Certaines communautés juives de France ont pris l’habitude chaque année pour les fêtes de Chavou’ot de retrouver parmi elles le Rav Its’hak Ezra’hi, Roch Yéchivat Mir à Jérusalem. Cela fait plus de 50 ans que ce grand Rav quitte sa famille et ses élèves afin de dispenser des cours tout au long de la fête à l’étranger. Il est certain que sa venue est énormément appréciée par le public qui assiste et boit avidement ses paroles, mais on ne peut s’empêcher de se poser la question des raisons qui le motivent à s’éloigner de ses proches juste au moment des fêtes.
Dernièrement, le Rav Ezra’hi a accordé une interview à Torah-Box et à cette occasion, il nous en a révélé le secret. En fait, en dehors de ses occupations quotidiennes consistant à enseigner la Torah dans le cadre de sa Yéchiva, le Rav est aussi actif dans la Mitsva de rapprocher ses frères du Judaïsme. Il s’investit à la fois en Israël, participant à des forums de Téchouva et sillonnant continuellement le pays afin de diffuser le Judaïsme, tout comme en dehors d’Israël. Il va particulièrement s’intéresser aux Juifs de France dont il nous vantera les qualités, considérant le groupe d’étudiants francophones à Mir comme le plus performant !
Mais c’est à la suite de son expérience de diffusion du Judaïsme que le Rav va arriver à certaines conclusions qui s’imposent. En effet, lorsqu’il y a plusieurs décennies, le Rav s’adressait aux fidèles dans les synagogues françaises, il réalisa qu’il ne parvenait pas à capter l’attention de son public autant qu’il l’aurait souhaité. En revanche, le jour de la fête de Chavou’ot, étonnamment, tout ce qu’il disait faisait écho dans le cœur de ses auditeurs, le public étant à ce moment réceptif. “Ce phénomène ne tient pas du miracle”, nous a expliqué avec simplicité le Rav Ezra’hi, “et trouve sa source dans nos écrits saints : dans le chapitre 40 des Téhilim (versets 7-8, cf. commentaire de Rachi), il est écrit que le jour marquant la réception de la Torah, ‘Hag Chavou’ot, D.ieu fait en sorte si l’on peut dire que les oreilles de chaque Juif s’ouvrent pour écouter Sa voix.”
Selon la Tradition, chaque fête ne vient pas uniquement marquer la commémoration d’un événement qui s’est déroulé dans le passé à cette date, mais elle représente la possibilité de vivre intérieurement l’événement spécifique de ce jour tel qu’il s’est déroulé à l’époque biblique. L’année se déroule comme une spirale et revient régulièrement sur elle-même de manière cyclique, avec tout l’impact des jours dont elle est marquée. Ainsi, de même que le jour du don de la Torah, les Hébreux écoutèrent les Commandements de la bouche de D.ieu et les intégrèrent, nous aussi possédons en ce jour la faculté d’entendre et d’accepter la volonté divine.
L’investissement du Rav Ezra’hi durant la fête va porter ses fruits : ce n’est pas seulement auprès de ses auditeurs qu’il va créer un éveil bénéfique, mais ceux-ci voudront plus tard que leurs propres enfants acquièrent un solide bagage de Torah et les enverront dans les Yéchivot et séminaires en Israël. Ces enfants, à leur tour, participeront plus tard au refleurissement du Judaïsme francophone. Qu’est-ce qui est à l’origine de tels bouleversements dans le paysage juif français ? La Messirout Néfech (don de soi) du Rav - et de sa famille -, quittant son cocon pendant les fêtes de Chavou’ot pour essayer d’ouvrir le cœur des Juifs français à la Torah.
On peut appliquer au Rav Its’hak Ezra’hi ce que disaient nos Sages du Talmud à propos de Rabbi ‘Hiya (Baba Métsi’a 86b) : “Grandes sont ses actions” (ce dernier avait agit à son époque avec Messirout Néfech afin que la Torah ne s’oublie pas, établissant le socle permettant le renouveau du Judaïsme).
‘Hag Saméa’h, avec le souhait qu’en ce jour, nos cœurs s’ouvrent pour la Torah !