, ils ont proclamé : "Nous ferons, et nous écouterons." Ils avaient confiance dans le fait que si D.ieu leur demandait de faire quelque chose, alors c’était possible de le faire. »
Ce Sifri est ahurissant. Si nous l'examinons attentivement, nous remarquons que D.ieu s'est approché des nations avec les cinq derniers des dix commandements, ceux qui concernent un homme et son prochain. Cependant, lors du don effectif de la Torah, D.ieu a présenté les cinq premiers commandements, qui sont les Mitsvot entre l'homme et D.ieu. Ce n'est qu'après nous avoir informés des cinq premiers commandements que D.ieu a mentionné les commandements entre l'homme et son prochain.
(C'est peut-être la raison pour laquelle la plupart des nations du monde écrivent de gauche à droite, et que les Juifs écrivent de droite à gauche. Les Juifs se sont vu offrir les Tables de la Loi de droite à gauche, tandis que pour les nations du monde elles leur étaient offertes de gauche à droite.)
Pourquoi D.ieu a-t-Il approché les nations du monde avec des Mitsvot différentes de celles qu'il a présentées aux enfants d’Israël ?
Autre question : pourquoi les nations du monde ont-elles refusé la Torah au motif qu'elles ne voulait pas volaient ou tuer ? Les nations du monde n’ont-elles pas de système judiciaire où le meurtre et le vol sont interdits ? Si oui, pourquoi ont-elles refusé la Torah ?
Et une troisième question. Pourquoi D.ieu a-t-Il approché chacune des nations du monde avec son point faible ?
D.ieu s'est approché des descendants d'Essav et leur a dit de ne pas tuer ; Ismaël, et lui a dit de ne pas voler, et Amon et Moab, et leur a dit de ne pas s'engager dans des relations interdites. C'étaient leurs points faibles. Quel type de jeu est-ce ? Si D.ieu ne voulait pas leur donner la Torah, alors pourquoi leur a-t-Il proposé ?
Rav Moché Feinstein explique que bien que les nations du monde aient des systèmes judiciaires qui interdisent et sanctionnent le meurtre et le vol, la raison derrière ces lois est la protection des autres citoyens, et non pas parce que l'acte en soi est contraire à leur éthique. Les nations du monde à l'époque n'étaient pas disposées à interdire le meurtre comme quelque chose qui mérite une punition en soi, car elles estimaient qu'en substance, elles-mêmes étaient en fait des nations meurtrières, et ne pouvait donc être tenues responsables de leurs actes. La raison pour laquelle le meurtrier est exécuté n'est pas à cause de la valeur absolue de la vie humaine ; dans les lois des nations, ce n'est que pour la sécurité du public.
D.ieu a approché les nations et leur a dit que la Torah avait des lois qu'ils avaient eux-mêmes interdites. Si j'interdis quelque chose, alors ce doit être qu'il est possible de se contrôler et de ne pas tuer ou voler. D.ieu voulait que les nations entendent que la Torah interdit ce qu’elle juge possible de surmonter. D.ieu voulait également préciser qu'une personne est responsable d'actes tels que le meurtre, le vol ou les relations interdites, malgré le type de famille dont elle est originaire.
Les enfants d’Israël, en revanche, étaient prêts à accepter sans demander. Ils savaient que si la Torah interdisait quelque chose, il était possible de s'abstenir de le faire - que nous sommes responsables d'obéir à la loi. Ils croyaient en D.ieu, et donc D.ieu les a approchés en premier avec les Mitsvot de la foi (Émouna), les cinq premiers commandements, sachant que c'est la base pour garder les cinq derniers.
Nous n'abordons pas les Mitsvot de la Torah d'un point de vue logique. Nous approchons les Mitsvot sous un angle religieux. Pour nous, ces derniers commandements viennent après les premiers, spécifiquement pour nous rappeler que la raison sous-jacente des Mitsvot qui sont logiques n’est pas la logique, mais la foi.
On posa à un Admour la question suivante : tous les livres du monde ont une introduction. Quelle est donc l'introduction de la Torah ?
Le Rabbi répondit que l'introduction à la Torah est le Dérekh Erets, l’éthique. "Dérekh Erets Kadma Latorah". Ces mots signifient qu'un Juif doit s'assurer qu'il est un homme de bien et de décence avant de devenir un homme de Torah.
On nous apprend que sans la Torah, le monde ne peut exister. Comment, alors, le monde existait-il avant que la Torah ne soit donnée ? La réponse est que la Torah qui a maintenu le monde avant qu'elle ne soit donnée était le Dérekh Erets. Ce Dérekh Erets a soutenu le monde. C'était la Torah de l'époque. Après le don de la Torah, les choses ont changé. Nous devons maintenant observer les enseignements de la Torah comme un mode de vie, et pas seulement parce que c'est quelque chose qui semble juste. C'est la voie de la Torah. L'éthique fondée sur le bon sens comprend l'introduction de la Torah. Ensuite, la Torah nous dit que ces choses ne sont pas seulement de l'éthique. Nous devons vivre selon elles et comprendre que D.ieu, dans Sa sagesse, a donné une signification beaucoup plus profonde à la raison pour laquelle la voie éthique est bonne. La Torah veut que nous subordonnions notre intellect à ses enseignements. Nous observons les Mitsvot par dévotion et non par seule logique. Que D.ieu nous aide à cheminer dans ses voies avec intégrité.